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Publié le 13 Novembre 2025

Deux ans après la grande marche « Pour la République, contre l’antisémitisme », le Crif a reçu Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher

Deux ans après la grande marche du 12 novembre 2023 « Pour la République, contre l’antisémitisme », le Crif a organisé une soirée-débat réunissant personnalités politiques et intellectuelles autour d’un même engagement : défendre la République face à l'antisémitisme. Le président du Sénat, Gérard Larcher, et la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, sont intervenus pour rappeler l’importance de la mobilisation citoyenne contre l’antisémitisme, dresser un bilan des actions menées depuis la marche et insister sur le rôle des institutions dans la prévention et la sanction de ces actes.

Crédits photo : ©Leah Marciano

 

Des centaines de personnes dont des personnalités publiques étaient présentes à cette soirée de débats et d’échanges. Parmi elles, Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, Gérard Larcher, président du Sénat, Loïc Hervé vice-président du Sénat, Richard Malka, avocat, Franz-Olivier Giesbert, écrivain et éditorialiste, Pierre-Francois Veil, président de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, Mathias Ott, président de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH), Constance Le Grip, députée de la 6ᵉ circonscription des Hauts‑de‑Seine (92), Martin Ajdari, président de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM), Francis Kalifat et Roger Cukiermann, tous deux anciens présidents du Crif.

La soirée s’est ouverte par un discours de Yonathan Arfi, président du Crif, qui a exprimé sa gratitude envers Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet pour leur engagement constant, soulignant que : « Le combat contre l’antisémitisme n’est pas une lutte pour les Juifs, mais pour la République elle-même. »

 

Le regard des Français sur l’antisémitisme

La soirée s’est poursuivie avec la présentation de la nouvelle étude Ipsos Bva, intitulée « Le regard des Français sur l’antisémitisme  », par Adélaïde Zulfikarpasic, directrice générale adjointe d’Ipsos Bva. 

L’enquête met en lumière les perceptions de l’antisémitisme en France et montre que celles-ci varient selon l’âge, la catégorie socio-professionnelle et l’appartenance politique des répondants. Les résultats indiquent que, globalement, la population prend conscience de la persistance de préjugés et de discours antisémites. 

Toutefois, certaines réponses préoccupantes apparaissent plus nettement au sein de certains segments, notamment chez les adhérents de l’extrême gauche, et plus spécifiquement de La France insoumise, où les réponses reflètent des attitudes et des opinions plus critiques vis-à-vis de la communauté juive et/ou de l’État d’Israël.

 

Débat et échanges avec Richard Malka et Franz-Olivier Giesbert

Un débat consacré à l’évolution de l’antisémitisme en France depuis la marche du 12 novembre 2023 a réuni Maître Richard Malka et Franz-Olivier Giesbert. La discussion, animée par Stéphane Bou, rédacteur en chef de La Revue K, a porté sur la persistance de l’antisémitisme, sa banalisation et sa progression chez les jeunes collégiens et lycéens.

En introduction, une vidéo réalisée par Léon Le Média a été diffusée, donnant la parole à des élèves sur leur perception de l’antisémitisme et de l’antisionisme, ainsi que sur les « blagues » et clichés antisémites entendus à l’école.

Franz-Olivier Giesbert a constaté une montée de l’antisémitisme chez les jeunes et a pointé une certaine ignorance historique chez cette génération. Il a également évoqué les incidents survenus à la Philharmonie de Paris, les qualifiant de comportements comparables à ceux observés sous le nazisme : le fait de vouloir interrompre, effacer, empêcher tout en utilisant la violence et la haine. 

Richard Malka a souligné la réapparition de l’antisémitisme comme phénomène visible chez les jeunes : « Avant, l’antisémitisme était honteux. Aujourd’hui, il est devenu vertueux. »

Il a précisé que l’antisémitisme touche tous les partis politiques et toutes les religions et qu’il nécessite une réponse pédagogique et institutionnelle, incluant la sensibilisation, la communication et l’éducation : « La République et la justice agissent contre ce fléau. Il y a de l’espoir, y compris chez les partis de gauche. Il ne faut rien lâcher. »

Les deux intervenants ont insisté sur la nécessité de prévenir la banalisation de l’antisémitisme chez les jeunes et de continuer à renforcer la vigilance et les actions éducatives pour que ce phénomène redevienne socialement inacceptable.

 

Intervention de Yaël Braun-Pivet 

La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, est revenue sur la marche du 12 novembre 2023 contre l’antisémitisme, rappelant son importance : « Ce n’était pas qu’une simple marche, c’était une rencontre avec le peuple français. »

Elle a souligné que cette mobilisation avait montré que la France n’est pas antisémite et qu’elle reste un engagement quotidien : « Cette marche n’était pas un engagement d’un jour, mais un engagement de tous les jours. »

Yaël Braun-Pivet a évoqué la loi du 31 juillet 2025, qui renforce la lutte contre l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur en systématisant la prévention, les signalements et les sanctions, tout en rappelant que l’adoption de lois doit s’accompagner de leur application rigoureuse pour sanctionner les auteurs d’actes antisémites.

Elle a alerté sur la désinformation et la haine en ligne, notant que sur le TikTok français plus d’un quart des publications sur la Shoah nient ou déforment l’histoire. Elle a rappelé que 46 % des 16-24 ans déclarent n’avoir jamais entendu parler de la Shoah et que 60 % ignorent la rafle du Vel d’Hiv. Elle a alors exprimé son souhait que chaque élève puisse, au cours de sa scolarité, se rendre sur un lieu de mémoire de la Shoah.

Enfin, elle a rappelé l’importance de poursuivre les engagements républicains et la vigilance contre toutes les formes de haine, en évoquant la marche pour la paix au Proche-Orient comme un autre symbole à saluer aujourd’hui.

 

Allocution de Gérard Larcher

Le président du Sénat, Gérard Larcher, a pris la parole à son tour, saluant d’abord la libération de l’écrivain Boualem Sansal ce 12 novembre 2025 alors qu’il était emprisonné en Algérie depuis 2024, symbole de la liberté d’expression. 

Il est revenu sur la recrudescence des actes antisémites, et a rappelé que l’été 2025 avait été qualifié « d’été de cristal » pour les Juifs, en référence à l’ampleur et au grand nombre d’agressions recensées à cette période.
Rappelant que des enseignants s’autocensurent désormais pour évoquer la Shoah, il a insisté sur la responsabilité de l’éducation : « Un enseignant sur deux en France n’est plus en situation d’enseigner de manière apaisée la Shoah. »

Gérard Larcher a affirmé avec force : « L’antisémitisme est un terrorisme en action, comme le terrorisme procède d’un antisémitisme revendiqué. »

Enfin, il a assuré les représentants d’institutions juives de la fermeté de la République face à l’antisémitisme et a appelé à une mobilisation continue de l’ensemble des acteurs de la République. Il a précisé que la lutte contre la haine antisémite doit passer par la prévention, la sanction des auteurs d’agressions et la promotion de l’éducation à la mémoire.

 

La soirée s’est conclue par un dernier mot de Yonathan Arfi, qui a remercié chaleureusement Gérard Larcher, Yaël Braun-Pivet, les invités et le public pour leur présence et leur engagement constant : « Le combat pour la République et contre l’antisémitisme continue. »

 

Retrouvez les extraits des différentes interventions :

 

Vous pouvez revivre cette soirée en images.