Discours d’Éliane Klein, déléguée du Crif région Centre à l’occasion de la Journée nationale à la mémoire des victimes de crimes racistes et antisémites de l’État français et d’hommage aux Justes

21 Juillet 2025 | 109 vue(s)
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Actualité
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Droit de réponse
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19 Juin 2015
Catégorie : Actualité

Hier Joel Amar nous a fait part de son analyse de la tribune d'A.B Yehoshua publiée dans Libération le 17 Juin dernier " Du bon usage du Boycott d'Israel".

Aujourd'hui, nous publions le " Droit de réponse " d' Alain Rozenkier, Président de " La Paix Maintenant"

Joel Amar analyse la tribune de l'écrivain A.B Yehoshua publiée hier dans Libération : " Du bon usage du Boycott d'Israel" 
Paru sur mediapicking.com

Viralité des messages, impunité des auteurs, Marc Knobel a choisi de faire le constat de la haine sur internet et de la responsabilité des réseaux sociaux.

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Retour sur les lieux du Crime
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29 Avril 2015
Catégorie : Actualité

« Ne pas témoigner serait trahir», Pierre Laurent, journaliste, a participé à la commémoration du soulèvement du ghetto de Varsovie le 19 avril dernier. Article publié dans l'Est Républicain.

 

"Ce qui m'effraie, ce n'est pas l'oppression des méchants, c'est l'indifférence des bons" (Martin Luther King)

Tribune de marc Knobel publié dans le Huffinghton Post 

Des centaines de tombes ont été profanées au cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin), dimanche 15 février 2015, a annoncé le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, dans un communiqué de presse

Le Hors-série de L'Express numéro 28, "Regards sur l'Histoire" consacré aux Juifs de France a mis en émoi une partie de la communauté juive, François Heilbronn, professeur des universités associé à Sciences-Po Paris et Président des Amis français de l'université de Tel-Aviv lui a adressé deux lettres ouvertes publiées dans l'Arche.
 

 

 

Retour sur les événements qui sont intervenus en juillet 2014 et les manifestations propalestiniennes qui ont dégénéré.

Est-il pertinent de mettre en parallèle “antisémitisme” et “islamophobie”?
Non, cinq fois non:  Ni sémantiquement , ni historiquement,  ni sociologiquement, ni politiquement et encore moins juridiquement, ces deux termes et les deux concepts qu’ils sous-tendent, ne sont de même nature. Il serait non seulement faux, mais aussi dangereux pour tous, de les mettre en regard sur un même plan.

L'antisémitisme : les causes d'un Mal qui s'aggrave.

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

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Dimanche 20 juillet 2025, à Orléans, Éliane Klein, déléguée du Crif région Centre s’est exprimée à l’occasion de Journée nationale à la mémoire des victimes de crimes racistes et antisémites de l’État français et d’hommage aux Justes.

 

Orléans, le 20 juillet 2025,

Dédié aux otages israéliens et aux otages français Boualem Sansal, Christophe Gleizes (en Algérie), Cécile Kohler, Jacques Paris et Lennart Monterlos (en Iran), tous otages de « la plus atroce barbarie » (Marc Bloch), et dédié aux Justes qui ont incarné l'honneur de notre pays, grâce auxquels je suis ici aujourd'hui.

Mes paroles font écho à la phrase de Simone Veil, dans son discours aux Nations Unies, le 29 janvier 2007 : « Je souhaite solennellement vous redire que la Shoah est "notre " mémoire et "votre" héritage" », complétées par cette phrase du Talmud : « Seule une mémoire vivante tient l'homme en état de parole » (Leçons de la Shoah, p. 12, Gérard Rabinovitch).

Cela commence comme un conte de fées : « il était une fois » .., mais c'est l'extrême inverse : « l'enfer » !

Il y avait, il y a 84 ans, trois camps dits « d'internement », Beaune-la-Rolande, Pithiviers et Jargeau où 1 720 personnes tziganes y furent détenues, de 1941 à 1945 dans des conditions très difficiles, évoquées par Monsieur André Sauzer.

Camps de Beaune-la-Rolande et Pithiviers gérés par la préfecture d'Orléans, surveillés par les gendarmes et douaniers français, une « étape » dans la tragédie vécue par les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale : trois rafles le14 mai 1941, dite du « billet vert », rafle massive de Juifs étrangers, suivie de deux autres rafles de Juifs français pour la plupart, en août et décembre 1941…

Puis ce fut la grande rafle dite du « Vél d'Hiv », les 16 et 17 juillet 1942, plus de 11 000 hommes, femmes et enfants juifs furent brutalement arrêtés par la police française, aucun soldat allemand, aucun policier SS n'y prirent part. Certains Juifs envoyés à Drancy.

La majorité enfermée dans le Vél d'hiv dans un enfer de bruit, de chaleur, d'hallucinante angoisse... La plupart d'entre eux transportés vers les camps du Loiret puis, après la dramatique séparation des mères d'avec leurs enfants – même des bébés, fin juillet et début août 1942, – tous envoyés à Auschwitz pour y être assassinés.

L'arrière-plan administratif de ces actes « irréparables » (Jacques Chirac) émanait de la politique du Régime de Vichy, soumis à Hitler et complice zélé du projet mortifère nazi, prenant sa revanche sur la démocratie : multiples lois, décrets, actes signant la persécution des Juifs étrangers et français. Exclusions sociales, expropriations, spoliations, dénaturalisations, marquages, rafles, internement et transport vers le camp de la mort, Auschwitz -Birkenau. Sans oublier le rôle criminel des membres de la Haute Fonction Publique dans l'organisation des rafles et autres crimes, puis de la Milice (1943), auxiliaire de la Gestapo, « bras armé de la collaboration française », dans la traque, les tortures, les exécutions sommaires.

 

Je voudrais revenir, à cet instant, sur l'horreur du génocide programmé (pléonasme) du peuple juif, inscrit dans « l'histoire d'une culture européenne qui a fantasmé – puis légiféré – la destruction d'une partie de l'espèce humaine pendant des siècles » (Georges Bensoussan, L'histoire confisquée de la destruction des Juifs d'Europe). « Une litanie de massacres qui ponctuent l'histoire de l'Europe, de l'Antiquité... au 20e siècle... » (Michaël Prazan, La vérité sur le Hamas)

Un long chemin de persécutions – je cite Charles Péguy : « Je connais bien ce peuple. Il n'a pas sur la peau un seul point qui ne soit pas douloureux, où il n'y ait un ancien bleu, une ancienne contusion, la mémoire d'une douleur sourde, une cicatrice, une blessure, une meurtrissure d'Orient ou d'Occident ». Ce chemin aboutissant à la Shoah, la rupture de civilisation – césure anthropologique – « fusion de l'antijudaïsme ancestral avec la technique moderne et la bureaucratie, transformés en instruments de meurtre » : l'atteinte la plus violente à la notion de personne humaine, diabolisée et chosifiée, détruite comme le Mal absolu sur terre.

Les ombres des Lumières qui avaient illuminé le 18e siècle européen avaient gagné peu à peu le 19e siècle et furent complètement éteintes par le totalitarisme stalinien, puis nazi.

En 1940, l'historien Marc Bloch écrivait : « [nous sommes] dans un monde assailli par la plus atroce barbarie ».

Qu'en est-il aujourd'hui ? Qu'en est-il du « plus jamais ça » ?

Comme l'avait prévu Primo Lévi, lucide : « C'est arrivé, cela peut donc arriver de nouveau ».

« Dans un monde où murmure le potentiel barbare de nos sociétés » ( Georges Bensoussan), entamant l'avenir du peuple juif, la possibilité de destruction de l'État d'Israël, planifiée depuis de longues années, a été tentée le 7 octobre 2023 : les hordes de terroristes du Hamas et d'habitants de Gaza ont perpétré un gigantesque massacre de nature génocidaire dans les Kibboutz d'Israël proche de la frontière. Ce massacre s'inscrit dans la très longue liste des très violents pogroms commis en Égypte, Irak, Syrie, Aden, Tripoli, en Palestine depuis 1834 jusqu'en avril 1948, bien avant la création de l'État d'Israël : le traumatisme de ces pogroms et l'extermination des Juifs d'Europe a refait surface, changeant notre être au monde. Nous sommes entrés, de nouveau, dans le monde des « anti-lumières ».

Le 7 octobre 2023, dans une rage de destruction totale – projet sadique d'anéantissement d'un peuple, conformément à la Charte du Hamas, branche palestinienne de la Confrérie des « Frères musulmans », les terroristes ont massacré, torturé, brûlé vifs, égorgé, décapité, pris en otages et violé hommes, femmes, certaines enceintes, enfants, bébés. Les petits Ariel et Kfir Bibas assassinés à mains nues devant leur mère.

Différence avec les nazis qui tenaient au secret de leurs exactions, les terroristes du Hamas, dans l'hystérie, l'exaltation, la jouissance indécente de soumettre les victimes, riaient , se filmaient, se vantaient au téléphone, envoyaient les images des atrocités à leurs parents qui les félicitaient, et aussi aux familles des victimes .

 

Les réactions en France face à cette tragédie : une explosion de l'antisémitisme qui « s'est installé dans l'air du temps » ( Charles Péguy), cette passion dévastatrice qui s'affiche, en particulier dans le vocabulaire, où les mots ont perdu leur sens, dans un monde où la haine et le mensonge règnent en maîtres, où « des schémas culturels anciens, enracinés dans des siècles de persécutions sont réactivés » (Georges Bensoussan).

Ainsi le terme génocide martelé dans les universités (mimétisme, avec les universités américaines), dans les manifestations de La France insoumise (LFI), à l'Assemblée nationale, dans des médias ; l'utilisation perverse de ce terme nous inflige une blessure, la blessure fondamentale de la Shoah, une « offense absolue » (Paul Bernard) pour le peuple juif.

Une manière de nazifier l'État d'Israël, donc de légitimer sa disparition en faisant du terme sioniste l'insulte suprême. « Dans les manifestations, on expulse des élus aux cris de : "Dehors les sionistes !" » (Paul Bernard).

Cet antisionisme déchaîné est comme la réactivation de l'alliance islamisme-nazisme, analysée par Boualem Sansal dans Le village de l'Allemand et qui traverse implicitement le film de Michaël Prazan, La Confrérie.
Face à ce terrible constat, je cite ce qu'écrivait l'écrivain roumain Mihaïl Sebastian, en 1941, évoquant sa solitude dans un pays que, jusque-là, il croyait sien, décrivant le regard fuyant de ceux qu'il croyait proches ou amis.

 

Aujourd'hui, me revient en mémoire un dicton dans la langue Yiddish : « Ce n’est pas facile d'être juif », répété depuis des siècles...

Aujourd'hui, la solitude nous étreint, nous rappelant la précarité de notre existence, la sensation de « ne plus être chez nous dans le monde ».

Mais, comme en juin 1944, en juin 2025 « des petites étoiles ont scintillé au milieu de tant d'obscurité » (Raphaël Jérusalmy) en voyant Israël, ce petit pays « cloué au pilori » et tout son peuple, combattre, seuls, pour la vie, la nôtre et celle du monde.

Ce modèle exceptionnel nous donne le courage, la volonté de continuer à ne jamais « baisser les bras », jamais nous ne soumettre à la pire tyrannie.

À l'instar des Rabbins agressés en France et qui n'ont pas « courbé la tête ».

 

Éliane Klein, déléguée du Crif région Centre

 

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