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Publié le 24 juillet 2021 dans Le Parisien
Elles avaient d’abord fleuri l’été dernier en Allemagne, puis en Grande-Bretagne, en début d’année : les références à la Shoah se sont multipliées en France dans les manifestations contre le confinement, puis contre l’extension du pass sanitaire décidés face à l’épidémie de Covid-19. Des opposants n’ont pas hésité à comparer leur situation avec celle des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
Certains ont défilé avec une étoile jaune barrée des mots « Non vaccinés ». D’autres ont dénoncé le « pass nazitaire », le « paSS », ou se sont inquiétés d’une « rafle des non-vaccinés » ou ont réclamé « un procès de Nuremberg pour le gouvernement français ». Des portraits d’Emmanuel Macron, Jean Castex ou Joe Biden ont été affublés d’une courte moustache à la Hitler, sur des pancartes.
Ces références ont soulevé une vague d’indignation. « Faut-il rappeler à ces idiots que l’étoile jaune était souvent le passeport pour l’extermination dans les chambres à gaz », a tweeté le député radical de gauche Olivier Falorni. D’anciens déportés ont rappelé leur calvaire. « L’instrumentalisation de la tragédie de tous ces gens qui ont souffert en 1933 et 1945, qui ont été humiliés, torturés et assassinés par le régime haineux et totalitaire de l’Allemagne nazie pour protester contre la vaccination qui sauve des vies humaines est un triste symptôme du déclin moral et intellectuel », s’est ému de son côté le Mémorial d’Auschwitz.
«Analphabétisme historique» pour les uns, «projet politique» pour d’autres
« Ce type d’analogies n’est pas nouveau, analyse Rudy Reichstadt, membre de l’Observatoire des radicalités politiques. Il a été utilisé pour symboliser le mal radical dans des mobilisations contre l’islamophobie, pour la cause animale, la défense des migrants, etc. Chez les antivaccins, il sert à hystériser le débat en manipulant la référence la plus répulsive. »
« Certains le font par analphabétisme historique et ne voient pas le problème. D’autres, à l’extrême droite, sont motivés par un projet politique qui passe par la banalisation de la Shoah », ajoute Rudy Reichstadt. Le fondateur du ConspiracyWatch. info note que « le phénomène se multiplie en ce moment car les organisateurs des manifestations ne se désolidarisent pas clairement de ces comportements ».
« Le déclin de l’enseignement de l’histoire, ces dernières décennies, a produit des citoyens qui sont dans l’évocation de l’histoire, plus dans sa connaissance », commente de son côté un habitué de l’Élysée. Quoi qu’il en soit, ces comportements pourront faire l’objet de plaintes. À la veille de nouveaux rassemblements anti-pass sanitaire, la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) a prévenu, ce vendredi 23 juillet, qu’elle « se réservera le droit de poursuivre toute personne détournant à l’avenir l’étoile jaune et autres symboles liés à la Shoah dans les futures manifestations ou pour en faire commerce ».
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