France - Hénin-Beaumont : des lycéens créent des visites audio sur les traces de familles juives

Publié le 6 juillet dans La Voix du Nord

Il s’appelle Jankiel Szlamkowicz. Son nom trahit ses origines : né en Pologne en 1904, il a immigré en France en 1928. Il s’est installé rue Pasteur, tout près de l’imposant hôtel de ville d’Hénin-Liétard, où il a exercé le métier de cordonnier. Il est brièvement retourné au pays pour épouser Sura, avec qui il a eu un fils, né en décembre 1937. Le couple, soucieux de s’intégrer, l’a prénommé Maurice…

La suite de l’histoire de cette famille héninoise, de confession juive, est hélas beaucoup plus tragique. Pris dans la rafle du 11 septembre 1942, Jankiel, Sura et Maurice ont été déportés à Auschwitz. Seul le père en est revenu.

Dans la peau d’un historien

Si on sait toutes ces choses sur les Szlamkowicz, et bien d’autres encore, c’est grâce aux élèves de terminale G4 du lycée Pasteur. Avec leur professeure d’histoire-géo, Marie-Claire Frutier-Gilson, ils ont fouillé les archives départementales, celles du mémorial de la Shoah ou encore de Yad Vashem pour retracer les parcours de quatre familles juives héninoises. « Ils ont adopté la démarche d’un historien », explique l’enseignante. Croiser les sources, vérifier les dates, les noms, replacer leurs histoires singulières dans la grande, celle de la Seconde Guerre mondiale. Puis, conseillés par Sarah Gensburger, chercheuse au CNRS spécialiste de la Shoah, ils ont peaufiné les récits pour les rendre vivants.

Le but ? Proposer quatre visites audio d’Hénin-Beaumont sur les traces de ces familles qui ont vécu la Seconde Guerre mondiale, via l’application Izi-travel (voir encadré). Devant la gare, on revit l’arrivée de Jankiel avec sa jeune épouse. Face à l’hôtel de ville, on l’accompagne à l’état civil pour déclarer la naissance de Maurice. Là où se trouvait l’ancien commissariat, on est encore avec lui quand il est convoqué pour aller chercher les étoiles jaunes à coudre sur ses vêtements…

« Comme ce sont des personnes qui habitaient près de là où on étudie, on se sent beaucoup plus concernés », confie Thibaut Bailleul, un des auteurs du parcours sonore sur les Szlamkowicz. « C’est différent d’étudier des cas concrets, renchérit Elisa Dubois. Là, on apprend vraiment l’histoire à travers une famille, des personnes qui ont vécu. » C’est tout l’objectif du projet pédagogique « Par les vivants », dans lequel ces créations de parcours s’inscrivent : rappeler que derrière les chiffres, effrayants, des morts en déportation et des rescapés des camps, il y avait des gens. Dont la vie était ordinaire et singulière à la fois, comme la nôtre.

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Comment suivre ces visites ?

Première étape : téléchargez l’application Izi.travel sur votre smartphone (elle est gratuite, mais avec publicités). Une fois cette appli installée et lancée, il faut rechercher les visites « Par les vivants » à Hénin-Beaumont dans le menu « explorer » (la géolocalisation facilite les choses). Vous sélectionnez ensuite un des quatre parcours. Les départs se trouvent à la gare. Pour la suite, il suffit de se laisser guider : l’application utilise le GPS, quand vous êtes arrivé à une étape, la suite du récit se déclenche.

Il est aussi possible d’écouter les récits sans bouger de chez soi, depuis le site internet d’Izi.travel.