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Publié le 15 Juillet 2021

France/Hommage - Mort de Christian Boltanski : "La seule manière de survivre, c'est de transmettre"

Le plasticien Christian Boltanski est mort ce mercredi 14 juillet, à 76 ans. Au micro d'Arnaud Laporte en février dernier, il se livrait sur ses influences, son processus de création et ses imaginaires.

Photo : exposition Monumenta, au Grand Palais, à Paris, en 2010

Emission publiée le 4 février 2021 sur France Culture

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Sauver l’enfance perdue

1969. Christian Boltanski, jusque-là peintre de grands tableaux naïfs avec beaucoup de personnages, de sang et de massacres, se rend compte que son enfance est terminée. Il lâche ses pinceaux et part en quête de son enfance perdue. Celle-ci, éminemment singulière, fut marquée par la maladie de sa mère mais surtout le spectre de la Shoah à laquelle son père, médecin issu d’une famille juive d’Europe de l’est, échappe de peu. L’art s’impose durant son enfance comme un échappatoire, Boltanski s’y investit sans toutefois suivre de formation académique.

Inspiré autant par la pensée de Lévi-Strauss que par les vitrines du Musée de l’Homme, le plasticien refabrique d’abord son passé à la manière d’un anthropologue de lui-même, le réinvente avec les images des autres. Il raconte sa fascination pour le Musée de l'Homme...

"C'était un endroit extraordinaire parce qu'il y avait ces énormes vitrines et dans chaque vitrine, il y avait ce qui restait d'une culture. C'était comme une sorte de tombeau énorme de culture disparues. Il y avait des petits objets incompréhensibles, souvent des vieilles photos jaunies. [...] Mes premières œuvres étaient un petit peu inspirées par cela."

La fragilité, la disparition, la mort de l’enfance mais surtout la mémoire sont autant de motifs qui habitent ses œuvres hybrides d’abord à la croisée de la photographie, du livre et de l’installation.

 

L’art de la parabole

Si la mémoire est toujours au centre de son travail, Boltanski ne cesse de l’éclairer différemment au fil de sa carrière. Au tournant des années 1980 par exemple, le plasticien investit l’espace d’installations magistrales, beaucoup plus visuelles et travaille de plus en plus vers le théâtre et l’idée de la cérémonie. Ses œuvres sont à cette période marquées par la Shoah, ou plutôt l’après Shoah. En valeurs plutôt qu’en couleurs, l’artiste met en dialogue l’histoire individuelle et collective et produit des sortes de vanités autour du traumatisme.

Ces dix dernières années, les œuvres de Christian Boltanski ont davantage trait à des partitions qu’à des objets. Complice de la propre disparition contre laquelle il lutte, il détruit près de 70% de ses œuvres. Le plasticien travaille désormais l’éphémère, les mythes et les légendes sans nécessairement que ses œuvres aient de supports matériels. Ainsi a-t-il collecté les battements de cœur de personnes aux quatre coins du monde, gagné son pari contre un collectionneur qui avait acheté sa vie en viager, ou encore produit d’énormes trompes qui reproduisent le langage des baleines afin de leur demander à quoi ressemblaient les origines du monde…

 

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