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En hommage à Claude, nous vous proposons aujourd'hui de découvrir son histoire.
Ce texte a été rédigé à l'occasion de l'exposition « Lest We Forget - N'oublions pas 2022 », réalisée par le Crif.
Nous avons rencontré Claude Bloch en décembre 2021, chez lui, en plein centre de Lyon.
Claude Bloch est né le 1er novembre 1928, à Lyon.
Lorsque la guerre est déclarée, Claude a 11 ans. Il vit seul avec sa mère, dans un petit appartement au centre de Lyon, pas très loin de chez ses grands-parents maternels.
Son père, Albert Bloch, est décédé en 1938. Sa mère, Eliette Bloch (née Meyer), est Française. Elle est également née à Lyon.
C’est entre la fin de l’année 1943 et le début de l’année 1944, que le risque des rafles commence à inquiéter la famille Bloch.
En novembre 1943, Claude a 15 ans. Son grand-père lui obtient une carte d’identité sans le tampon juif sur laquelle il maquille le nom BLOCH pour le transformer en BLACHET.
La famille s’éloigne de Lyon et se cache dans le village de Crépieux-la-Pape.
Le jeudi 29 juin 1944, à midi, la milice lyonnaise frappe à la porte. Ce jour-là, Claude est à la maison, c’est les vacances scolaires. Sa mère est en congé maladie et son grand-père est également présent.
Ils sont tous les trois arrêtés et emmenés au siège de la Gestapo, Place Bellecour. Ils sont conduits au sous-sol, dans la cave, où d’autres personnes se trouvent déjà. Interdiction de parler, de bouger.
Sa mère et son grand-père sont interrogés pendant plusieurs heures. Lorsque sa mère le rejoint de nouveau à la cave, elle pleure, elle annonce à Claude que son grand-père vient d’être assassiné.
Avec sa mère, Claude est ensuite conduit à la prison Montluc. Là-bas, « on savait que ça se terminait par l’une des deux formules : avec bagage ou sans bagage. » Sans bagage, les hommes étaient fusillés dans la journée. Avec bagage, ils étaient transférés ailleurs.
Pour Claude, le départ de Montluc se fera avec bagage le 20 juillet 1944, date à laquelle il est transféré avec sa mère au camp d’internement de Drancy.
Claude et sa mère sont déportés à Auschwitz-Birkenau le 31 juillet 1944, par le convoi 77, le dernier convoi parti de Drancy. Ils arrivent le 3 août 1944. Claude est séparé de sa mère. Il ne la reverra plus.
Lors de la sélection, il est désigné comme apte à travailler et envoyé au travail forcé. Il fait du terrassement et pioche toute la journée. « On n’a jamais su pour quoi faire, on piochait toute la journée. »
Il passe 3 mois à Birkenau où tout était dur, les coups, le froid…
À la fin du mois d’octobre 1944, il est transféré dans le camp de Stutthof, en Pologne. Là-bas, au moins, il n’y a plus de chambres à gaz.
Un jour, les derniers occupants du camp de Stutthof sont conduits à un port. Des bateaux y sont alignés. Ils font descendre les déportés dans le fond de cale. Le bateau navigue un ou deux jours jusqu’au port de Flensburg, en Allemagne du nord. « Là, ils nous font monter sur un vieux cargo, on s’est assis, les SS se promenaient de long en large… » 1 jour, 2 jours, 3 jours… « Le troisième jour, au lever du soleil, plus personne, on était seuls. On n’avait rien entendu durant la nuit, mais ils étaient partis. » Ils sont abandonnés sur ce cargo, à proximité du port, mais au milieu de l’eau.
Nous sommes le 10 mai 1945. Claude est libéré par la Croix Rouge suédoise. Il passe deux mois en Suède, où il est soigné. Puis le 14 juillet, il prend un bateau en direction de Cherbourg.
Il arrive en France le 20 juillet 1945.
Le 22 juillet il arrive à Lyon, où il retrouve sa grand-mère. Celle-ci a récupéré son appartement. Il emménage avec elle. Aujourd’hui encore, il habite dans cet appartement.
Les premiers mois, à son retour de déportation, Claude faisait des cauchemars. « Je criais la nuit, je rêvais que j’étais là-bas, que je recevais des coups. »
Malheureusement, en 1949, deux mois avant la majorité de Claude (il a 20 ans), sa grand-mère décède. Il se retrouve seul mais entreprend des études.
« Après, j’ai essayé de mener une vie normale. » Claude s’est marié et a fondé une famille.
Il a trois fils, neuf petit-fils, un arrière-petit-fils et trois arrière-petites-filles. Il est toujours très heureux de voir ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants. Il essaie de les voir régulièrement, même s’ils sont loin pour la plupart.
Claude est particulièrement fier de témoigner dans les établissements scolaires depuis 1995. Il a également accompagné de nombreux voyages de mémoire, entre 2000 et 2020.
À l’âge honorable de 93 ans, Claude témoigne encore régulièrement dans les écoles, lors de cérémonies commémoratives, ou encore à la demande d’associations pour la mémoire de la Shoah. En 2019, il a témoigné 75 fois.
Par ce biais, il transmet son histoire. « Les jeunes sont très attentifs lorsque je m’adresse à eux. Et c’est important de leur transmettre, pour qu’ils prennent le relais de la mémoire. »
Hier, nous avons appris avec une profonde tristesse le décès de Claude. Nous avons passés de merveilleux moments à ses côtés, à Lyon en décembre 2021, puis à Paris lors de l'inauguration de l'exposition en juillet 2022. Nous n'oublierons jamais son regard, ni son histoire.
Nous pensons fort à toute sa famille, ses enfants, petits-enfants et arrières petits enfants, dont il était si fier.
En 2022, Claude avait accepté de participer à l'exposition Lest We Forget - N'oublions pas.
Nous l’avions rencontré chez lui, à Lyon et il nous avait raconté son histoire.
Claude s’était rendu à Paris pour l’inauguration de l’exposition. Nous avions passé des moments… pic.twitter.com/Ksi8YastWB— CRIF (@Le_CRIF) January 1, 2024
Le Président du Crif a également rendu hommage à Claude Bloch sur X (ex-Twitter).
Les témoins de la Shoah disparaissent mais leur message reste et nous oblige.
Hommage à Claude Bloch, dernier rescapé lyonnais d'Auschwitz, décédé à l'aube de cette année 2024.
Soyons fidèles à son engagement de transmission. pic.twitter.com/h7YrdRi21o
— Yonathan Arfi (@Yonathan_Arfi) January 1, 2024
Marie-Sarah et Johana, Commissaires de l'exposition Lest We Forget 2022 pour le Crif
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