Interview Crif - Diana-Paola Levy, Présidente de la Wizo : l'engagement pour moteur

Le Crif - Diana-Paola, vous êtes une femme juive leader de la communauté juive de France. Parlez-nous un peu de vous, de votre parcours et de votre engagement.

Diana-Paola Levy - Mon quotidien est rythmé par mes trois vies : ma vie personnelle, ma vie professionelle, et ma vie associative : je suis une mère, une entrepreneure, et une citoyenne engagée ! Mon engagement a toujours été centré autour de la justice sociale. Je me suis d'abord engagée auprès des personnes handicapées, puis des enfants et des femmes.

Je suis une féministe militante, convaincue que les 51% de l'humanité que représentent les femmes peuvent avancer main dans la main avec ceux qui composent les 49% restants, les hommes. 

Je mène mes combats en m'appuyant sur les cinq valeurs qui me sont chères : le respect, l'engagement, la solidarité, l'excellence et la perspicacité.

Je ne lâche jamais rien, et cela me vient sans doute de la formation académique que j'ai suivi à Berkeley, aux Etats-Unis. Là-bas, j'ai appris à me lever le matin en me disant que tout était possible. J'ai appris à rêver grand, pour moi et pour les autres.

Le Crif - Quelles ont été les actions les plus récentes de la Wizo ?

Diana-Paola Levy - Les engagements à la Wizo sont toujours des affaires du coeur. Je fais partie de la quatrième génération de femmes de la Wizo et je suis fière de voir que toutes les générations y sont représentées. La transmission est assurée !

Je l'ai particulièrement observé à l'occasion des mobilisations pour Sarah Halimi pour lesquelles des femmes de tout âge ont souhaité s'investir.

Un peu avant cela, au coeur de la pandémie de Covid-19, la Wizo s'est beaucoup mobilisée pour continuer la création de crèches en Israël, notamment des crèches anti-missiles dans le sud du pays, à Sderot et à Beer Sheva. 

La Wizo s'est aussi investie pour les femmes en danger, victimes de violences. Le Président du Crif l'a rappelé hier, au Dîner du Crif de Strasbourg (ndlr. : le 6 mars 2022), 113 féminicides ont été recensés en 2021. La Wizo a financé des abris pour ces femmes afin de les accueillir quand elles en ont le plus besoin.

Le sujet du get (accord de divorce religieux) nous a aussi beaucoup mobilisé, et le combat n'est pas terminé...

Le Crif - Aujourd’hui, quelle place est donnée à la question des droits des femmes au sein de la communauté juive de France ?

Diana-Paola Levy - Parler, c'est bien. Mais, agir ensemble, c'est mieux !

Comment expliquer qu'il faille attendre 5 mois pour obtenir un rendez-vous avec un responsable communautaire pour l'entretenir du sujet du get ? Peut-on accepter que la femme, pilier du judaïsme, souffre à cause de son mari, sans rien tenter pour l'aider ? On ne le peut pas !

En ce 8 mars 2022, je demande donc la mise en place de Commissions de travail avec des représentants des institutions juives pour oeuvrer avec les associations des droits des femmes pour plus de justice. 

Le Crif - Votre engagement ne se limite pas à la Wizo. Vous avez récemment mené une opération de sauvetage de familles juives ukrainiennes. Racontez-nous.

Diana-Paola Levy - Cette mission a été pensée, imaginée et mise en place par un groupe de copains, tous engagés et tous militants. "Tu pars, je pars" : voilà comment ça s'est passé ! Je me suis investie comme citoyenne, convaincue qu'il fallait le faire. 

On a pensé à la vie de tous ces gens, sans penser à la nôtre, et nous l'avons fait naturellement. 

Je sais être une bureaucrate mais je sais aussi être une femme de terrain. J'ai aimé enclencher ces moments. C'est ma manière de faire.