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Publié le 22 février dans France Culture
Justifier les croisades est une chose, justifier la violence en est une autre. C’est à quoi s’attelle Bernard de Clairvaux, fondateur et premier abbé de Clairvaux, quand il prêche la seconde croisade au milieu du XIIe siècle : "Pour les chevaliers du Christ, au contraire, c’est en toute sécurité qu’ils combattent pour leur Seigneur, sans avoir à craindre de pécher en tuant leurs adversaires, ni de périr, s’ils se font tuer eux-mêmes. Que la mort soit subie, qu’elle soit donnée, c’est toujours une mort pour le Christ : elle n’a rien de criminel, elle est très glorieuse". Pour quelle gloire ? Celle du Saint-Sépulcre ? Celle de Jérusalem ? Au moment des croisades, que représente la prise puis la perte de Jérusalem ?
La première croisade, reconquérir l'héritage du Christ
En 1095, lors du concile de Clermont, le pape Urbain II appelle à libérer les frères chrétiens d’Orient du joug sarrasin. La première croisade est lancée, menée par différents barons dont Godefroy de Bouillon, qui est le premier à entrer dans Jérusalem, trois ans plus tard.
L’historienne Élisabeth Crouzet-Pavan explique que la ville de Jérusalem est alors déjà bien connue en Occident. Les pèlerinages y sont nombreux durant le Moyen Âge et particulièrement au XIe siècle. "Jérusalem est à ce point connue qu'avant la croisade, on construit des répliques du Saint-Sépulcre pour enraciner dans le quotidien des Chrétiens la vie du Christ. La ville de Jérusalem est en même temps imaginée. Toute la topographie légendaire des lieux saints se met en place dès ce moment".
La prise de Jérusalem donne une nouvelle dimension aux conquêtes franques en Orient. La ville devient la capitale de tout un royaume chrétien comprenant le comté d’Édesse, la principauté d’Antioche puis le comté de Tripoli. Si Godefroy de Bouillon refuse le titre de roi, celui considéré comme son successeur, Baudouin Ier est couronné le 25 décembre 1100. "Baudouin n'est pas couronné à Jérusalem mais à Bethléem. On voit la difficulté à couronner un homme, là où le Christ est roi", relève Élisabeth Crouzet-Pavan.
Église du Saint-Sépulcre, dôme du rocher, ces lieux emblématiques de Jérusalem sont dès le début du XIIe siècle réaménagés selon la religion dominante, le christianisme. La reconstruction de la ville permet non seulement de la repeupler rapidement, mais permet aussi la venue de nombreux pèlerins occidentaux.
Salah al-Din Yusuf, plus connu sous le nom de Saladin, prend la tête des troupes musulmanes. En 1187, après plusieurs batailles victorieuses dans les États latins d'Orient, il reconquiert Jérusalem.
Par quels évènements la première croisade a-t-elle été déclenchée ? Comment le royaume chrétien de Jérusalem a-t-il vu le jour ? Comment ces évènements sont-ils relatés dans les sources orientales ? Que représente la prise de Jérusalem pour les contemporains ? Comment les États "latins" s'intègrent-ils à l'espace oriental ? Élisabeth Crouzet-Pavan et Abbès Zouache sont réunis pour en discuter.