La minute Geek - Comment Ben and Jerry’s a décidé de boycotter les réseaux sociaux

La dernière escalade du conflit entre Israël et le Hamas s’est particulièrement sentie sur les réseaux sociaux. En effet, le harcèlement et la haine en ligne ont bondi pendant les quelques semaines de violence.

Parmi les victimes collatérales, la marque de glaces Ben and Jerry’s. Marque internationalement connue, fondée en 1978 par deux hippies juifs du Vermont, Ben and Jerry’s est vendue partout dans le monde. En Israël, Ben and Jerry’s a même monté une licence indépendante. Le bureau israélien propose ainsi des parfums thématiques liés à Israël, comme la fameuse glace au haroset vendue au moment de Pessah.

La marque est connue pour ses prises de position humanistes, pacifistes, et inclusives. Jusqu’à faire grincer les dents de certains en ayant choisi Linda Sarsour comme égérie il y a quelques années.

Ben and Jerry’s s’est particulièrement engagé au moment du décès de Georges Floyd, et a rappelé son rejet total du « White Supremacism ».

Malgré tout cela, la marque a été attaquée de manière extrêmement violente au moment du dernier conflit entre Israël et le Hamas. Une armée de trolls a attaqué l’ensemble des comptes de la marque, l’accusant de « contribuer au vol de terre », « soutenir la colonisation » etc… Les internautes ont insulté la marque ses dirigeants et employés, ont suggéré de vider les rayons et de laisser les glaces fondre, et évidemment de boycotter l’ensemble des produits.

Fait rarissime, notamment pour une marque aussi prestigieuse, la marque a décidé de boycotter les réseaux sociaux.

La haine fleurit et n’est pas modérée ? Qu’à cela ne tienne, le community manager de Ben and Jerry’s n’a plus rien posté depuis le 18 mai. C’est tellement inhabituel qu’un hashtag à ce sujet est devenu viral : #HasBenAndJerrysTweetedYet
Les comptes de la marque sont toujours en ligne. On peut ainsi constater l’étendue de la haine qui s’est propagée sous leurs publications (sur leur Instagram, sur leur Twitter et leur Facebook). Ce sont presque 11 millions de fans qui sont désormais privés d’informations sur la marque et ses nouveautés.

Est-ce que cela veut dire que la haine a gagné ? Peut-être pas. On peut aussi y voir un mouvement de protestation visant à faire pression sur les réseaux sociaux pour améliorer sa modération, notamment quand il s’agit d’antisémitisme et de son frère l’antisionisme.

En effet, ne plus être sur les réseaux sociaux, cela veut aussi dire ne plus y faire de publicité. Que se passerait-il si les grandes marques décidaient ensemble de ne plus rien poster ou promouvoir sur les réseaux sociaux ? Pourrait-on alors espérer un sursaut et une meilleure modération ? Espérons que la marque américaine a montré la voie.

Sophie Taïeb