Représentant du Crif en Israël
Lorsque l’État d’Israël prend la parole dans les enceintes internationales, telle l’Organisation des Nations Unies (ONU), il exprime bien plus qu’une position diplomatique. Il énonce – même inconsciemment – une vision du monde, héritée d’une tradition millénaire, enracinée dans une anthropologie spirituelle unique. Mais rares sont ceux qui l’écoute ; la plupart le rejette avec hostilité.
Pourtant, la vocation d’Israël n’est pas seulement nationale ou religieuse : elle est ontologique. Israël est porteur d’un message fondateur : celui de l’unité des valeurs fondamentales – vérité, justice, paix, liberté, sainteté – que le monde moderne vit comme séparées, voire opposées.
De la pensée biblique de l’unité divine procède une cohérence du réel : ce qui est vrai est aussi juste ; ce qui est juste est aussi bon ; ce qui est bon mène à la paix véritable.
Cette vision s’oppose frontalement à l’éclatement contemporain où les valeurs s’entrechoquent sans horizon commun.
Dans la modernité, les valeurs sont devenues contradictoires
D’où la tentation du relativisme qui a produit le wokisme.
Mais la vérité n’est pas un fait neutre : c’est un engagement. Dire la vérité n’est pas seulement « être exact », c’est être juste, être fidèle, agir selon le bien.
Dans un monde où la vérité est souvent relativisée ou instrumentalisée, Israël affirme que le mensonge est une violence, et que dire le vrai, même s’il dérange, s’il n’est pas politically correct, est une exigence éthique.
Mais la lutte contre le mal n’est pas facultative, et l’usage de la force peut être une obligation morale !
Contrairement à une idée reçue, notamment dans la culture occidentale chrétienne, la force n’est pas par nature injuste.
Dans la tradition prophétique d’Israël, la force est juste et nécessaire lorsqu’elle est exercée pour protéger la vie, pour empêcher l’oppression, pour faire reculer le mal.
Le monde réclame la paix – mais une paix désincarnée, sans exigence de justice. Or, la paix véritable ne se bâtit que sur la justice.
Une paix qui sacrifie la sécurité d’un peuple n’est pas une paix, mais une reddition morale. Israël le rappelle parce qu’il connaît le prix du mal laissé impuni. L’Europe a du mal à l’accepter au nom de la doctrine Metternich, qui commande la modération dans la victoire, mais en oubliant que ce n’est qu’après avoir éradiqué le nazisme que les alliés ont reconstruit l’Allemagne
Souvent l’on prétend qu’ « Israël bafoue la justice envers les Palestiniens »
Cette accusation requiert examen :
1. La justice commence par le droit de vivre. Israël n’a pas choisi le conflit. Il vit depuis sa création sous la menace d’agressions, d’attentats, de guerres – et plus récemment de massacres de masse.
2. Israël est un État de droit surveillé par une Cour Suprême indépendante, des ONG libres de critiquer l’État et une armée qui opère sous des règles d’engagement strictes.
3. La souffrance des Palestiniens est réelle. Mais elle est aussi le résultat des choix de leurs dirigeants, de l’idéologie du Hamas, du refus six fois répété de faire la paix, d’accepter Israël.
4. La justice n’est pas la cécité morale ; elle exige de distinguer entre qui défend la vie et qui cultive la mort.
Israël, dans ce cadre, n’est pas l’oppresseur fantasmé, mais un État qui assume sa responsabilité morale dans un monde dangereux.
La parole d’Israël est peu audible parce que le message de la nécessité de la lutte contre le mal est difficilement compréhensible pour les deux grandes traditions qui dominent l’imaginaire international :
Ainsi se forme une étrange confluence qui empêche d’entendre la parole d’Israël – y compris quand il parle avec retenue, lucidité, et grandeur morale.
Et pourtant, Israël ne renoncera pas à parler. Car, Israël n’est pas là pour plaire, mais pour témoigner.
Témoigner qu’un monde est encore possible dans lequel la vérité éclaire le bien, la justice rend possible la paix, la force sert la vie, et la sainteté n’est pas un refuge, mais un horizon pour l’histoire humaine.
Marc Lévy, délégué du Crif en Israël
Marc Levy est consultant, ancien avocat aux barreaux de Paris et de Bruxelles. Militant des droits de l’homme, a fondé la commission juridique de la LICRA. Il vit à Jerusalem depuis plus de dix ans.
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