Marc Lévy

Représentant du Crif en Israël

Le billet de Marc Lévy – Justice, vérité, paix : le difficile message d’Israël

29 Juillet 2025 | 531 vue(s)
Catégorie(s) :
Opinion
Portrait de Stéphanie Dassa
Documentaire Sauver Auschwitz
|
23 Janvier 2017
Catégorie : Opinion

"Sauver Auschwitz ?" un documentaire diffusé le 24 janvier à 22h40 sur Arte 

Le boycott des produits israéliens (nous) glace le sang.

Le racisme qui frappe la communauté asiatique est insupportable.
 

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Depuis des années, l’historien Marc Knobel a de salutaires obsessions et une puissante détermination. L’une de ses salutaires obsessions, sur laquelle il a beaucoup travaillé et mené de profondes recherches, est cette diffusion sans frontières, sans retenues et sans toujours grandes oppositions, des haines multi-formes qui s’entretiennent.

Pour comprendre cet accord entre l’Iran et les grandes puissances sous la direction stratégique des USA, il faut essayer de comprendre la nouvelle politique internationale de l’administration américaine

Eté 2014. Pendant 1 mois et 18 jours, Israël a vécu au rythme des alertes et d’une guerre qui ne dit pas son nom. Un an plus tard. Juillet 2015 : Que reste-t-il de ces jours d’angoisse ?

Le 23 juin dernier, l’Union des étudiants juifs de France a célébré son 70e anniversaire à l’Hôtel de Ville de Paris. Magie des réseaux sociaux, j’ai vécu à distance cette soirée avec enthousiasme et frustration. L’occasion pour moi de replonger dans mes années Uejf.

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

Dov Maimon rejoint les auteurs du Blog du Crif !

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

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Lorsque l’État d’Israël prend la parole dans les enceintes internationales, telle l’Organisation des Nations Unies (ONU), il exprime bien plus qu’une position diplomatique. Il énonce – même inconsciemment – une vision du monde, héritée d’une tradition millénaire, enracinée dans une anthropologie spirituelle unique. Mais rares sont ceux qui l’écoute ; la plupart le rejette avec hostilité.

Pourtant, la vocation d’Israël n’est pas seulement nationale ou religieuse : elle est ontologique. Israël est porteur d’un message fondateur : celui de l’unité des valeurs fondamentales – vérité, justice, paix, liberté, sainteté – que le monde moderne vit comme séparées, voire opposées.

De la pensée biblique de l’unité divine procède une cohérence du réel : ce qui est vrai est aussi juste ; ce qui est juste est aussi bon ; ce qui est bon mène à la paix véritable.

Cette vision s’oppose frontalement à l’éclatement contemporain où les valeurs s’entrechoquent sans horizon commun.

Dans la modernité, les valeurs sont devenues contradictoires

  • La vérité scientifique peut poser des problèmes éthiques.
  • La paix peut être privilégiée au prix de la justice.
  • La tolérance peut sacrifier la vérité.

D’où la tentation du relativisme qui a produit le wokisme.

Mais la vérité n’est pas un fait neutre : c’est un engagement. Dire la vérité n’est pas seulement « être exact », c’est être juste, être fidèle, agir selon le bien.

Dans un monde où la vérité est souvent relativisée ou instrumentalisée, Israël affirme que le mensonge est une violence, et que dire le vrai, même s’il dérange, s’il n’est pas politically correct, est une exigence éthique.

Mais la lutte contre le mal n’est pas facultative, et l’usage de la force peut être une obligation morale !

Contrairement à une idée reçue, notamment dans la culture occidentale chrétienne, la force n’est pas par nature injuste.

Dans la tradition prophétique d’Israël, la force est juste et nécessaire lorsqu’elle est exercée pour protéger la vie, pour empêcher l’oppression, pour faire reculer le mal.

Le monde réclame la paix – mais une paix désincarnée, sans exigence de justice. Or, la paix véritable ne se bâtit que sur la justice.

Une paix qui sacrifie la sécurité d’un peuple n’est pas une paix, mais une reddition morale. Israël le rappelle parce qu’il connaît le prix du mal laissé impuni. L’Europe a du mal à l’accepter au nom de la doctrine Metternich, qui commande la modération dans la victoire, mais en oubliant que ce n’est qu’après avoir éradiqué le nazisme que les alliés ont reconstruit l’Allemagne

Souvent l’on prétend qu’ « Israël bafoue la justice envers les Palestiniens »

Cette accusation requiert examen :

1. La justice commence par le droit de vivre. Israël n’a pas choisi le conflit. Il vit depuis sa création sous la menace d’agressions, d’attentats, de guerres – et plus récemment de massacres de masse.
2. Israël est un État de droit surveillé par une Cour Suprême indépendante, des ONG libres de critiquer l’État et une armée qui opère sous des règles d’engagement strictes.
3. La souffrance des Palestiniens est réelle. Mais elle est aussi le résultat des choix de leurs dirigeants, de l’idéologie du Hamas, du refus six fois répété de faire la paix, d’accepter Israël.
4. La justice n’est pas la cécité morale ; elle exige de distinguer entre qui défend la vie et qui cultive la mort.
Israël, dans ce cadre, n’est pas l’oppresseur fantasmé, mais un État qui assume sa responsabilité morale dans un monde dangereux.

La parole d’Israël est peu audible parce que le message de la nécessité de la lutte contre le mal est difficilement compréhensible pour les deux grandes traditions qui dominent l’imaginaire international :

  • La tradition chrétienne qui privilégie le pardon et la paix plutôt que la justice.
  • La tradition de l’islam, en particulier des courants islamistes, pour qui l’existence d’Israël est un blasphème à éliminer.

Ainsi se forme une étrange confluence qui empêche d’entendre la parole d’Israël – y compris quand il parle avec retenue, lucidité, et grandeur morale.

Et pourtant, Israël ne renoncera pas à parler. Car, Israël n’est pas là pour plaire, mais pour témoigner.

Témoigner qu’un monde est encore possible dans lequel la vérité éclaire le bien, la justice rend possible la paix, la force sert la vie, et la sainteté n’est pas un refuge, mais un horizon pour l’histoire humaine.

 

Marc Lévy, délégué du Crif en Israël 

 

Marc Levy est consultant, ancien avocat aux barreaux de Paris et de Bruxelles. Militant des droits de l’homme, a fondé la commission juridique de la LICRA. Il vit à Jerusalem depuis plus de dix ans. 

 

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