Francis Kalifat

Ancien président

Discours de candidature à l'élection de la présidence du Crif

29 Mai 2016 | 4874 vue(s)
Catégorie(s) :
France

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Antisémitisme

Vendredi 9 août 2024, s'est tenue la cérémonie en hommage aux victimes de l'attentat terroriste de la rue des Rosiers, organisée par le Crif en collaboration avec la Mairie de Paris. La cérémonie s'est tenue devant l'ancien restaurant Jo Goldenberg, au 7 rue des Rosiers. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé dans la lutte contre l'antisémitisme sous toutes ses formes, en dénonçant notamment celle qui se cache derrière la détestation de l'Etat d'Israël.

À l'occasion des 80 ans du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), les membres du Crif ont été reçus à l'Élysée par le Président de la République, Emmanuel Macron, et Madame Brigitte Macron, lundi 18 mars 2024. Le Président du Crif, Yonathan Arfi, a prononcé un discours à cette occasion. 

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À l'occasion de la fête juive de Hanoucca, découvrez les vœux du Président du Crif, Yonathan Arfi.
 

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A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Chers membres de l’assemblée générale,​

Mes chers amis,

Après une longue réflexion, j'ai décidé me porter candidat à la présidence du Conseil représentatif des institutions juives de France.

Chacun de vous sait la passion que j’ai du CRIF, de sa grandeur et de son rôle dans notre société.

Cette candidature est pour moi l’aboutissement d’un engagement fort  et la volonté affirmée de le poursuivre au plus haut niveau.

Me porter candidat était pour moi naturel !

D’autres personnalités ont réfléchi à leur candidature.

Elles avaient toutes les qualités et l’expérience requises.

Elles ont finalement renoncé. Il ne m’appartient d’en juger.

Leur décision est respectable.

J’aurai préféré, comme vous, de pouvoir me confronter à d’autres candidats et pouvoir débattre, comparer nos projets et nos personnalités.

Présider le CRIF est une responsabilité immense.

J’en mesure les enjeux, les difficultés et aussi les drames que nous aurons peut-être à affronter, car notre communauté vit des heures difficiles, certainement les heures les plus difficiles que nous ayons connues depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Vous pourrez compter sur la force de mes convictions, sur mon énergie et ma détermination pour donner encore plus d’efficacité et plus  d’impact à notre action.

Je  suis né à  Oran il y a  63 ans.

Je porte en moi cette riche et parfois difficile histoire des juifs d’Algérie, je suis héritier de cette mémoire sépharade, de sa culture et de ses traditions transmises par mes parents.

Arrivé en France à l’âge de dix ans, quelques semaines avant l’indépendance de l’Algérie, j’ai grandi dans le respect des valeurs de notre République ainsi que dans l’amour de la France et d’Israël.

Très vite j’ai senti en moi la nécessité de l’engagement militant au sein de notre communauté.

D’abord dans les mouvements de jeunesse puis à la Fédération des organisations sionistes de France, puis dans les instances sionistes mondiales ou j’ai eu l’honneur de représenter les juifs de France en tant que membre de l’exécutif mondial élargi.

Je suis un juif pratiquant et tolérant.

Deux dimensions, à mes yeux  indissociables? car pour moi l’héritage du Judaïsme est une référence tout autant que le respect de toutes les formes sous lesquelles il s’exprime.

Chef d’entreprise, père de deux enfants Ruthy et Yoni j’ai trois petites filles Agathe, Léna et Romy,  je me sens pleinement dépositaire, des valeurs que j'ai reçues en héritage qui guident mon action et mon engagement ainsi que de l’histoire du peuple juif  et de cette tragédie qu’a été la SHOAH.

Je ressens au plus profond de moi le devoir et l’immense responsabilité de la transmission aux jeunes générations.

J'ai  le bonheur d’avoir, Corinne, à mes côtes depuis 17 ans une femme admirable.

Entré au CRIF sous la présidence de Théo KLEIN j'ai servi notre institution sans discontinuer sous les présidences de Jean KHAN, Henri HADJENBERG, Roger CUKIERMAN, Richard PRASQUIER et à nouveau Roger CUKIERMAN. 

Trésorier pendant de 15 ans, vice-président ensuite,

J’en connais, vous le savez, chaque rouage et chaque membre et c’est cette connaissance et cette expérience que je mettrai à chaque instant à votre service pour avancer ensemble.

Etre président du CRIF requiert un investissement personnel et opérationnel de tous les instants : j'en suis conscient.

Mon engagement sera donc entier pour remplir cette fonction exigeante et difficile, ingrate et exaltante à la fois.

Elle demande rapidité de réaction, capacité d’écoute, lucidité de choix et fermeté de décision.

La France et l’Europe sont sous tension.

L’heure est aux mutations, aux incertitudes, aux inquiétudes et aux populismes. Nous vivons dans un pays en guerre contre le terrorisme islamiste.

Notre situation de Français juifs se fragilise. 

Nous continuons d’être des cibles de choix pour les terroristes, même si ceux-ci visent désormais tous les Français. 

Beaucoup de nos enfants ont quitté l’école publique et notre sécurité est devenue notre enjeu principal.

Bien sûr, la République nous protège et les pouvoirs publics sont mobilisés.

Pour autant, notre situation est délicate,  car la France a de nombreuses priorités et ses moyens ne sont pas illimités.

Alors, nous, Français juifs, nous devons faire face.

Nous devons à la fois nous battre et construire.

Une nouvelle société française est en train d’émerger, souvent dans la douleur.

Nous devons aussi prendre notre part dans cette histoire.

Il en va de notre avenir et de l’avenir de nos enfants dans notre pays.

Pour cela, nous avons besoin :

D’un CRIF fort de son unité et de sa diversité,

D’un CRIF créatif, réactif et vigilant.

D’un CRIF attentif aux inquiétudes des Français juifs et de l’ensemble de la société française.

Depuis sa création le CRIF a pour objectif la lutte contre l’antisémitisme.

Face aux menaces qui s’accumulent, nous avons fait de ce combat notre priorité absolue.

 

Ma conviction est que :

Nous ne lutterons efficacement contre l’antisémitisme que si et seulement si nous luttons aussi contre toutes les haines, toutes les discriminations.

Nous ne lutterons efficacement contre l’antisémitisme que si et seulement si nous voyons et nommons les réalités telles qu’elles sont, sans excuser, ni stigmatiser.

 

OUI les agressions antisémites sont, quasiment toutes, commises par des jeunes de moins de 30 ans, et dans leur majorité, des jeunes islamistes.

Oui il est essentiel que les jeunes soient moins exposés à des contenus antisémites sur Internet et sur les réseaux sociaux et qu’ils produisent leurs propres anticorps pour rejeter eux-mêmes ces contenus.

Oui l’école doit remplir pleinement son rôle dans l’éducation   contre l’antisémitisme, le racisme et la xénophobie et veiller scrupuleusement aux contenus pédagogiques et aux manuels scolaires.

Enfin, les agressions font des victimes. Ne les oublions pas.

Que les agressions soient racistes, antisémites, anti-Musulmans, xénophobes, ou homophobes, les victimes ont besoin de sentir qu’elles ne sont pas seules, qu’elles peuvent compter notre soutien et notre solidarité pour empêcher l'oubli et l'indifférence se s'installer dans notre mémoire collective.

Nous juifs savons combien ce devoir de mémoire est une impérieuse nécessité !

L’histoire de la Shoah doit rappeler à chacun que les mots de la haine ne sont pas sans conséquence,  elle doit faire l'objet un enseignement réfléchi et ancré dans la réalité.

Je veux avec vous poursuivre avec force et détermination ce combat contre l’antisémitisme et lutter avec la même détermination contre l’antisionisme sous toutes ses formes.

Refuser aux Juifs un état, concentrer sa haine sur ce seul état ou lui infliger un traitement à part c’est viser les Juifs à travers Israël, c’est aussi de l’antisémitisme.

 

Israël est l’Etat nation du peuple juif, et Jérusalem est sa capitale.

Je veux ici affirmer mon total engagement aux côtés d’Israël,

De même que mon total engagement pour une paix juste entre Israël et ses voisins.

Mon engagement sioniste est fort et ne date pas d’hier je continuerai à me battre contre tout ce qui menace l’existence et la sécurité d’Israël, contre toutes les tentatives négationnistes visant à nier le lien unique et historique entre le judaïsme et ses lieux saints et entre les juifs et la terre d’Israël.  

Nous avons un combat spécifique à mener contre le BDS, avec un objectif déclaré :

Obtenir l'interdiction de ce mouvement en France.

Comme vous l’avez déjà compris, je veux un CRIF résolument engagé dans les combats pour notre sécurité, pour notre avenir, pour notre pays et  pour la pérennité et la sécurité Israël.

Le CRIF est ouvert à toutes les organisations juives et, via Les Amis du CRIF, à tous les Juifs. Si le Consistoire et quelques associations sont aujourd’hui à l’extérieur, leurs dirigeants savent bien que nos portes leur sont ouvertes.

Le CRIF est un lieu unique par la diversité de ses organisations.

Nous devons être aussi un CRIF, ouvert sur la communauté nationale, véritable acteur du vivre ensemble

Ma main sera toujours tendue en direction de ceux qui veulent dialoguer et construire avec nous une société respectueuse des différences, dans le respect des lois et des valeurs  républicaines.

Mais je resterai toujours très ferme envers l'extrême  droite, l'extrême  gauche et les islamistes radicaux, qui tous veulent nous agresser et nous inciter à partir de France.

Le CRIF est, depuis longtemps, l’interlocuteur de référence des pouvoirs publics.

J’en serai le garant, vigilant et intransigeant.

Nous sommes actifs dans le monde politique,  médiatique, intellectuel et dans la société civile. 

C’est important, mais cela ne suffit pas. 

Nous nous sommes ouverts à tous les Français, juifs et non-juifs, à travers Internet, les réseaux sociaux et Les Amis du CRIF. 

C’est important, mais cela ne suffit pas.

En amont, dans l’ensemble de la société française, il y a souvent une incompréhension de ce qu’est  être juif.

Incompréhension et méconnaissance d’un peuple, d’une religion, d’une histoire, du souvenir de la Shoah, de l’amour en même temps de la France et d’Israël.

Nous devons mieux faire comprendre à nos compatriotes ce qu’est   être juif, en quelque sorte démystifier le Juif. Je souhaite lancer plusieurs projets-pilotes et mobiliser, pour cela, les principales organisations juives.

Mes chers amis,

Je veux incarner un CRIF respecté, qui donne à chaque juif de France une raison de l’aimer et d’avoir confiance en lui pour le défendre.

Je veux renforcer la dimension militante de notre institution pour qu’elle soit au plus près des juifs de France et de leurs préoccupations.

Je veux accentuer le travail mené sur Internet pour lutter contre le négationnisme et la radicalisation antisémite dont les Dieudonné, SORAL et autres prédicateurs islamo fascistes sont les porte-paroles.

Enfin vous le savez,

Notre pays va bientôt vivre au rythme des campagnes électorales.

Je le dis ici et sans ambiguïté aucune, le CRIF gardera sa totale indépendance politique à l’approche notamment des élections présidentielles.

Je sais que le Front National nous fait les yeux doux et met tout en œuvre pour essayer de nous séduire. Il n’y arrivera pas et je dénoncerai avec force et  avec la plus grande clarté, toute tentative ou initiative dans ce sens.

Mes amis, je vous le dis avec humilité et lucidité,

Ma candidature est une candidature de conviction.

Elle est empreinte de gravité parce que les problématiques sur lesquelles nous travaillons ensemble depuis tant d’années et qui nous réunissent aujourd’hui sont des plus importantes et des plus urgentes.

Seul candidat  à cette élection,  je veux néanmoins, vous dire l’importance que j’accorde au suffrage et au soutien de chacune et chacun d’entre vous.

Je veux vous assurer enfin de toute ma  fidélité, de ma sincère amitié, de mon dévouement et de toute la force de mon engagement.

 

Vive le CRIF, vive la France et HAM ISRAEL HAÏ.