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Publié le 13 Mars 2024

Le brief du Crif – Grand amphi occupé, étudiants juifs empêchés d’y accéder : l’antisémitisme d’atmosphère en plein Sciences Po Paris

Dans la matinée du mardi 12 mars 2024, le grand amphithéâtre de Sciences Po Paris a été occupé par des étudiants militants pour la cause palestinienne, et renommé « Amphithéâtre Gaza ». Les étudiants de l’Union des Étudiants juifs de France (UEJF) ont été pris à partie et une étudiante a été empêchée d’accéder à l’amphithéâtre au motif qu’elle était juive et donc sioniste.

Dans la matinée du 12 mars 2024, l’amphithéâtre Boutmy, du nom de l’écrivain et politologue français, a été rebaptisé « Amphithéâtre Gaza ». Des militants pro palestiniens ont ainsi pris d’assaut le grand amphithéâtre de Sciences Po Paris où un cours était initialement prévu pour y faire un blocus. L’amphithéâtre a été tapissé de drapeaux palestiniens et de keffieh et des chants « From the river to the sea » ont été entonnés par les étudiants présents.

Les étudiants de l’Union des Étudiants juifs de France (UEJF) ont été pris à partie et une étudiante a été empêchée d’accéder à l’enceinte de l’amphithéâtre parce que « juive » et donc « sioniste ».   

 

L’UEJF a tweeté sur X (ex-Twitter) hier matin en commençant par ses mots : « Ne la laissez pas rentrer, c'est une sioniste ». « Limite franchie à Sciences Po Paris où le grand amphi est occupé. Les étudiants de l’UEJF y sont pris à partie comme juifs et sionistes. »

 

 

 

En dehors de l’établissement, les étudiants, notamment membres de l’UEJF ont également été pris à partie par des militants pro palestiniens. Alors que les membres de l’UEJF appelaient à une minute de silence pour toutes les victimes et à la libération des otages, les militants pro palestiniens leur ont répondu par la négative, en scandant notamment, « From the river to the sea ».

 

 

 

Salomé, Présidente de la section de l’UEJF Sciences Po a notamment raconté : « Aujourd’hui, c’est vraiment le point culminant de plusieurs semaines de tension pour les étudiants juifs, qui sont souvent pointés du doigt comme les représentants de la politique israélienne et qui ne sont pas en sécurité dans leur propre établissement parce qu’on sait que les gens nous regardent de travers. On est tout seul pour les travaux de groupe parce que les gens ne veulent pas travailler avec nous ». (source : Europe 1)

 

 

Le Président du Crif a réagi sur X hier indiquant que « occuper le grand amphi de Sciences Po, ce n’est pas occuper un lieu, c’est remplacer l’esprit critique et le débat par la violence et la haine ! En prenant à partie les étudiants de l’UEJF, la haine traduit le fond de leur pensée : les Juifs, comme toujours, sont coupables ! ».

Yonathan Arfi a appelé « sciences po [à] réagir avec la plus grande fermeté ».

 

Comme l’a indiqué le Président du Crif, les événements d’hier matin dans les locaux de Sciences Po Paris, lieu de savoir et de développement de l’esprit critique, l’ « antisémitisme d’atmosphère doit cesser ou la démocratie étouffera ».

 

 

 

 

Ce matin, le Président de l’UEJF, Samuel Lejoyeux était au micro d’Appoline de Malherbe pour revenir sur les événements d’hier matin à Sciences Po. Il a raconté « l’occupation sauvage du grand amphithéâtre Boutmy » et l’annulation des cours prévus. Samuel Lejoyeux précise que l’organisation d’un événement soutenant la cause palestinienne n’est pas problématique mais que la gravité des événements tient dans le fait que des étudiants juifs aient été empêchés de pénétrer dans l'enceinte de l’amphithéâtre car considérés comme juifs et donc sionistes. 

« On va classer les bons Juifs et les mauvais Juifs ». « Il est extrêmement important de poser le mot antisémitisme ». Samuel Lejoyeux a ajouté qu'il regrettait que « le communiqué de Sciences Po ne comporte pas ce mot. »

Le Président de l'UEJF demande des sanctions disciplinaires et judiciaires contre les étudiants.

Il raconte également combien les étudiants juifs sont mis à l’écart et rejeté dans les universités. Certains refusent de faire des exposés avec des étudiants juifs ou changent de place dans les amphithéâtres pour ne pas être assis à côté de ces étudiants (source : RMC).

 

La Ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de la Lutte contre les Discriminations, Aurore Bergé a également réagi sur X hier soir : « Ce qui s’est passé a un nom : l’antisémitisme. Demander le nom des gens, les filtrer à l’entrée, assimiler leurs noms (!!!) à la politique du gouvernement israélien… C’est insupportable et illégal. Rien ne le justifiera jamais ».

 

 

 

 

Prisca Thevenot, porte-parole du gouvernement a rapporté ce mercredi matin la réaction du Président de la République face aux événement qui se sont déroulés hier dans l’enceinte de Sciences Po Paris. Emmanuel Macron a dénoncé en Conseil des ministre des propos « inqualifiables et parfaitement intolérables ». « Les propos rapportés sont sous le coup de la loi. » Il « a rappelé avec clarté et fermeté sa position : oui, les établissements universitaires sont autonomes, mais cette autonomie ne justifie en aucun cas le moindre début de séparatisme » (source : Le Figaro).

 

 

Sciences Po Paris a indiqué hier soir dans un communiqué « condamne[r] l’action et les pratiques utilisées, qui s’inscrivent délibérément hors du cadre fixé en matière d’engagement et de vie associative. Un membre de la communauté étudiante a été empêché d’accéder à l’amphithéâtre. Des propos accusatoires ont été prononcés à l’encontre d’une association étudiante en particulier ». Sciences Po ajoute que « la Direction saisira la section disciplinaire en vue de sanctionner ces agissements intolérables », et ajoute que l’établissement « est un lieu d’enseignement et de recherche, qui prône le pluralisme et la controverse, au service du débat d’idées et de la démocratie ».

 

 

 

 

Sciences Po doit réagir avec la plus fermeté face à ces agissements. Sciences Po doit rester le lieu de la construction des esprits critiques et du débat ; non de la violence et de la haine.

 

 

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