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Crédits photos : ©Fondation du Camp des Milles
Pour la journée commémorative en hommage aux victimes des crimes racistes et antisémites du régime de Vichy et en hommage aux Justes de France, la Fondation du Camp des Milles-Mémoire et Éducation avait l’honneur d’accueillir Juliette Méadel, Ministre déléguée chargée de la Ville, soulignant une nouvelle fois, après les visites des Présidents Hollande et Macron, et celles de plusieurs Premiers ministres et ministres, la considération nationale portée au camp des Milles, seul grand camp français d’internement et de déportation encore intact.
« La France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable. » Ces mots de Jacques Chirac ont résonné ce dimanche 20 juillet au camp des Milles, trente ans après son discours historique du 16 juillet 1995 qui marquait un tournant mémoriel majeur dans la reconnaissance de la responsabilité de l’État français dans les rafles de l’été 1942. « Reconnaître les fautes du passé, et les fautes commises par l’État. Ne rien occulter des heures sombres de notre Histoire, c’est tout simplement défendre une idée de l’Homme, de sa liberté et de sa dignité. » Des mots empreints d’humanisme lus par une étudiante, Hanna Sebahi, face à la Ministre, aux élus, aux représentants des collectivités, des armées, des cultes, des associations, aux simples citoyens et aux jeunes du Service National Universel (SNU), tous réunis pour l’occasion devant le Wagon du Souvenir.
Quelques notes de la chanson de Jean-Jacques Goldman, Comme toi, se sont élevées dans les airs : « Elle s’appelait Sarah, elle n’avait pas 8 ans, C’était une petite fille sans histoire et très sage… ». Une séquence évoquant le sort des enfants déportés vers Auschwitz, dont une centaine depuis le camp des Milles. La mémoire de ces enfants arrachés à la vie a été honorée par la lecture de leurs noms par Claude Kupfer, frère d’une petite fille déportée des Milles à l’âge de deux ans pour être assassinée à Auschwitz.
Face à l’engrenage du pire, l’espoir demeure en notre esprit de résistance. C’est ce qu’est venu souligner la lecture des noms des Justes du camp des Milles par deux jeunes du SNU et Alexandre Méadel, dix-sept ans : ces personnes ordinaires au courage exemplaire, qui ont porté secours aux juifs pendant la Seconde Guerre mondiale et la Shoah. Leur humanité continue de nous émouvoir et leur engagement doit rester un modèle pour tous, illustrant le fait que chacun peut agir et réagir face à l’injustice.
Grâce au touchant témoignage d’Alice Manen lu par Charlotte Mège, petite-fille de résistante, les invités ont pu prendre la mesure de la vaillance de cette Juste ayant œuvré aux côtés de son mari le pasteur Manen au moment des déportations du Camp des Milles : « J’ai vécu le camp avec tous les amis que je connaissais et avec mon mari [...] Les gens qui venaient affolés à la maison, des familles qui avaient les leurs dans le camp [...]. Et puis il y avait aussi les gens qui venaient pour dire "nous sommes là pour aider". »
Qu’aurions-nous fait, hier, dans la cour de cette tuilerie devenu un camp d’internement de Vichy ? Que ferions-nous, demain, face à des actes antisémites ou racistes ? Cette question des « actes justes » était précisément au cœur de l’échange organisé le même jour au Site-mémorial avec la participation de Serge Coen, Délégué régional du Comité Français pour Yad Vashem.
Alain Chouraqui, Président de la Fondation du Camp des Milles-Mémoire et Éducation, a déclaré avec force :
« Aujourd’hui, les engrenages mortifères que nos parents ont connus sont à nouveau enclenchés [...]. Perte de repères, institutions attaquées, crispations identitaires, inégalités sociales, brutalisation de la société se développent à nouveau, en même temps que les menaces extérieures d’Etats non démocratiques et les déstabilisations provoquées par les terrorismes, l’explosion des actes antisémites et l’augmentation des racismes. L’antisémitisme joue à nouveau le rôle de révélateur et d’accélérateur des tensions sociétales qu’il a toujours joué dans notre Histoire, comme durant l’affaire Dreyfus ou la période de Vichy. »
Stéphane Ponthieu, représentant la Communauté Juive d’Aix-en-Provence, a rappelé que « chaque année, ici même, nous revenons sur ce lieu de la mémoire de notre pays dans lequel un travail exceptionnel est fait au quotidien pour éduquer les jeunes générations. [...] Si la République échoue à protéger ses citoyens juifs ou non juifs, alors elle échoue tout court. Que dire d’un pays dont les enfants juifs ne se sentent plus en sécurité dans leurs écoles ? Merci à tous les policiers qui protègent ces écoles, nos lieux de culte, nos concerts, nos manifestations culturelles. Mais pourquoi en 2025, les Juifs ont-ils encore besoin d’être protégés sans cesse par la Police ? Ce n’est pas normal ! [...] Voir des Juifs quitter la France, ce pays qu’ils aiment viscéralement, qu’ils admirent tant, pas par choix mais par résignation, c’est un crève-cœur. »
Sophie Joissains, Maire d’Aix-en-Provence, a insisté quant à elle sur l’importance d’éduquer les jeunes dès leur plus jeune âge, et a souligné que « le camp des Milles est devenu un modèle dont la pédagogie devrait être dupliquée à très grande échelle, [...] parce que c'est un modèle qui nous permet de décrypter des mécanismes de rejet, de discrimination, d’essentialisation de l’autre ».
Juliette Méadel a d’abord lu le texte de Patricia Miralles, Ministre déléguée auprès du ministre des Armées, chargée de la mémoire et des anciens combattants, qui rappelle que « La France n’oubliera pas. Elle enseignera, elle témoignera. Et ce d’autant plus qu’aujourd’hui, l’antisémitisme rôde encore [...]. Depuis le 7 octobre dernier, le poison a rejailli avec une violence inouïe. Et puis, il y a aussi cet antisémitisme qui ne crie pas, mais qui nie, qui relativise, qui fait silence ou qui rit. [...] Ce sont des alertes, ce sont des failles dans notre pacte national. Aujourd’hui, et comme chaque jour, face à l’histoire, face à nos responsabilités, nous affirmons que la lutte contre l’antisémitisme, contre le racisme, contre la haine de l’autre, doit être la marque distinctive de notre époque ».
Après la cérémonie de dépôt de gerbes et la Sonnerie « Aux morts », la Marseillaise était entonnée par tous.

Clôturant la Journée de réflexion et d’hommage au camp des Milles, Juliette Méadel a fait part de son émotion suite à sa visite du mémorial : « J’ai été touchée par votre invitation, Monsieur le Président, et par ces lieux qui sont des lieux très importants pour moi. J’y ai trouvé une forme à la fois émouvante et brillante de cri d'alerte. » Elle a également tenu à ajouter ces quelques mots : « Il nous appartient à tous d’être combatifs, d’être engagés, et même d’être intraitables, je dis bien intraitables, avec le moindre signe de xénophobie. [...] C’est aussi pour cela que j’ai voulu que le budget de mon ministère soutienne le camp des Milles et que je voudrais aller plus loin, parce que je ne veux pas qu’un seul de nos enfants, des villes et des champs, n’ait atteint l’âge de dix-huit ans sans avoir éprouvé par les livres d’histoire, les musées, les films, les récits, et par ce camp des Milles, ce que fut la déportation. »
Le matin même, la Fondation était représentée aux cérémonies officielles de Marseille et de Toulon.

Contact Presse :
Claudie Fouache
claudie.fouache@campdesmilles.org
07 89 37 35 27
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