Jean Pierre Allali

Membre du Bureau Exécutif du CRIF, Jean-Pierre Allali préside la Commission des Relations avec les Syndicats, les ONG et le Monde Associatif.

Lectures de Jean-Pierre Allali - La Promesse, par Marie De Lattre

13 Mars 2024 | 77 vue(s)
Catégorie(s) :
Opinion

Le 23 juin dernier, l’Union des étudiants juifs de France a célébré son 70e anniversaire à l’Hôtel de Ville de Paris. Magie des réseaux sociaux, j’ai vécu à distance cette soirée avec enthousiasme et frustration. L’occasion pour moi de replonger dans mes années Uejf.

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

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Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

Pages

La Promesse, par Marie De Lattre (*) 

 

Peut-on porter le patronyme d’un maréchal de France, chef d’état-major de l’Armée de terre et avoir des origines juives ? La réponse est oui. Dans ce sympathique roman, Marie De Lattre nous raconte son étonnant parcours à la recherche de ses ancêtres et nous fait part de ses découvertes après des années d’investigation.

Marie a treize ans quand son père, qui l’a invitée au restaurant, lui déclare tout de go : « Tu sais que Pierre et Madeleine ne sont pas mes vrais parents ? Qu’ils m’ont adopté ? Mes vrais parents sont morts pendant la guerre. Ils étaient juifs. Ils ont été déportés et ont été assassinés à Auschwitz. Ton troisième prénom est celui de ma mère ».

Thomas, le frère de Marie, a reçu, lui aussi, cette révélation et, tous deux, ont été tenus de n’en parler à personne. [Plus tard, on découvrira un autre frère, Philippe !] Une promesse qui sera difficile à tenir. Mais, dès ce jour qui aurait pu être celui de sa bat-mitswa, Marie n’a pas cessé de se questionner et, plus tard, elle a commencé une véritable enquête à la rencontre de ses quatre grands-parents : Pierre et Frieda, Kogan et Madeleine. Archives, albums photographiques, Mémorial de la Shoah… Toutes les pistes sont explorées avec succès. C’est le 17 juillet 1941 qu’Ismak Kogan fut arrêté chez lui par la police française sur ordre des Allemands. Il se retrouvera pour un temps au camp de Pithiviers. Né en 1898, Kogan était originaire d’Ekaterinoslav, en Ukraine. Après des études aux Beaux-Arts d’Odessa, il rejoint Berlin en 1920. C’est là qu’il va rencontrer Frieda Mandelstam, une Juive lituanienne athée et communiste, qu’il va épouser en 1926. Fille de Movcha et Elka, Frieda avait deux sœurs, Hava et Eva et un frère, Georges. Le couple rejoint la France en 1923. Pour des raisons de santé, Kogan et Frieda vont s’installer au Vaudoué, près de Fontainebleau. En 1934 naîtra le père de Marie, officiellement déclaré en août 1943 à la mairie de Nancy comme « Jacques Paul Delattre, né de Pierre Émile Delattre et de Simone Hélène Lemaire, son épouse ».

C’est à Paris que Kogan et Frieda vont rencontrer le peintre Pierre De Lattre et Marguerite Teale. À partir de là, les couples s’entrecroisent. Pierre se rapproche de Frieda et Kogan de Madeleine Livet, la compagne de Pierre, une catholique fervente. C’est Marguerite Teale qui servira d’intermédiaire entre Kogan et Madeleine.

Kogan et Frieda, après avoir été internés à Drancy, seront déportés par le convoi numéro 46 à Auschwitz où ils seront assassinés.

On se perd un peu dans le dédale des cousins et des cousines, des amants et des maîtresses. Un arbre généalogique eut été utile en fin d’ouvrage. Mais ne boudons pas notre plaisir. C’est un livre très attachant qui nous est proposé et que les enfants de Marie, ses deux filles, Clara et Alice, auront certainement découvert avec bonheur.

 

Jean-Pierre Allali

 

(*) Éditions Robert Laffont, avril 2023, 240 pages, 20 €

 

 

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