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Publié le 4 Avril 2024

L’entretien du Crif - Meyer Habib : « Israël est le premier rempart du monde libre face à l’islamisme »

Député apparenté à Les Républicains (LR), Meyer Habib est l’élu de la 8ème circonscription des Français établis hors de France (qui comprend notamment Israël, la Turquie, la Grèce ou l’Italie). Proche du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, il a répondu à nos questions à son retour d’Israël où il était en début de semaine. Alors que la communauté internationale accentue les demandes d’un cessez-le-feu à Gaza, Meyer Habib, farouchement opposé à l’idée d’un arrêt des combats sans conditions, estime que tous les otages doivent d’abord être libérés et qu’un démantèlement complet du Hamas, sur le plan militaire et politique ajoute-t-il, doit avoir lieu : « je vous confirme que l’effort diplomatique doit se poursuivre mais il n’a d’effet que si le Hamas est acculé et que Tsahal remplit ses objectifs de guerre et le contraint à céder ! ». Alors que des manifestations anti-Netanyahou ont eu lieu en Israël pour demander des élections législatives anticipées, Meyer Habib écarte une telle hypothèse : « la situation exceptionnelle de guerre nécessite une union maximale de tout bord et une stabilité politique ». Quant à « l’après » [guerre] et l’idée d’un État palestinien, il l’écarte aussi et déclare : « Les Palestiniens doivent s’autogérer, trouver un nouveau leadership, pourquoi pas avec l’aide des autres pays arabes » mais « il est aujourd’hui tout à fait inconcevable d’imaginer l’existence d’un État palestinien au sein duquel les islamistes et les antisémites auront les moyens de déployer un nouveau 7 octobre ».

Le Crif : Comment jugez-vous l’état actuel de la situation concernant la guerre Hamas-Israël ? Les États-Unis, historique et puissant allié d’Israël, se sont pour la première fois abstenus sur la dernière résolution de l’ONU demandant un cessez-le-feu à Gaza. Pensez-vous que l’armée israélienne doit et va quand même poursuivre ses opérations contre le Hamas ? 

Meyer Habib : Israël est en état de légitime défense face à une organisation djihadiste barbare qui lui a déclaré la guerre le 7 octobre en envahissant son territoire souverain pour commettre les plus grands pogroms de son histoire. Israël gagnera cette guerre envers et contre tout ! N’en déplaise à certains de ses alliés qui veulent, parfois pour des raisons électoralistes, lui imposer un cessez-le-feu qui signifierait une victoire pour le Hamas ! Benyamin Netanyahou a fixé des objectifs de guerre précis : la libération des otages, l’éradication totale du Hamas et le contrôle sécuritaire futur de la bande de Gaza pour que jamais ces pogroms ne se répètent !

Tout commence et finit par Sinouar (le numéro 1 du Hamas-branche militaire, ndlr), qui doit être neutralisé, mort ou vif ! Il reste moins de quatre bataillons du Hamas à Rafah qui, selon les Renseignements militaires israéliens, sont en pleine déliquescence. Ils doivent être anéantis coûte que coûte pour que jamais cette organisation monstrueuse ne puisse renaître de ses cendres dans la bande de Gaza.

 

 

« Acculer le Hamas jusqu’à l’anéantissement total de toutes ses forces armées et politiques est un impératif moral, politique et vital pour Israël »

 

 

J’ai la conviction absolue qu’Israël ira au bout et gagnera cette guerre avec ou sans l’appui des États-Unis et du monde libre, qui semblent pour certains déjà avoir oublié les crimes contre l’Humanité du 7 octobre. Acculer le Hamas jusqu’à l’anéantissement total de toutes ses forces armées et politiques est un impératif moral, politique et vital pour Israël.

 

Le droit à la défense d’Israël est inaliénable ! C’est ce que la France et le monde libre ont claironné pendant des années. Ce monde libre, qui a détruit Daech en bombardant Raqqa et Mossoul sans distinction, sans répit et sans attaque terrestre, sans donc prendre les précautions que prend Israël, ne peut pas lui donner de leçons. Sans revenir sur les bombardements alliés à Berlin, à Dresde ou à Tokyo pendant la Seconde Guerre mondiale qui ont fait des centaines de milliers de victimes. Il fallait détruire le nazisme. Il faut maintenant détruire le Hamas.

 

Que le monde ne se trompe pas : Israël est le premier rempart du monde libre et de l’Occident face à l’islamisme qui est à nos portes. Cette guerre est une guerre de civilisations, une guerre entre la civilisation et la barbarie.

 

 

« Seule une pression militaire maximale alliée à une diplomatie secrète permettra la libération des otages »

 

 

Le Crif : Comment, selon vous, dans ce contexte de guerre, prendre en compte le sort des 134 otages (dont trois Français) et obtenir la libération des celles et ceux qui sont encore vivants et détenus par le mouvement terroriste Hamas à Gaza ? Est-ce encore possible ? 

Meyer Habib : La libération des otages est, avec la destruction du Hamas, l’objectif prioritaire de l’État d’Israël et de Benyamin Netanyahou mais seule une pression militaire maximale et totale alliée à une diplomatie secrète la permettra ! Il y a un prix à payer, Israël est prêt à le faire mais moins nous en parlons, plus efficaces seront les efforts et les résultats.

Le monde souhaite un cessez-le-feu, il existe un moyen immédiat ! La libération des otages. Mais le Hamas s’en moque et se sert des otages comme boucliers humains, comme de sa population. Je vous confirme que l’effort diplomatique doit se poursuivre mais il n’a d’effet que si le Hamas est acculé et que Tsahal remplit ses objectifs de guerre et le contraint à céder !

 

 

« La société israélienne, dans son écrasante majorité, souhaite la continuation des opérations militaires tant que les otages ne sont pas libérés et que le Hamas ne sera pas détruit »

 

 

Le Crif : Les débats sont bien sûr très clivants sur ces questions, y compris en Israël, qui reste une démocratie ouverte aux débats et au pluralisme. Le cabinet de guerre israélien reste d’union nationale, partisans et opposants de Benyamin Netanyahou y cohabitent. Certains réclament en Israël des élections législatives anticipées, est-ce selon vous réaliste à court terme, ou souhaitable à moyen terme ? 

Meyer Habib : La perspective d’élections législatives anticipées n’est pas souhaitable, ni sérieuse à court-terme. Benyamin Netanyahou a été élu largement pour la sixième fois il y a un an et demi. Du fait de la guerre, il a élargi son gouvernement et a composé en responsabilité un cabinet de guerre d’union nationale à la manière des grandes démocraties lorsque leur sûreté est menacée, car elle concerne l’ensemble de la Nation et nécessite donc sa représentation la plus complète. L’Union sacrée de 1914 en France fait figure d’exemple.

La société israélienne, dans son écrasante majorité et quelle que soit sa sensibilité politique, souhaite la continuation des opérations militaires tant que les otages ne sont pas libérés et tant que le Hamas ne sera pas détruit. En Israël, la gauche mais à l’extérieur aussi les ennemis d’Israël veulent la fin de Netanyahou, l’écarter du paysage politique par tous les moyens ! C’était déjà leur obsession avant la guerre, ça l’est toujours pendant la guerre et ce le sera sans doute après la guerre. Mais dans une démocratie, c’est le peuple et seul le peuple qui choisit.

Ceux-là même, sous l’impulsion de l’ancien Premier ministre Ehud Barak qui disait en juin dernier – en pleine contestation de la réforme judiciaire – que le sang devait couler à l’intérieur d’Israël (!), demandaient aux réservistes et aux pilotes de Tsahal, avant le 7 octobre, de ne pas répondre aux appels ! Les mêmes personnes de gauche qui manifestaient avant le 7 octobre, continuent de le faire comme s’il n’y avait pas de guerre avec un seul objectif : faire tomber Netanyahou. Pas le Hamas, mais Netanyahou ! Pourtant, la situation exceptionnelle de guerre nécessite une union maximale de tout bord et une stabilité politique.

Rappelez-vous ce que nous avons vécu en France avec la guerre d’Algérie, pendant laquelle le régime de la IVe République était incapable de garantir le retour à l’ordre public et la résolution du conflit sans stabilité politique. Le régime n’y a d’ailleurs pas survécu.

Pour une majorité d’Israéliens, l’expérience et la stature d’homme d’État de Netanyahou n’a pas d’équivalent en Israël. Il a commencé sa vie politique lorsque son frère a donné sa vie pour sauver les otages du vol Air France à Entebbe. Lui-même a participé à l’opération de sauvetage des otages du vol Sabena en 1972 au cours de laquelle il a été blessé. Les otages, c’est son obsession absolue !

 

 

« Les Palestiniens doivent s’autogérer, trouver un nouveau leadership, mais la sécurité doit rester entre les mains d’Israël »

 

 

 

Le Crif : Comment voyez-vous les perspectives d’un « après » [après-guerre, après Hamas] pour la gouvernance future de la bande de Gaza. Quels sont pour vous les conditions à réunir, à terme, pour obtenir une sécurisation de Gaza, y compris bien sûr pour la population palestinienne ? 

Meyer Habib : Le contrôle sécuritaire de la bande de Gaza mais aussi des Territoires palestiniens de la West Bank doit être assuré par Israël, du Jourdain à la Mer ! La dissuasion doit être rétablie sur tous les fronts ! Je reste inquiet au sujet d’une guerre possible dans le nord avec le Hezbollah et l’Iran qui mobilisent toute l’attention d’Israël.

Les Palestiniens doivent s’autogérer, trouver un nouveau leadership, pourquoi pas avec l’aide des autres pays arabes, mais la sécurité doit rester entre les mains d’Israël. Il n’y a pas d’autres choix. Une autorité palestinienne corrompue qui enseigne le négationnisme et l’antisémitisme dans ses manuels scolaires, qui rémunère les familles de terroristes à hauteur de salaires de ministres, ne permet aucune garantie de sécurité ni pour Israël ni pour les Palestiniens. 

 

Le Crif : La France, l’Europe et les États-Unis mettent en avant pour « l’après » une nécessaire reconnaissance mutuelle : pour les Palestiniens, reconnaître et assurer la garantie de l’existence de l’État d’Israël ; pour Israël reconnaître et assurer la garantie de l’établissement d’un État palestinien. Comment appréciez-vous cette position officielle, réaffirmée par les autorités françaises ?   

Meyer Habib : Cette position officielle, brandie comme un mantra de la diplomatie française depuis soixante ans, est absolument caduque.

La diplomatie française est paralysée par de vieux dogmes injustes, elle agit comme si les Accords d’Abraham (entre Israël et des pays arabes comme les Émirats Arabes Unis,  le Bahreïn, le Soudan et le Maroc ; ndlr) n’avaient jamais existé, comme si des géants comme l’Inde n’étaient pas des soutiens indéfectibles d’Israël, comme si les États-Unis et de nombreux pays n’avaient pas reconnu Jérusalem comme capitale et transféré leur ambassade, comme si plusieurs pays arabes éclairés étaient toujours prisonniers du panarabisme alors qu’ils préfèrent normaliser leurs relations avec Israël et préparer l’avenir ! Donner un État palestinien après les pogroms du 7 octobre serait une prime au Hamas ! Le tracé des frontières et le futur statut de l’entité palestinienne doivent être négociés entre les pays seulement ! Israël ne reviendra jamais sur les frontières de 1967 qu’Aba Eban appelait les frontières d’Auschwitz ! 

 

 

« La Knesset s’est opposée, à une très large majorité, à une déclaration unilatérale d’un État palestinien »

 

 

99 députés israéliens sur 120 ont voté, sur proposition du Premier ministre Netanyahou, contre la déclaration unilatérale d’un État palestinien. C’est énorme ! C’est un des votes les plus larges que la Knesset n’ait jamais connus ! Après l’échec absolu des Accords d’Oslo, qui accouchèrent d’un terrorisme endémique et d’une autorité palestinienne hypocrite, inhabile et corrompue, remettre ce sujet sur la table donnerait une victoire symbolique au Hamas après les pogroms.

L’urgence pour Israël est de gagner cette guerre, d’éradiquer le Hamas, de libérer les otages et de restaurer la sécurité publique de la mer au Jourdain. Comme le scandent la gauche et l’extrême gauche à Paris, les Palestiniens veulent quant à eux un État de la mer au Jourdain ! C’est-à-dire la disparition de l’État d’Israël ! Que les Palestiniens modifient leurs manuels scolaires, gèrent leurs affaires communes, arrêtent la corruption, cessent d’appeler les terroristes des « Chahid » et seulement ensuite le retour à la table des négociations pourra se faire. Il est aujourd’hui tout à fait inconcevable d’imaginer l’existence d’un État palestinien au sein duquel les islamistes et les antisémites auront les moyens de déployer un nouveau 7 octobre.

Pour l’heure, Israël reste le seul État au monde en guerre et menacé de destruction depuis sa création. Il est mobilisé sur sept fronts : l’Iran, qui attaque Israël par le truchement de ses proxys, les trois H (Hezbollah, Hamas, Houthis), reste la menace suprême. Mais je veux rester optimiste : le cercle des amis d’Israël s’est beaucoup élargi en France même si la guerre de l’information est perdue d’avance, comme je l’avais dit juste après le 7 octobre. Les innombrables messages que je reçois ainsi que les soutiens renouvelés dans la classe politique nous font penser qu’Israël n’est pas seul.

Ils ont compris que si Israël perdait cette guerre face à l’islamisme, c’est le monde libre qui vacillait.

 

Propos recueillis par Jean-Philippe Moinet, le 3 avril 2024

 

 

- Les opinions exprimées dans les entretiens n'engagent que leurs auteurs -