Le CRIF en action
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Publié le 30 Mai 2006

« Les Réfugiés palestiniens », un débat exceptionnel au centre de conférences internationales

À l’invitation du CRIF et du Congrès Juif Européen, plusieurs centaines de personnes se sont retrouvées au Centre de Conférences Internationales de Paris pour assister à une table ronde autour du thème « Les réfugiés palestiniens ». À la tribune, autour de Pierre Besnainou, président du CJE, Roger Cukierman, président du CRIF et du modérateur, Jean-Pierre Allali, quatre Israéliens et un Palestinien : Ruth Lapidot, Professeur de Droit International, Nissim Zvili, ancien ambassadeur d’Israël en France, Ilan Greilsammer, Professeur de Politique comparée et de Relations internationales, Jean-Claude Niddam, responsable, au ministère israélien de la Justice des relations avec l’Autorité palestinienne et Bassem Eid, Directeur exécutif de l’organisation Palestinian Human Rights Monitoring Group.


Les interventions liminaires des deux présidents ont clairement orienté les débats : il s’agissait de bien rappeler les définitions juridiques légales du statut de « réfugié », d’expliquer pourquoi, contrairement à tous les problèmes de réfugiés que le monde a connus depuis des décennies, seul celui concernant les Palestiniens n’a pas trouvé de solution, de préciser le rôle de l’UNRWA (United Nations for Relief and Work Agency), de tenter de cerner les responsabilités dans l’exode des populations palestiniennes lors de la Guerre d’Indépendance de l’État juif , de donner une évaluation chiffrée du nombre de réfugiés palestiniens, d’examiner l’épineuse question du « Droit au Retour », si souvent évoquée, au cours des ans, par les dirigeants palestiniens.
À Ruth Lapidot qui a bien précisé les concepts en vigueur au niveau des lois internationales en insistant sur la différence essentielle entre une loi et une recommandation et qui a mis en avant l’élargissement, inédit, par l’UNRWA du statut de réfugiés aux descendants des personnes déplacées en 1948, a succédé Ilan Greilsammer, qui a remonté le cours de l’Histoire en faisant la part des choses entre le récit des événements, longtemps considéré comme la vulgate israélienne, rejetant la plus grande part de responsabilité de la situation sur les Palestiniens et celui des « nouveaux historiens ». Ilan Greilsammer a avoué son inquiétude face à une société qui a abandonné l’idéal pionnier des débuts au profit d’une course effrénée à la consommation. Bassem Eid, lui, a étonné la salle par ses vives critiques de la plupart des régimes arabes qui, malgré leurs énormes moyens financiers, n’ont pas su trouver une solution honorable à la situation dramatique des réfugiés palestiniens et par sa conviction que nombreux seraient les Palestiniens qui préféreraient, s’ils avaient le choix, être accueillis en Suède ou au Canada plutôt que dans le futur État palestinien. Jean-Claude Niddam, qui n’a pas hésité à lire, en arabe et dans le texte, des versets du Coran qui évoquent la destinée du peuple juif et sa terre légitime, a demandé que ceux qu’il considère comme des « réfugiés juifs », les exilés des terres d’islam qui ont rejoint Israël, ne soient pas oubliés dans ce débat d’idées. S.E. Nissim Zvili, enfin, a tenu un discours sans ambages sur le « droit au retour ». « Si ce droit signifie la venue en Israël même des millions de Palestiniens, la réponse est non car Israël, État juif, n’a pas vocation à disparaître ».
Dans le débat qui a suivi avec le public, parmi lequel on notait la présence de Madame Nicole Guedj, ancienne ministre, de Monsieur le Grand rabbin Sirat, de Joël Mergui, président du Consistoire de Paris, de François Zimeray, président de la communauté d’agglomération de Rouen, du général Darmon, de représentants de plusieurs ambassades arabes et, pour l’ambassade d’Israël, de M.M Raphaël Barak et David Kornbluth et de Madame Dina Sorek et de nombreux responsables de la communauté juive, les questions les plus diverses ont été posées. La plus inattendue : « Et si les Palestiniens n’avaient pas bougé comme le leur avaient recommandé Israël, Ben Gourion en tête ? » Réponse : « Israël, pour des raisons démographiques, n’existerait pas tel qu’on le connaît aujourd’hui ». La plus émouvante, celle du ministre plénipotentiaire à l’ambassade de Jordanie, M. Ibrahim Awawdeh : « Dans ce drame des réfugiés palestiniens, quelqu’un peut-il me donner quelques raisons d’espérer ? ». Réponse : « La situation, aujourd’hui, après le résultat des élections palestiniennes, est encore plus délicate qu’auparavant, mais, oui, il y a toujours de l’espoir ».
Une très belle soirée.