Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
J’ai le plaisir et l’honneur de représenter François BAYROU, candidat à la présidence de la République qui vous demande de l’excuser de ne pouvoir être personnellement présent ce soir pour vous exprimer son point de vue sur le sujet qui nous rassemble, mais que je vais essayer de vous rapporter fidèlement.
Je vous rappelle tout d’abord qu’il avait soutenu le Président de la République lors du refus exprimé par la France de participer à la guerre en Irak. Et pourtant, un certain nombre de voix s’élevaient à cette époque pour que notre pays s’aligne sur les Etats-Unis. Loin de lui et de nous l’intention de manifester quelque sentiment anti-américain que ce soit. Nous n’oublions pas les liens d’amitié indissolubles qui nous unissent à ce pays et le rôle qu’il a joué lors de la seconde guerre mondiale pour nous aider à éradiquer le nazisme. Néanmoins, lorsqu’on est ami, cela n’empêche pas qu’on puisse exprimer des points de vue différents. Ce fut précisément le cas sur l’Irak. Et même si nous n’avions aucune sympathie pour Saddam Hussein, nous considérions que les risques d’une telle guerre étaient infiniment plus grands que les avantages qui auraient pu en résulter. Et parmi les risques, il y avait celui de la déstabilisation du Moyen Orient.
L’Irak est aujourd’hui un pays profondément divisé, en état de guerre permanente et qui plus est une plateforme du terrorisme. Par ailleurs, l’équilibre, certes dans la terreur, qui existait entre l’Iran et l’Irak a disparu. La réunion de la grande famille Chiite et la situation de cahot en Irak ont renforcé le rôle de l’Iran dans la région. Enfin, la radicalisation du régime des Mollahs en Iran est venue encore aggraver cette situation.
Depuis lors, l’Iran a multiplié les menaces tant sur Israël que sur le Monde : Volonté affichée de se doter de l’arme nucléaire, menaces sur l’existence d’Israël, négation de la Shoah sont devenues les expressions les plus courantes des autorités Iraniennes.
Pour François BAYROU, « face à l’Iran, la France ne peut avoir qu’une ligne : l’intransigeance dans le respect du droit international ». François BAYROU s’est exprimé plusieurs fois, ces dernières années, en faveur de l’interdiction pour l’Iran d’accéder à l’arme nucléaire.
Permettez-moi de citer directement quelques passages des interventions de François BAYROU sur le sujet :
« Il y a une leçon que nous devrions avoir apprise dans le plus noir de l’histoire, c’est la leçon de Munich. Quand les mots sont des menaces, il faut les prendre au sérieux, surtout quand les mots sont servis par la force des armes ».
« Le jour de Munich, toute la démocratie d’opinion, les sondages, les applaudissements fêtaient les signataires. Daladier a murmuré : « quels cons ! ». Un jeune professeur d’histoire était l’éditorialiste du journal l’Aube. Ce jeune professeur allait être un jour, après l’arrestation et le suicide de Jean Moulin, le Président du Conseil National de la Résistance. Il s’appelait Georges Bidault. Le jour de Munich, Georges Bidault écrivait ceci qui a été une maxime de ma vie –dit François BAYROU- : « Lorsqu’il s’agit de dire NON, le meilleur moment pour le faire, c’est le premier ».
Dans son discours à l’Assemblée Nationale sur la situation au Proche Orient, François BAYROU déclarait le 7 septembre 2006 :
« Que le Ministre Français des Affaires Etrangères se rende à l’Ambassade d’Iran à Beyrouth, et délivre un brevet de respectabilité en désignant l’Iran comme une puissance stabilisatrice dans la région, nous a paru un risque que la France n’aurait pas du prendre ». Il ajoutait : « les Gouvernants Iraniens actuels sont engagés dans une double obsession mortifère : l’appel sans ambiguïté à la destruction d’Israël et la décision d’acquérir la puissance nucléaire. Et l’obsession de la destruction d’Israël donne à l’obsession nucléaire sa portée ».
François BAYROU ajoute : « Quand le Président Iranien déclare en juillet : le problème fondamental du monde musulman est l’existence du régime sioniste qui doit être éliminé. Quand il déclare en octobre dernier : comme l’a dit l’imam Khomeiny, Israël doit être rayé de la carte…la nation musulmane ne permettra pas à son ennemi historique de vivre en son cœur même » ce qu’il dit, estime François BAYROU doit être mis en rapport avec la question du contrôle de l’arme nucléaire.
S’exprimant à la tribune de l’Assemblée Nationale, François Bayrou ajoutait : « La France veut l’existence, la paix et la sécurité d’Israël. La France voit un lien entre l’existence, la paix, la sécurité d’Israël avec l’équilibre du monde. Non pas seulement parce que des résolutions diplomatiques ont été prises, depuis 1948, qui ont donné force de loi internationale à cette existence. Mais parce que la France a vécu comme une blessure pour l’ensemble de l’humanité, une blessure pour le visage du monde, le sort fait pendant des siècles à ce peuple d’exilés, à ce peuple sans terre, sort qui a débouché, dans la folie hitlérienne et nazie, jusqu’à une shoah, une catastrophe à l’échelle de l’humanité. C’est une blessure pour l’ensemble de l’humanité qu’une tentative délirante et planifiée, en Europe, sur notre terre, chez nous, et parfois avec l’aide et la complicité de nos compatriotes, ait décidé et réalisé l’extermination des femmes, des enfants, des malades, des filles et des garçons, des sages et des savants, et jusqu’au plus ordinaire des enfants du peuple juif. De cela, nous nous sentons débiteurs. Non pas seulement à l’égard du seul peuple juif, mais à l’égard du peuple humain. »
« C’est pourquoi nous considérons, ajoute François Bayrou, nous la France que la décision qui s’est forgée dans le peuple juif de retrouver une terre, un foyer et une patrie, est une décision dont l’humanité est solidaire. Ceux qui si longtemps avaient enduré, ceux que si longtemps on avait pliés, ceux qui n’avaient pas d’armes et dont les mains étaient nues, se sont levés, à bout de désespoir et d’humiliation et d’infinie douleur et ont dit « plus jamais ». Et ils ont dit « plus jamais » non seulement au nom des victimes de Dachau, d’Auschwitz, de Drancy ou de Gurs, mais au nom des générations humiliées dans la suite des siècles. La France doit être solidaire de ce « plus jamais ».
Pour François Bayrou, l’évocation de cette page si noire de notre histoire et ses conclusions que l’on peut résumer à ces deux mots « plus jamais » suffisent à résumer la position qui est la sienne sur l’Iran d’Ahmadinedjad. Cette position est, rappelons-le, l’intransigeance dans le respect du droit international. Et cette position ne doit souffrir d’aucune inflexion, d’aucun compromis car l’histoire est là pour exiger de nous cette attitude d’extrême fermeté.
Je vous remercie.