Le dimanche 17 juillet 2011, des centaines de personnes se sont rassemblées, le long du Square de la Place des Martyrs Juifs du Vélodrome d’Hiver, afin de rendre hommage aux victimes juives des rafles mais également pour affirmer leur détermination à éradiquer l’antisémitisme et le racisme. Cette commémoration était organisée dans le cadre de la Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’Etat français et d’hommage aux « Justes » de France.
La Cérémonie a débuté par les prières des Rabbins Alain Goldmann et Olivier Kauffman. Ce fut ensuite Annette Zaidman, enfant cachée, dont une grande partie de sa famille fut déportée, qui apporta son émouvant témoignage en soulignant le travail de mémoire effectué par Serge et Beate Klarsfeld.
C’est en qualité de vice-président du CRIF que Me Ariel Goldmann a pris la parole. Il a évoqué les conditions atroces des Juifs raflés en 1942 : « Le Vel d’Hiv de sinistre mémoire, allait déverser son lamentable troupeau à Drancy, d’où, par Bobigny il partirait pour Auschwitz ». Il a décrit la France de l’indifférence, la France de la collaboration mais aussi, il a mis l’accent sur la France « de ces Justes qui, loin d’être indifférents au sort des Juifs, sauvèrent tant et tant des nôtres ». Me Goldmann a mis en garde contre la banalisation sémantique qui vise à amalgamer génocide et Ghetto de Varsovie avec Gaza. Il a condamné la campagne de délégitimation d’Israël. « Les appels des mères qui s’élevèrent de ces lieux, il y a 69 ans, les pleurs des enfants nous interpellent », a-t-il déclaré.
L’assistance fut saisie d’émotion à l’écoute de Madame Veillith, évoquant sa grand-mère, protestante, née Dora Rivière, médecin ophtalmologiste qui, dès 1941, s’est engagée dans la Résistance. Elle a créé des filières de sauvetage permettant de cacher un nombre d’enfants juifs, avec l’aide de son frère, propriétaire d’une société de transport, notamment à Chambon-sur-Lignon.
Dans son propos, Raphaël Esrail, Président de l’Union des Déportés d’Auschwitz (UDA.), a plaidé pour la création d’un espace muséographique sur le site d’Auschwitz-Birkenau, tout en respectant l’authenticité des lieux : « Nous haïssons Birkenau mais une partie de nous-même est restée la bas ». Il a fait part du soutien qui lui est apporté par des survivants à travers l’Europe, de Simone Veil, Présidente d’Honneur de l’UDA et des institutions françaises telles la Fondation pour la Mémoire de la Shoah (FMS) et le CRIF. Il a évoqué le travail inlassable de mémoire : « Saluons notre Nation qui nous réunit pour ne pas oublier ».
Marc Laffineur, Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de la Défense et des Anciens combattants, est revenu sur le tragique sort des victimes de la Rafle : « Juifs, ils étaient fiers, sans doute, d’être du pays des Lumières et des droits de l’Homme (…) Une telle trahison était inimaginable. En ce mois de juillet 1942, elle a pourtant eu lieu (…) Aujourd’hui, la France se souvient ». Marc Laffineur, pour saluer les Justes, a cité le Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l’Univers tout entier ». Il a ajouté : « Dans un monde en délitement, les Justes ont sauvé l’univers (…) Les Justes ont porté haut les valeurs de la France ». En rappelant le discours du Président Chirac en juillet 1995, M. Laffineur a cité le Président Nicolas Sarkozy : « Les valeurs [de la France] s’opposent irréductiblement au racisme et à l’antisémitisme » (dîner du CRIF, Paris, 9 février 2011). Le Secrétaire d’Etat a appelé à la vigilance et au travail de mémoire : « c’est une mémoire en acte qui porte les valeurs de la France éternelle ».
Comme les années précédentes, la partie artistique fut assurée par Talila, accompagnée de Teddy Lasry. La Garde républicaine et les porte-drapeaux étaient au rendez-vous. La présentation était faite par Laurent Bellini.
De nombreuses personnalités se sont associées à la Journée nationale, sans oublier les anciens déportés et résistants juifs qui, par leur présence, ont honoré cette commémoration. Ainsi, y ont pris part, en leurs qualités : M. Goetschel, représentant l’Ambassadeur d’Israël, Bertrand Delanoë, Anne Hidalgo, Danielle Hoffman-Rispal, Martine Billard, Roger Fichtenberg, Jean Tibéri, Dominique Bertinotti, Lyne Cohen-Solal, Catherine Vieu-Charrier, Simone et Antoine Veil, Joël Mergui, Ady Steg, Serge et Beate Klarsfeld, Marceline Loridan-Ivens, Claude-Gérard Marcus, les Rabbins Haim Korcia et Moshé Lewin. Le CRIF était représenté par Jacqueline Keller, Francis Kalifat, David-Olivier Kaminski, Pascal Markowicz, David Fuchs et Haim Musicant. Peggy Frankston représentait le Musée de l’Holocauste, de Washington.
Cette cérémonie, initiée par Henry Bulawko, a été mise en place, conjointement, par le Ministère de la Défense (DMPA) et la Commission du Souvenir du CRIF, présidée par Claude Hampel.
Photo : © 2011 Alain Azria