Le Pavillon d’Armenonville, dans le Bois de Boulogne où, à l’initiative du CRIF, le Premier ministre israélien s’est adressé à la communauté juive de France le 24 juin 2009, était littéralement plein à craquer.
Une véritable ovation a accueilli Benjamin Netanyahu à son arrivée dans la salle qui a entonné « Événou Chalom Aleihem » avant que le Président du CRIF, Richard Prasquier, accueille officiellement le Premier ministre israélien. Dans son allocution, Richard Prasquier a rappelé l’admiration de son père pour Wladimir Jabotinsky. « Votre fonction est exceptionnellement difficile » a-t-il dit à Benjamin Netanyahu « car elle est existentielle ». Et pourtant, « pour lourdes qu’elles soient, ces responsabilités ne vous écrasent pas ». Pour le CRIF, qui a pour caractéristique de laisser les différences s’exprimer en son sein, Israël est un pays qui fait partie de nous-mêmes. Israël, c’est l’État du peuple juif car, a tenu à affirmer avec force le président du CRIF, il existe un peuple juif et, d’ailleurs, peu de groupes humains peuvent prétendre à un lien aussi étroit avec une terre. « Nous sommes des Juifs français et sionistes ».
Pour ce qui est de l’Iran, « les masques sont tombés » a dit Richard Prasquier qui a également évoqué le sort terrible de Guilad Shalit qui est prisonnier depuis trois ans alors qu’on s’apprête à faire de Marwane Barghouti le citoyen d’honneur d’une ville de France. « Bonne chance à vous, à Israël, au peuple juif, dans la liberté et la démocratie » a conclu le président du CRIF. Lui succédant, Ariel Goldmann a mis l’accent sur le côté unitaire de ce rassemblement à l’unisson de l’État d’Israël, État juif avec sa capitale, Israël.
Joël Mergui, qui s’est exprimé en partie en hébreu, a rappelé la solidarité des Juifs de France avec Israël, la centralité de Jérusalem et assuré : « Nous sommes avec vous ! »
Le Grand rabbin Bernheim a choisi de s’exprimer en hébreu, d’un bout à l’autre de son intervention qu’il a conclue par ces mots : « Chalom vé kol Touv ».
Lorsqu’il prend la parole, Benjamin Netanyahu est longuement acclamé par le public debout.
Il structure son discours autour des préceptes traditionnels de Hillel l’Ancien : Si je ne suis pas pour moi, qui le sera ? Et si pas maintenant, quand ?
« Personne ne défendra les Juifs si les Juifs ne se défendent pas tout seuls ». « Israël est l’État-nation du peuple juif dans la terre d’Israël ». C’est ce qu’il a rappelé au président Nicolas Sarkozy lors de leur rencontre et c’est cela qui manque pour aboutir à la paix : ce minimum, la première des choses que le voisin palestinien doit reconnaître. Et si je suis seul, qui suis-je ?, ajoute le Premier israélien expliquant que nous devons nous préoccuper des autres, de la région et, notamment des Palestiniens. Un processus de développement économique devra être mis sur pied parallèlement aux négociations de paix. Une action qui pourra se faire en coordination avec la France, l’Union Européenne et les États-Unis.
Si pas maintenant quand ? En rappelant l’adage d’Hillel, Benjamin Netanyahu avait en ligne de mire l’Iran. Mais quand donc appliquera-t-on des sanctions efficaces qui fassent tomber ce régime ? Le vrai visage de l’Iran a été dévoilé dit le Premier ministre israélien qui rend hommage au courage du peuple iranien. Il est persuadé que la liberté finira par gagner et, par ricochet, la paix. Comme le lui a redit le président Sarkozy, « il est interdit que ce régime développe l’arme nucléaire ». C’est pourquoi il faut agir sur tous fronts pour éviter la nucléarisation de l’Iran. Il faut repousser les extrêmes tout en aidant les modérés.
Et Benjamin Netanyahu de conclure : « Paris est la capitale de la France. Jérusalem est la capitale d’Israël, notre capitale depuis 3000 ans. Elle restera unie, sous contrôle israélien et garantira la liberté de culte pour toutes les religions.
À la tribune avaient pris place : Guilad Erdan, ministre israélien de l’Environnement, Richard Prasquier, président du CRIF, Ariel Goldmann, vice président du FSJU, représentant Pierre Besnaïnou et vice président du CRIF, Joël Mergui, président du Consistoire Central, le Grand rabbin de France, Gilles Bernheim, Daniel Shek, ambassadeur d’Israël en France, le Grand rabbin de Paris, David Messas, Daniel Bensimon, député à la Knesset et Meyer Habib, vice président du CRIF et brillant animateur de la soirée qui s’est chargé de la traduction simultanée des propos du Premier ministre israélien.
Dans la salle, on notait la présence de nombreuses personnalités parmi lesquelles Nicole Guedj, ancien ministre et nouvelle présidente de la Fondation France-Israël, l’ambassadeur Jean-Michel Casa, Claude Goasguen, maire du 16ème arrondissement de Paris, Pierre Shapira, adjoint au maire de Paris, le Grand rabbin Goldmann, Claude Lanzman, Patrick Baudouin, député-maire de Saint-Mandé, Enrico Macias, le général Yossi Ben Hanan, héros de la Guerre du Kippour ou encore l’ingénieur général Darmon, Philippe Karsenty et Shimon Samuels, du Centre Simon Wiesenthal.
Outre le directeur général du CRIF, Haïm Musicant, entouré de son staff très actif, l’institution était représentée par plusieurs membres du Bureau Exécutif : Nathalie Cohen Beizerman, Jean-Pierre Allali et Raoul Ghozlan ainsi que par de nombreux membres du Comité Directeur.
Avant d’entonner les hymnes nationaux, l’Hatikva et la Marseillaise, un cadeau a été attribué à Claude Goasguen et la médaille du CRIF remise à Benjamin Netanyahu.
Une soirée tout simplement remarquable qui a réconforté et, d’une certaine manière, rassuré la communauté juive.
En début d’après-midi, une délégation de la communauté conduite par le président du CRIF et l’ambassadeur d’Israël, en présence d’Eric Besson, ministre de l’Immigration et de S.E. Jean-Michel Casa, ambassadeur de France en Israël, avait accueilli, à son arrivée à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, le Premier ministre israélien.
Photo: Bernard Musicant