Les élections de mi-mandat aux Etats-Unis correspondent au renouvellement des 435 sièges de la Chambre des représentants, du tiers des sièges au Sénat et des postes de gouverneurs d’Etats américains. Les dernières élections de mi-mandat ont eu lieu le 2 novembre 2010, soit 2 ans après l’élection du président américain Barack Obama.
Leur résultat a été clair. La majorité des sièges à la Chambre des Représentants est maintenant occupée par le parti Républicain, tandis que le renouvellement au Sénat a été également favorable aux Républicains –bien que la majorité au Sénat reste démocrate. « Le Sénat n’est pas perdu », a souligné Leah Pisar. « Barak Obama se trouve dans une situation identique a celle de Bill Clinton qui a essuyé un échec en 1994. Ce fut encore la situation de de Ronald Reagan en 1984. » Or ces deux anciens présidents américains ont été réélus à la présidentielle. « La cohabitation avec les Chambre des Représentants passée aux Républicains et le Sénat aux Démocrates est la norme aux Etats Unis. Ce phénomène à mi-mandat est typique. »
Mais comment expliquer ce changement de majorité à la Chambre des représentants ? « Aujourd’hui, il y a les symptômes d’une Amérique lasse et mécontentée », avance Leah Pisar. « Les attentes étaient très fortes au moment de l’élection du Président Obama en 2008. Les indépendants centristes, appelés « swingvoters », sont ‘’ partis’’ à droite, et les femmes et les jeunes se sont démobilisés au moment de cette élection de mi-mandat. Et puis Barak Obama a très mal communiqué. En dehors du plan Santé qui a été adopté, il y a un problème de communication du Président des Etats-Unis. »
Face à ce bilan, le mouvement fondé par Michele Bachman, Tea Party (acronyme de « tax enough already ») a fait des adeptes. Il accuse Barak Obama d’être religieusement musulman et idéologiquement bolchévique. Quel rôle jouera le Tea Party pour les élections de 2012 ? L’émergence du mouvement populaire Tea Party n’est-il pas le symptôme que le parti Républicain n’est pas en mesure d’organiser l’opposition ? Il est en tous cas clair que la figure opposée du camp républicain, Sarah Palin, ne serait pas en mesure d’être élue présidente des Etats-Unis.
Suite à ces élections de mi-mandat, il apparaît que Barak Obama va devoir gouverner autrement, et en particulier sur le plan économique. L’Amérique connaît à l’heure actuelle un chômage qui frôle les 10%, et elle doit veiller à réduire son déficit.
En matière de politique étrangère, le Président Barak Obama avait fait de la ratification du traité START (traité sur la réduction des armements stratégiques) l’une de ses priorités. Il continue à combattre le terrorisme, mais sur le terrain extérieur, Obama va devoir revoir sa stratégie. La bataille contre la terreur, qui avait commencé avec l’Afghanistan et s’était poursuivie avec Georges Bush en Irak, a « dérapé ». Selon Leah Pisar, « Al Qaïda s’est allié avec l’Iran. Les choses vont de plus en plus mal. George W. Bush et Barak Obama ont un point commun : ils ne font pas la guerre contre l’Islam mais contre le terrorisme destructeur. » Selon Léah Pisar, l’Afghanistan est devenu « la » guerre » » de Barak Obama. Or, cette guerre en Afghanistan n’est pas la préoccupation majeure des américains, qui est actuellement plus centrée sur l’économie. C’est dans ce contexte que le Président des Etats-Unis retire les troupes américaines d’Irak et amorce le redéploiement de ces forces d’Afghanistan. Il doit parvenir à établir plus de stabilité pour contenir l’extrémisme. »
S’agissant des relations des Etats-Unis avec Israël, Léah Pisar a souligné que la Secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, a été, par le passé, plus « pro-israélienne » qu’aujourd’hui. Il y a dix ans, elle défendait « Jérusalem, capitale une et indivisible ». Barak Obama a la volonté de faire progresser et d’avancer sur le dossier israélien avec le représentant spécial américain George Mitchell. Mais pour ce qui concerne le vote des juifs aux Etats-Unis, traditionnellement plus tourné vers les démocrates, il a baissé aux dernières élections américaines, notamment en raison de l’attitude du Président Obama vis-à-vis d’Israël, et à cause de la ‘’propagande’’ relative qui a été faite sur son identité religieuse musulmane, alors qu’il est censé être chrétien.
Leah Pisah a souligné que « L’essentiel n’est pas de gagner la guerre mais de gagner la paix ». En effet, l’Amérique doit être crainte, mais aussi aimée. Sur ce plan, Barak Obama a reçu en 2009 le prix Nobel de la Paix… précisément parce qu’il n’était pas George W. Bush.
Photo : D.R.