Le syllogisme est séduisant et il aurait été pertinent si tout n’avait pas été faux dans son énoncé : Non, Cohn-Bendit, n’est pas un animateur de JCALL, il n’appelle pas au boycott d’Israël, lequel boycott est clairement rejeté par JCALL.
Il est vrai que la position de DCB sur cette épineuse question n’est pas d’une grande netteté. Elle consiste à soutenir la liberté de se prononcer sur le boycott sans toutefois endosser cette conviction. C’est flou, pas franchement courageux, éminemment contestable, mais cela ne peut s’assimiler à un appel au boycott. Par comparaison, les éminentes personnalités qui réclament l’abrogation de la loi Gayssot au nom de la liberté de l’enseignement ne sauraient être confondues avec des négationnistes.
Quoi qu’il en soit, l’expression du leader d’Europe Ecologie dans cette affaire, qu’on l’approuve ou qu’on la réprouve, lui est tout à fait personnelle. Signataire comme 7.500 autres de JCALL, mais ne faisant pas partie de ses instances, il n’a ni la qualité ni la prétention d’engager cette organisation. A JCALL, la cause est entendue et elle ne fait pas débat : nous n’admettons pas qu’une punition collective d’un autre âge soit infligée à Israël.
D’ailleurs, dans mon dernier billet je développai la thèse selon laquelle cette violente campagne antisioniste devait être combattue par la gauche au nom des idéaux de gauche. Ayant un peu de suites dans les idées, je suis fier d’annoncer que Le Monde publiera sous peu la première condamnation d’envergure du boycott d’Israël, sous la signature commune de personnalités de premier plan du monde politique, culturel et artistique. Nos procureurs seront ravis d’apprendre que cet appela été lancé à l’instigation de JCALL et signé par tous les membres de son bureau. Qu’ils n’en tirent cependant aucune gloire : l’initiative est plus ancienne et a des visées autrement plus importantes que mettre un terme à une polémique que l’on a tenté d’instruire sans succès en inventant à Israël des ennemis qui n’en sont pas.
(RCJ 29 octobre)
Photo : D.R.