Il n'aura pas fallu très longtemps à la soixantaine de délégués composant le Comité International de Liaison Catholique-Juif – ILC -, venus des États-Unis, d'Europe, d'Israël, d'Australie, d'Amérique Latine et d'Afrique, représentant, d'une part, les onze organisations juives regroupées dans le Comité Juif International pour les Consultations Religieuses – IJCIC - et d'autre part la Commission du Vatican pour les Relations Religieuses avec les Juifs, pour élaborer leur communiqué final. Ce qui a montré leur cohésion, leur proximité de vues et l'importance du chemin parcouru depuis Nostra Aetate en 1965, après deux millénaires d'incompréhension. Il est vrai que ces quatre jours très denses passés ensemble leur auront permis « d'approfondir leurs relations personnelles, » ce qui, après quatre jours de travaux, a débouché sur un « désir partagé d'affronter ensemble les défis énormes auxquels catholiques et juifs sont confrontés. » Des défis nés de l'état d'un monde qui subit « des transformations rapides et imprévisibles » et où ces responsables éprouvent « un devoir religieux commun d'aider à soulager les conséquences globales de la pauvreté, l'injustice, la discrimination et le déni de droits humains universels. » A cet égard l'ILC s'est dit tenir particulièrement compte de « l'appel des jeunes générations qui veulent une véritable liberté et une participation pleine et entière au sein de leur société. » Pour cette session, l'ILC avait d'ailleurs donné toute leur place à de « jeunes responsables des deux religions » qui s'étaient rencontrés auparavant lors d'une session de préparation de trois jours.
Autre point souligné avec « une profonde tristesse » : celui de « la violence ou du terrorisme perpétré « au nom de Dieu, » y compris les violences accrues contre des chrétiens et les appels à la destruction d'Israël. » L'ILC « déplore tout acte de violence perpétré au nom de la religion car il détourne la nature même d'une relation authentique avec Dieu. »
Quant à l'avenir, « l'ILC s'est engagé à œuvrer pour la paix pour les peuples de la région du Moyen-Orient et du monde, à informer les groupes de dialogue entre juifs et chrétiens en Europe et en Amérique Latine, à collaborer sur les questions sociales et éthiques, à épauler les futures générations de jeunes responsables pour qu'ils puissent continuer à construire les réalisations historiques de ces quatre dernières décennies. » Enfin, « profondément convaincus de l'importance » de ces « bonnes relations entre chrétiens et juifs à tous les niveaux, » les délégués veulent y voir « un paradigme pour d'autres dialogues. »
Lors de la dernière journée de cette 21éme session, il y a eu la visite de la synagogue de la Victoire à Paris, ce « haut lieu du judaïsme français » comme le rappelait Joël Mergui, Président du Consistoire central et du Consistoire de Paris, institutions « qui ont plus de deux siècles...et accompagnent les juifs dans tous les moments de leur vie. » Institutions dont le Président du CRIF soulignait toute l'importance. Le grand rabbin de Paris évoquait la Paracha de la semaine et les paroles de Dieu, si appropriées puisqu'il dit : « construisez un sanctuaire pour que je puisse résider parmi vous. » Représentant le Vatican, le Cardinal Koch, soulignait à nouveau la nécessité d'un « dialogue entre deux convictions et du respect des deux, » rappelant que « le christianisme n'existe pas ans le judaïsme. » Pour le rabbin Richard Marker, qui est co-président d'ILC avec le Cardinal Koch, « nous avons été changés les uns par les autres et le plus grand symbole du succès de notre dialogue est que nous sommes devenus frères, ce qui augure bien de l'avenir. »
La journée s'est terminée par une visite privée exceptionnelle de la cathédrale Notre-Dame où ont été évoquées son histoire et la mémoire du Cardinal Lustiger qui fut un grand artisan de ce rapprochement essentiel entre catholiques et juifs.
Hélène Keller-Lind
Photo : © 2011 Erez Lichtfeld
Source : zenit.org