Le CRIF en action
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Publié le 14 Février 2007

Contre le négationnisme et la menace du nucléaire iranien

Une assistance nombreuse a répondu présente à la Mutualité, mardi 13 février, à l’appel du CRIF contre le négationnisme et la menace du nucléaire iranien.


Ce meeting dont l’objectif était d’alerter la classe politique et l’opinion publique a été un véritable succès et a réuni les principaux candidats ou représentants de candidats à l’élection présidentielle ainsi que Christian Poncelet, Président du Sénat, le Maire de Paris, Bertrand Delanoë et François Léotard, ancien ministre. De nombreuses personnalités du monde politique et associatif se sont associées à cette réunion.
Le président du CRIF, Roger Cukierman, a dénoncé le négationnisme du président iranien ainsi que sa volonté d’effacer Israël de la carte. « Hier c’était les juifs. Aujourd’hui c’est Israël qu’on veut anéantir ». Il a souligné le danger que représenterait un Iran hégémonique doté de l’arme nucléaire pour le Moyen-Orient d’abord, mais également pour l’Europe: « L’Iran dispose de missiles de longue portée […] les dirigeants iraniens accusent les occidentaux d’être des impies, des croisés». Le Président du CRIF a également pointé du doigt le risque inévitable de la prolifération nucléaire dans la région : « Naturellement certains pays arabes, comme l’Egypte ou l’Arabie saoudite, et d’autres encore peuvent envisager désormais de s’engager eux aussi dans la course nucléaire ». Roger Cukierman a demandé que des sanctions plus sévères soient envisagées « Ces sanctions doivent aller bien au-delà des sanctions symboliques, édulcorées, inopérantes prises fin 2006 par le Conseil de Sécurité de l’ONU avec l’accord complaisant de la Chine et de la Russie plus gros clients et fournisseurs de l’Iran ». Mais aussi l’interdiction du nucléaire civil tant que l’Iran ne renoncera pas au nucléaire militaire. « On ne peut pas se prévaloir d’un traité qu’on ne respecte pas. Il y a donc peut-être un moyen de droit international d’obtenir que la Russie cesse ses livraisons ». Enfin, le Président du CRIF a insisté pour que tous les moyens de pressions soient mis en œuvre pour éviter une guerre contre l’Iran. « C’est parce que nous ne voulons pas de la guerre que j’en appelle solennellement, fermement, gravement, aux candidats à la présidence de la République. Une totale fermeté à l’égard de l’Iran est le seul moyen de préserver la paix. »
« A chacun d’entre nous de nous rappeler les leçons de l’histoire et de se souvenir. » a déclaré Christian Poncelet. « En 33, Hitler annonce ce qu’il va faire en 39 nous déclarons la guerre qu’à-t-on fait de 33 à 39 ? »a interrogé le Président du Sénat. « Nous ne pouvons accepter sans réagir que le passé soit travesti par le président iranien ». « Espérons que le peuple iranien réagira contre cette dictature contre ce fascisme » a dénoncé Christian Poncelet. « Il est temps de réagir, il est temps d’agir ». Concluant : « Je suis heureux de voir que la France n’est pas divisée dès lors qu’il s’agit de lutter contre l’intolérance, d’assurer l’exigence de mémoire ».
Le Maire de Paris Bertrand Delanoë a dénoncé le pouvoir iranien dans un vibrant plaidoyer pour la démocratie et contre la barbarie. Il a qualifié l’Iran d’Ahmadinedjab de « danger pour l’humanité » car « dès l’instant où un grand pays qui compte dans le monde est dirigé par des personnalités animées par une idéologie totalitaire qui établi une discrimination entre les êtres humains en fonction de leur identité et de leur religion, c’est un danger pour toute l’humanité ». « Nous devons nous mobiliser contre ce pouvoir qui pense qu’un être humain peut être supérieur à un autre en fonction de sa religion. Ce pouvoir est dangereux car il porte en lui le pire que l’on connaisse dans notre humanité aujourd’hui : le négationnisme » a souligné le premier Magistrat de Paris. « Quiconque sur cette planète nie la vérité historique et notamment le génocide le plus cruel, le plus barbare, celui de la Shoah est déjà un danger et un criminel contre l’humanité ». « J’ai regretté de me sentir un peu seul quand au nom de Paris, j’ai voulu m’exprimer et combattre, cette exposition ignoble, indigne, barbare, qui a eu lieu à Téhéran. Nous aurions dû à ce moment là nous mobiliser plus fort ». « Le pouvoir iranien est un danger vital pour le peuple d’Israël mais aussi pour le peuple palestinien parce que ses manipulations au sein de la Palestine empêchent au peuple d’aller vers son aspiration légitime à la démocratie et à la liberté ». « En tant que Maire de Paris et en tant que citoyen je m’engage à ce que la France, à ce que l’Union européenne ne cèdent rien ».
Rudy Salles, Député des Alpes-Maritimes et Président du groupe amitié France-Israël à l’Assemblée nationale, représentait François Bayrou. Il est revenu sur «la situation chaotique en Irak qui a renforcé le rôle de l’Iran dans la région » et « la radicalisation des régimes des mollahs » qui aggravent la situation. «L’Iran a multiplié les menaces tant sur Israël que sur le monde. Volonté affichée de se doter de l’arme nucléaire, menaces sur l’existence d’Israël, négation de la shoah sont devenues les expressions les plus courantes des autorités iraniennes ». « Pour François Bayrou face à l’Iran, la France ne peut avoir qu’une ligne, l’intransigeance dans le respect du droit international ». Rudy Salles a rappelé que François Bayrou s’est exprimé plusieurs fois ces dernières années en faveur de l’interdiction pour l’Iran d’accéder à l’arme nucléaire : « Le jour de Munich, Georges Bidault (Président du conseil national de la résistance au lendemain de l’assassinat de Jean Moulin) écrivait ceci qui a été une maxime de ma vie dit François Bayrou, « lorsqu’il s’agit de dire non, le meilleur moment pour le faire, c’est le premier » ». François Bayrou avait également dénoncé en septembre 2006 « le brevet de respectabilité » délivré par le Ministre des Affaires étrangères à l’Iran en le qualifiant de « puissance stabilisatrice de la région ». Il avait ajouté que l’ « obsession de la destruction d’Israël donne à l’obsession nucléaire sa véritable portée ».
Pierre Lelouche, Député et Conseiller de Paris qui représentait Nicolas Sarkozy, a lu un message du président de l’UMP et candidat à l’élection présidentielle. « Comme vous tous, j’ai été profondément choqué par les propos indignes et inquiétants prononcés par le Président Ahmadinedjab depuis son accession au pouvoir. Je n’ai pas oublié que s’exprimant à la tribune de l’ONU en septembre 2005, entouré croyait-il d’un « halo de lumière », le chef d’Etat iranien avait évoqué je cite, « le caractère intolérable de la présence au sein du monde musulman de son ennemi historique » qui devait être « éliminé ». Un écho aux nazis qui voulait extirper le juif, ce corps étranger de la société ». « S’il est une leçon à retenir du XXème siècle, c’est bien celle de ne jamais sous-estimer celui qui veut rayer de la carte tel ou tel peuple, tel ou tel pays. Celui qui fait de l’antisémitisme, sous couvert aujourd’hui d’antisionisme, une doctrine d’Etat, allant jusqu’à organiser dans la capitale de la république islamique d’Iran une conférence mondiale sur le négationnisme qui rappelle de bien sinistres conférences de ce genre dans l’Allemagne Nazie ou dans la France occupée. » « Avec son comportement irresponsable M. Ahmadinedjab, isole encore plus son pays sur la scène internationale et trahi la confiance de son peuple qui ne se reconnaît pas dans son discours de haine. ». « La France ne transigera jamais avec la sécurité de l’Etat d’Israël, pas plus qu’elle ne doit transiger avec l’antisémitisme et je me souviens qu’aujourd’hui marque le première anniversaire de la mort dans des conditions atroces d’un jeune français juif Ilan Halimi. » « j’ai conscience que la nucléarisation de l’Iran, après son irruption en première ligne du conflit israélo-arabe depuis la guerre du Liban l’été dernier, par le biais du Hezbollah constituera l’un des dossiers les plus brûlants et les plus difficiles que le prochain président de la République trouvera sur sa table dès le 7 mai prochain » « J’aimerais pour ma part que la Communauté internationale soit capable de mettre en place une banque du combustible sous l’égide de l’ONU de sorte à rendre inopérante toute justification pour l’enrichissement de l’uranium. »
Nicole Borvo, Sénateur et Conseillère de Paris, s’exprimait au nom du Parti communiste français et de Marie-Georges Buffet qui « condamne avec la plus grande énergie, les actes et les déclarations antisémites des dirigeants de la république islamique d’Iran et en particulier les discours atterrants du président Ahmadinedjab. » « Le pouvoir de nuisance de telles provocations est réel ». « C’est une façon non seulement d’alimenter l’antisémitisme mais aussi de nourrir ce qu’on appelle le choc des civilisations ». « Nous avons dénoncé avec force la choquante et consternante réunion négationniste à laquelle un certain nombre de personnes d’Europe et de France dont Robert Faurisson ont participé. » « Nous devons aider le peuple iranien à construire une démocratie et un avenir à la hauteur des espoirs qui pointent et qui commencent à s’exprimer timidement dans cette société qui aspire à une modernité ouverte sur le monde et les valeurs humaines. » « L’exigence du désarmement est pour nous communistes français, une grande priorité et une nécessité. »
Corinne Lepage, Présidente de Cap 21 et candidate à l’élection présidentielle estime « inacceptable qu’un Etat membre de l’ONU propose de rayer de la carte un autre Etat membre de l’ONU ». Elle insiste pour que nous « fassions preuve de courage » car aujourd’hui « nous payons le manque de constance vis-à-vis de l’Iran car nous avons constamment reculé vis-à-vis des engagements qui avaient été pris». « Il ne faut plus donner l’impression que nous reculons par rapport à ce que nous avons imposé » Corinne Lepage a également soulevé la responsabilité probable des pays occidentaux qui vendent du nucléaire civil à l’Iran : « Il y a parfois des choix à faire, y compris dans les domaines commerciaux ». Enfin, la candidate a rappelé l’existence d’un « mouvement en Iran qui s’élève et qu’il faut encouragé pour que l’Iran trouve une voie moins antidémocratique ».
Jean-Louis Bianco, Député des Alpes de Haute Provence et Codirecteur de campagne de Ségolène Royal, a insisté sur le caractère inacceptable de l’insulte faite à la mémoire des victimes de la Shoah et de leur famille et sur le caractère inacceptable des menaces que l’Iran fait peser sur Israël. Il a rappelé que la position de Ségolène Royal a été « ferme et nette ». « L’Iran doit respecter le traité de non prolifération nucléaire qu’il a signé. Mais ce traité ne doit pas faire l’objet d’une lecture naïve » car il « n’est pas difficile d’enrichir le nucléaire pour le militariser » a-t-il ajouté. « Il est donc nécessaire et juste, d’interdire à Téhéran de développer son nucléaire civil, tant que le régime iranien refusera les contrôles sur ses installations. » «Je vous le dit ce soir au nom de Ségolène Royal, la France se doit d’être vigilante, elle ne peut pas transiger, elle ne doit pas transiger, elle ne transigera pas avec la sécurité d’Israël qui est la condition de la stabilité au Proche-Orient. La France est, et restera à ses côtés dans la lutte contre le fanatisme et contre le terrorisme ».
François Léotard a conclu les interventions du de ce meeting, première étape d’une mobilisation plus général. Ovationné par le public de la Mutualité, François Léotard a justifié la nécessité d’un tel meeting. « Nous sommes ici pour exprimer l’inquiétude et la révolte qui nous ont saisies au fil des déclarations successives du Président iranien. Inquiétude et révolte qui n’ont rien d’artificiel, rien d’irrationnel, rien d’excessif, et rien qui ne soit de nature électorale ou lié à nos polémiques internes. Rien qui ne puisse être associé à un bellicisme dont nous savons bien, nous européens, comment il se termine. Car nous savons malheureusement que les programmes qui annoncent le meurtre sont généralement appliqués. Nous ne sommes pas ici, des hommes et des femmes qui souhaitent la guerre. Ceux qui l’imposent, ceux qui la proposent, ceux qui la promettent, doivent savoir simplement qu’ils en paieront le prix.» « Nous sommes attachés de toutes nos forces, de toute notre conscience, de toute notre volonté à l’existence d’Israël. A l’existence d’un Etat qui représente pour l’humanité un bien précieux, précieux pour sa culture, son histoire, précieux par son courage, précieux par l’exercice exigeant de sa démocratie». « Ceux qui poussent au fanatisme sans être en première ligne, ne méritent aucun respect. Ils font la guerre par misère interposée. Et c’est la misère dans leur propre pays qui finira par les chasser. » « La volonté de refuser ce que l’Histoire a établi et ce dont votre communauté à souffert, ce qu’elle nous a demandé de transmettre ; c’est un crime qui s’ajoute aux crimes anciens ». « La France s’honorerait si elle mettait à l’ordre du jour du prochain Conseil européen, l’interdiction au président iranien de pénétrer sur le territoire de l’Union Européenne. Oui Monsieur Ahmadinedjab est indésirable en Europe, il n’a rien à faire, rien à dire, rien à négocier tant qu’il n’a pas renoncé publiquement à ses propos.» « Cette mesure consiste à dire aux 500 millions d’Européens, « voilà ce à quoi nous sommes attachés » ».
Le meeting du CRIF à la Mutualité avait été précédé par un rassemblement au mémorial de la Shoah. Les personnes présentes ont observé une minute de silence avant de se rendre en cortège à la Mutualité.
Vous pouvez visualiser quelques photos du meeting en cliquant sur le lien suivant : http://www.crif.org/?page=album/detail_album&albyd=12&pid=162&returnto=accueil/main