En publiant en janvier dernier mon livre « Des gens très bien », j’ai pu constater la persistance effarante - et non masquée - d’une fidélité à Vichy, dès que l’on pose la question de la responsabilité directe de nos familles.
J’ai pu également ressentir la gêne troublante d’une partie de l’intelligentsia française - juifs compris - à « prendre le parti des Juifs » ; comme si la neutralité seule était « de bon aloi ». Comme si la prudence était de mise...
Depuis janvier, je suis donc de plus en plus sidéré par le fait que les antisémitismes divers acculent les représentants de la communauté à des propos « défensifs » et non... joyeux !
Plus personne ne s’enthousiasme publiquement pour le judaïsme français, pour ce qu’il apporte d’original à notre République. On n’entend plus qu’une parole craintive, repliée, comme s’il ne fallait pas formuler la chance inouïe que représentent pour la France un judaïsme qui doit rester heureux.
Il y a dans l’aventure juive - et singulièrement dans le judaïsme tricolore - un ferment inespéré de changement. Les enfants du Talmud sont éduqués pour être des êtres de changement, des hommes et des femmes questions, des frères et des sœurs du point d’interrogation. C’est incroyablement bénéfique pour la communauté française, disons-le ! Avec un énorme sourire. En sortant définitivement le judaïsme de ses habitudes pudiques et de retrait. Dans une société de communication, c’est une erreur dangereuse !
L’antisémitisme sournois ou affiché - confondant si souvent Israël et la diaspora - ne doit plus conduire à une parole défensive, sans gaieté.
Alexandre Jardin
Photo : © 2011 Erez Lichtfeld