Le CRIF en action
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Publié le 28 Février 2011

Dialogue et réflexion pour la séance inaugurale de la 21ème session des rencontres biennales entre catholiques et juifs

C'est dans le cadre épuré du Collège des Bernardins à Paris que s'est tenue le 27 février la séance inaugurale marquant le quarantième anniversaire du Comité de liaison catholique-juif. Elle a rassemblé des cardinaux, évêques, rabbins, personnalités du monde non religieux, dont des ambassadeurs, tous venus des quatre coins du monde pour quatre jours de travail centrés sur ce thème : « quarante années de dialogue, réflexions et perspectives d'avenir. »




Au cours de cette séance six personnalités ont évoqué l'histoire des relations entre catholiques et juifs, si difficiles pendant deux millénaires, comme le rappelait Richard Prasquier, Président du CRIF, qui dressait un rappel historique, ou mentionnait la douloureuse affaire des enfants Finaly qui ne trouva son épilogue qu'en 1953. Mais ces relations ont connu avec Vatican II et Nostra Aetate en 1965, ou pour la France la Déclaration de Repentance de l'Episcopat français en 1997, souvent évoqués, « une mutation irréversible, » notait le Cardinal Kurt Koch, représentant la Commission du Saint Siège pour les Relations avec les Juifs.



Ce fut longtemps, en effet, un « enseignement du mépris, » décrit par Jules Isaac, souvent évoqué, qui œuvra pour un changement, et dont la photo ornait la salle, avec celles du Grand Rabbin Kaplan, du Cardinal Lustiger qui fut à l'origine de ce rapprochement entre catholiques et juifs et du Cardinal Decourtray qui joua aussi un rôle primordial dans l'amorce de ce dialogue. Deux Cardinaux à qui l'archevêque de Paris et Président de la Conférence des évêques, le Cardinal Vingt-Trois, rendait hommage. Celui-ci rappelait aussi, avec d'autres, que les débuts de ce dialogue ne furent pas toujours aisés. Et si depuis il y a eu des succès, il reste des défis pour l'avenir, soulignait le rabbin Richard Marker, Président du Comité International pour les Consultations Interreligieuses.



Parmi ces succès des images fortes ont été évoquées : celle de Jean-Paul II priant au Mur à Jérusalem, ou le Pape Benoît XVI se rendant dans une synagogue de Rome, celle aussi, dans une yeshiva de New York, du Grand Rabbin Lau tombant dans les bras du Cardinal Lustiger qu'il avait pourtant vivement critiqué auparavant.



C'est que les choses ne sont pas si simples, rappelait le Grand rabbin Gilles Bernheim. Il y a asymétrie, par exemple, car si « les Juifs peuvent enseigner leurs Ecritures sans se référer aux Evangiles, » « les catholiques, eux, refusent le message du judaïsme mais ne peuvent se couper de leurs racines. » Et si « après l'enseignement du mépris il y a aujourd'hui l'enseignement de l'estime, » cela ne concerne « qu'une toute petite minorité de chrétiens et de juifs. »



Parmi les autres thèmes évoqués il y a eu le souhait d'inclure dans ce dialogue les croyants de « la troisième religion abrahamique » ou « le sort des chrétiens persécutés et la nécessité de les protéger. »



L'occasion ne se prêtait pas à la politique mais le souhait de voir la paix à Jérusalem a été exprimé. Et un hommage a été rendu à toutes les associations qui oeuvrent aussi pour ce rapprochement, parmi elles, l'Amitié Judéo-Chrétienne ou Yahad-inUnum, que préside le Père Patrick Desbois, chargé des Relations avec le Judaïsme et cheville ouvrière de cette rencontre à Paris. Le choix de la France était d'ailleurs salué par le ministre de la Coopération, Henri de Raincourt, qui représentait le Président de la République, le Premier ministre et le gouvernement.



Hélène Keller-Lind



Photo : © 2011 Erez Lichtfeld