Parmi les personnalités marquantes qui ont participé à ce dîner, le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon et Primat des Gaules, le Grand Rabbin de la région Rhône-Alpes, Richard Wertenschlag, les deux maires de Lyon et de Villeurbanne, Gérard Collomb et Jean-Paul Bret, accompagnés de leurs adjoints, le général Xavier Bout de Marnhac, gouverneur militaire de Lyon, Pierre Trotel, premier président de la cour d’appel de Lyon, et Harry Sullivan consul général des Etats-Unis. On comptait également dans l’assistance, la présence des Consuls de Suisse, Pologne, Allemagne et de Grande-Bretagne.
Pour la première fois depuis de nombreuses années, aucun des représentants de la communauté musulmane, pourtant habitués à prendre part au dîner annuel du CRIF, n’était présent, la plupart n’ayant pas répondu aux invitations qui leur avaient été envoyées. Le Recteur de la mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, et certaines autres personnalités musulmanes qui avaient tout d’abord indiqué qu’ils viendraient, se sont par la suite fait excuser.
L’arrivée des invités, aux alentours de 21 heures, a été perturbée par un groupe d’une cinquantaine d’individus brandissant des drapeaux palestiniens, aux cris de : « les juifs, c’est vous les terroristes » et « Israël assassins, Sarkozy aussi ». Les forces de police ont maintenu à bonne distance la manifestation qui s’est dispersée au bout d’une heure.
Prenant le premier la parole, Marcel Amsellem a énuméré les principaux actes de violence antisémite commis ces dernières semaines en France. Il a exprimé au président du Sénat et aux élus sa vive inquiétude, rappelant les propos de Nicolas Sarkozy, invité du dîner en 2003 et alors ministre de l’intérieur : « Chaque fois qu’un juif est insulté ou bafoué, parce que juif, c’est la République dans son ensemble qui est bafouée ».
« Notre communauté a généré des amoureux et des militants de la République », a-t-il poursuivi. « Cette communauté vit aujourd’hui très douloureusement la tentative d’une certaine partie de l’opinion, manipulée par les politiciens populistes, de la placer, tout en la marginalisant, dos à dos avec ceux qui sifflent la Marseillaise. Cela nous est insupportable ! »
Richard Prasquier s’est adressé à son tour au public et au président du Sénat, dans un discours particulièrement fort, où il a dénoncé l’indifférence de l’opinion vis-à-vis des catastrophes humanitaires autres que celles du proche Orient. Il a fortement critiqué le caractère tristement sélectif des militants anti-israéliens envers leurs « frères musulmans martyrs » de Gaza, alors qu’ils oublient les centaines de milliers de ces même « frères musulmans », massacrés au Darfour.
« Nous souffrons de la mort des populations civiles innocentes, qui est insupportable et ne peut être acceptée », a-t-il déclaré. « Nous sommes très profondément pour l’existence d’un Etat palestinien, nous sommes très profondément pour l’existence de la paix au Proche Orient, et nous sommes très profondément convaincu que l’obstacle essentiel à la paix et à la coexistence dans cette région, c’est le Hamas, et que ceux qui manifestent avec et pour le Hamas manifestent contre la paix, et que c’est nous qui manifestons pour la paix. »
« Je recommande à ceux qui n’ont pas lu la charte du Hamas de la lire très attentivement », a-t-il poursuivi. « Par exemple, article sept : pour hâter le jugement dernier et la rédemption, il faut que chaque musulman tue « son juif ». Pas son israélien. Son Juif. « …Et chaque arbre dira, il y a un juif derrière moi, tues-le ! »… Il n’y a pas de « conflit intercommunautaire », a ajouté Richard Prasquier. Vous ne trouverez pas de mosquée sur laquelle des cocktails Molotov aient été lancés. Ce sont les juifs de ce pays qui sont atteints, parfois dans leurs bâtiments, parfois dans leurs corps, mais tous dans leurs cœurs… Je vous le dis, comment voulez-vous que nous parlions à des gens qui nous traitent de « génocidaires » ?... Le combat que nous devons mener ne doit pas intéresser que la population juive, mais la démocratie tout entière. Il y va du sens des valeurs que nous voulons inculquer à nos enfants. »
Pour la newsletter du CRIF, Marcel Amsallem exprime au lendemain du dîner sa satisfaction : « Le dîner s’est bien passé, mais nous ressentons une grande inquiétude. Nous avons exprimé au président du Sénat, cette vive inquiétude et l’angoisse qui étreint les Juifs de France. »
Photo : © 2009 CRIF