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Mes Chers Amis,
Permettez moi tout d’abord, de saluer les Hautes Personnalités qui nous font l’honneur, l’amitié, de participer à ce dîner qui s’est imposé en événement comme l’est brillamment le dîner national du CRIF qui s’est tenu il y à quelques jours à Paris, en présence du Premier Ministre.
Monsieur le Secrétaire d’Etat,
Monsieur le Préfet de Région, c’est une joie de vous accueillir pour la première fois à cette soirée,
Monsieur le Vice-Président du Sénat et Maire de notre ville,
Monsieur le Sénateur, Président du Conseil Général des Bouches du Rhône,
Monsieur le Président du Conseil Régional Provence Alpes Côte d’Azur,
les Elus, merci d’être fidèles à ce rendez-vous annuel, auquel vous convie le CRIF Marseille Provence,
Je voudrais accueillir avec respect, plaisir et amitié, son Excellence l’Ambassadeur d’Israël en France : vous honorez notre soirée, Monsieur l’Ambassadeur,
Je voudrais saluer avec chaleur les représentants des cultes :
Monsieur le Cardinal Monseigneur Panafieu
Monsieur le Grand Mufti Soheib Bencheikh
Mrs les Grands Rabbins Charles Bismuth et Ruben Ohana
Mr le Vicaire Joachim Tsopanoglou
Le corps Consulaire,
Les Magistrats et représentants de la Justice,
Saluer Monsieur le Préfet de police, chargé de la sécurité intérieure et les différents responsables des services de police,
Les représentants, Présidents des différentes associations et institutions,
Chers amis de la communauté arménienne, venus nombreux,
Les femmes et les hommes de culture, du monde économique, du secteur social, de la Presse,
Monsieur Emile Shoufani, qui a accepté d’être à nos côtés, et que nous aurons le plaisir d’honorer ce soir,
Je voudrais saluer et remercier très sincèrement pour sa présence ce soir, Monsieur Roger Cukierman, qui préside le CRIF. Je veux lui adresser, non seulement un message de sympathie, mais rendre hommage au formidable travail effectué avec toute son équipe.
Mesdames, Messieurs,
Nous savons tous, que la communauté organisée ne regroupe pas, loin s’en faut, tous les juifs de France.
Beaucoup d’entre eux l’ignorent, ou même la contestent, et personne ne peut s’arroger le droit de parler au nom de tous les juifs.
Il n’en reste pas moins qu’un grand nombre de juifs adhèrent librement aux institutions communautaires et participent à ses activités cultuelles, sociales ou culturelles.
Ces juifs organisés se reconnaissent tous dans la représentativité du CRIF qui tente d’exprimer une sensibilité globale, celle de la judaïcité française dans sa diversité et son pluralisme.
Il est ainsi le garant d’une certaine unité dans l’expression politique. ///
L’Histoire nous a montré malheureusement que les juifs ont la nécessité de se rassembler.
Oui, la communauté juive est heureusement organisée, parce qu’il ne s’agit pas seulement de gérer les affaires religieuses d’une collectivité, mais également d’être présent, moralement et politiquement dans la Société Française, pour faire démocratiquement valoir les valeurs auxquelles nous sommes attachées.
A l’heure où les moindres particularismes locaux, culturels ou professionnels s’organisent en groupe de pression, pourquoi la communauté juive ne ferait-elle pas entendre haut et fort, non pas des revendications, mais son attachement à un certain nombres de valeurs à vocation universelle ?
Oui, la communauté juive à un rôle spécifique à jouer à l’intérieur de la Société française, ne serait-ce que pour témoigner que l’on peut être pleinement français tout en revendiquant sa différence.
Le CRIF se veut, comme l’a si bien affirmé le Premier Ministre à l’occasion du 60ème anniversaire de notre institution,
Le CRIF se veut : « un interlocuteur parfois exigeant, mais toujours indispensable. Un interlocuteur qui sait rappeler les grands principes de notre communauté nationale tout en étant fidèle représentant de la communauté juive de France ».
C’est cette volonté, qui nous engage à participer activement aux débats qui traversent la Société française.
En effet, contrairement à ce qui leur est trop souvent reproché par des détracteurs ignorants, les juifs de France n’ont pas une vision communautariste de la Société.
Les ghettos, ils ont déjà donné !
Tout ce qu’ils demandent, c’est de pouvoir vivre et pérenniser leurs traditions, qui loin d’être contraires à celles de la République, les ont de tout temps enrichis.
Etre citoyen, c’est un combat, c’est un état d’esprit, c’est une volonté, c’est une responsabilité.
Et c’est pour ces raisons qu’il nous a paru essentiel de participer au débat qui s’est installé en France autour de la laïcité. Le CRIF a pris position clairement et cette position rejoint celle de l’Etat. La laïcité aujourd’hui n’est plus celle évoquée en 1905 et pour nous, elle est avant tout une protection. Elle permet à chacun de vivre sa spiritualité en toute liberté dans son univers privé. ///
Cette année restera sûrement comme celle de la prise de conscience de la nécessité d’apporter une réponse durable, soucieuse du respect de chacun et de tous, contre les coups de butoirs de fondamentalistes politisés.
J’ai évoqué tout à l’heure, le combat pour la citoyenneté, il y a également nécessité de combat pour défendre cette laïcité. Un combat non pas d’un Etat contre des religions, mais un combat du même type que celui, pour l’égalité, la fraternité, la solidarité.
Combat citoyen démocratique, qui est aussi un positionnement clair pour bien montrer le type de société que nous voulons voir s’établir en France.
Il va concerner l’école, l’éducation, la liberté de conscience et de conviction, la place de la femme, en fait tout ce qui permet de vivre ensemble avec nos identités différentes.
Dans l’histoire de notre Pays, les juifs de France se sont comportés comme une minorité qui n’a cessé d’afficher un patriotisme sans faille, et cela même pendant les heures sombres de l’occupation nazie et de la collaboration.
Des hommes comme Adolphe Crémieux, Georges Mandel, Léon Blum, René Cassin, Jules Moch, Pierre Mendès France mais aussi comme Ravel, Darius Millaud, ou Tristan Bernard, tous ont joué un rôle de premier plan au service de la France. C’est dans cette lignée que nous nous situons.
On peut être pleinement juif et pleinement français.
La rencontre des religions et des cultures doit être source d’enrichissement et non d’affrontement. Lorsqu’elles se combattent, au lieu de dialoguer, leur guerre s’achève toujours par une défaite commune.
Sans ignorer les menaces réelles qui pèsent sur le monde et qui hantent toutes les consciences, terrorisme (encore 10 morts à Jérusalem), intégrisme, arme atomique, il est important de contester cette trop fameuse théorie, celle de l’affrontement généralisé des cultures et des religions, de rejeter la thèse facile de la fracture mondiale entre l’Occident et l’Orient, entre le Nord et le Sud.
Rétablir le dialogue, voilà ce que nous devons nous imposer, car il en va de notre avenir commun, d’une rive à l’autre de la Méditerranée.
Pour reprendre le mot du Président de la République, le seul « antidote » contre ces fléaux modernes, c’est le dialogue.
Ce dialogue, bien entendu, ce sont avant tout les gouvernements et les Etats qui doivent le développer.
Mais il peut également s’appuyer sur les Sociétés Civiles, chercheurs, penseurs, entrepreneurs, responsables sociaux ou religieux, hommes et femmes d’éthique et de conscience.
Ce dialogue est avant tout une meilleure connaissance de l’Autre.
Et pourtant comment concilier le désir, cette passion du dialogue, devant la révolte qui s’empare de nous, quand nous voyons un juif agressé parce qu’il est juif,
Quand nous savons que des enfants partent à l’école le matin avec angoisse parce qu’ils sont des enfants juifs,
Quand nous entendons Israël comparé à l’Allemagne nazie et Jenine à Auschwitz.
Malaise, inquiétude, désarroi pour reprendre un mot fort utilisé dans la presse. Inquiétude pour le judaïsme français, certes, mais aussi inquiétude pour la France.
Comment ne pas être interpellé, choqué, indigné par cet antisémitisme déferlant depuis Durban, en passant par Djerba, par Casablanca, Istanbul, Gagny, Ris Orangis et malheureusement Marseille.
Comment ne pas être frappé par l’indifférence, souvent l’acquiescement, voire l’accompagnement par une certaine extrême gauche, de l’expression d’un discours antisémite violent au prétexte d’antisionisme.
Soyons clairs, toute critique du Gouvernement Israélien n’est pas antisémitisme. De nombreux Israéliens ne s’en privent d’ailleurs pas, et dans des termes souvent beaucoup plus violents qu’à l’étranger.
Mais est-ce vraiment de la critique politique que d’injurier le peuple israélien, ///
que de définir l’axe Etats Unis - Israël comme un nouvel axe du mal responsable de tous les maux du monde ///
que d’assimiler le Premier Ministre élu Ariel Sharon à Adolphe Hitler///
que de traiter l’Etat juif comme un paria parmi les nations.
Cet antisionisme là, c’est de l’antisémitisme, ///
Antisémitisme comme le sont les paroles du Premier Ministre de Malaisie,
Comme le sont les paroles de Mikkis Théodorakis,
Comme l’est Dieudonné,
Comme l’est Mohamed Latrèche qui se répand sur les Champs Elysées en compagnie d’un ayatollah libanais Fakhredine Fadballah.
Comme le sont Tarik Ramadan et Jean Marie Le Pen, associé tous deux dans leur haine de l’Esprit des Lumières, des valeurs de la République,// /
unis dans leur obsession de purification de la religion ou de la race.
Ces constatations ne nous plongent pas cependant dans un abîme de pessimisme, car nous croyons en voyant les réactions autour de nous, que l’espoir est présent : les mots clairs, rigoureux prononcés par les plus hautes autorités de l’Etat, en particulier par le Président de la République,
La mobilisation des responsables religieux et associatifs, la concertation exemplaire avec les services de police, la volonté des Magistrats, tout cela montre le bon fonctionnement des Institutions républicaines. ///
Dans quelques semaines, beaucoup parmi vous seront confrontés au suffrage universel.
Je vous souhaite à tous la victoire !
Mais plus sérieusement, nous nous devons tous ensemble, d’isoler le courant hostile aux valeurs républicaines qu’est le Front National.
Cette lutte contre l’intolérance et l’exclusion nous concerne comme celle contre le racisme et l’antisémitisme.
Elle est un devoir
Comme l’est notre mobilisation pour la pédagogie associée au souvenir de la Shoah : voyages à Auschwitz avec de jeunes collégiens du département, commémoration, réhabilitation du Camp des Milles.
A ce sujet, vous n’êtes pas sans savoir que le projet Mémoire du Camp des Milles a pour objet la création sur le site même de l’ancien camp, d’un lieu de mémoire aménagé en espace d’éducation citoyenne et de culture, ///
ouvert à tous et tout particulièrement aux nouvelles générations.
Il s’agit d’un projet citoyen, consensuel politiquement et techniquement sérieux.
Vous connaissez l’attachement du CRIF National et du CRIF Provence à cet exceptionnel patrimoine, élément essentiel de la mémoire régionale et nationale.
Nous tenons à remercier vivement tous les partenaires publics et privés du projet. Une convention d’objectifs a été signée par le CRIF et doit être ratifiée par tous.
Il y a urgence pour nos aînés survivants des camps et de la résistance, de moins en moins nombreux,
Il y a urgence pour nos enfants et pour nous mêmes, car notre région, notre pays ont aujourd’hui besoin que le passé éclaire le présent. C’est pour la même raison, parce que nous croyons en la force de la culture et de l’art, contre les barbaries, que nous espérons applaudir l’année prochaine le Festival de Musique Salomon Mickolls.
Mesdames, Messieurs,
J’ai été long et vous voudrez bien me le pardonner, dans quelques mois, mon mandat à la présidence du CRIF Marseille Provence, prendra fin.
Peut-être que certains dans cette salle en seront réjouis, mais m’exprimant pour la dernière fois à ce dîner, je crois pouvoir dire que nous pouvons être fiers du travail accompli.
Je voudrais publiquement remercier mon équipe élue du Comité Directeur, de vrais militants engagés dans la défense de notre communauté,
Mes collaboratrices à la patience supranaturelle,
Mais aussi, tous ceux qui parmi vous, m’ont soutenu et aidé dans ma tâche. Certains m’ont donné jusqu’à leur amitié, elle a été loyale, je pense à certaines hautes personnalités de cette salle, mais aussi à ceux qui dans l’ombre des services ont été proches et attentifs à mon combat.
J’ai tenté d’en faire bénéficier la vie associative et je voudrais remercier les Présidents d’associations pour leur confiance.
Je continuerai à porter haut et fort,
Dans d’autres lieux,
Sous d’autres formes,
les valeurs de cette communauté juive que j’ai eu l’honneur de représenter pendant toutes ces années.
Evidemment, j’apporterai tout mon soutien à mon futur successeur.
Et bien luttons et vivons !!
Je vous remercie pour votre attention.