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Nous nous recueillons en souvenir des martyrs de la rafle du Vel d’Hiv.
12.884 juifs ont été raflés les 16 et 17 Juillet 1942 et conduits au Vélodrome d’Hiver. Cette rafle faisait suite à deux ans de mise à l’écart des juifs par un Statut Spécial transformant ces juifs en gibier.
Une rafle commise par des Français en uniforme, et parmi les juifs, tant d’enfants dont l’humanité pouvait attendre des savants ou des poètes ou plus vraisemblablement des gens ordinaires. Ces enfants de la rafle du Vel d’Hiv, tous partis si vite dans les chambres à gaz, et pas un seul survivant parmi ces 4.051 enfants.
Peu à peu les survivants disparaissent. Dans 20 ans, qui viendra aux commémorations ?
Elles ne doivent pas se transformer en rituel sans âme, sans signification, sans public.
Au Devoir de Mémoire qui nous incombe, certains ont consacré leur vie. Comment ne pas rendre hommage aux rares déportés survivants qui nous guident dans le Devoir de Mémoire.
Les responsables de la Shoah ne furent pas les seuls nazis. Les indifférents ont leur part de responsabilité, ceux qui n’ont rien fait, ceux qui n’ont rien dit. Car le choix existait.
Cette journée est devenue aussi, la journée d’hommage aux Justes nommés par Yad Vashem.
Si les deux tiers des juifs de France ont échappé aux nazis, c’est que de nombreux Français refusèrent la collaboration.
Qu’est-ce qui distinguait les Justes des indifférents ?
Ni la science, ni l’intelligence, mais la conscience.
Ni l’amour, ni la haine, mais l’humanité.
Ni l’éducation, ni l’ignorance, mais le respect d’autrui.
Ces voix isolées venant d’horizons chrétiens ou laïcs, souvent modestes, ont osé alors rappeler que les juifs sont des êtres humains.
Les dirigeants de notre Pays ont pris conscience du danger que représente l’antisémitisme pour la sauvegarde des principes qui régissent la République Française.
Que nous aimons cette France, celle de la rigueur dans la défense des valeurs républicaines.
Nous, citoyens français et juifs, dont l’intégration républicaine depuis plus de 200 ans constitue un modèle, nous témoignons aujourd’hui de la générosité de cette France profonde.
Pour que demain l’histoire tragique ne se répète pas, pour que la France soit unie, généreuse, tolérante, il faut qu’elle soit convaincue que les identités plurielles peuvent se conjuguer harmonieusement avec les valeurs de la République, dans une condamnation sans faille du racisme et de l’antisémitisme.
Mais des nuages planent.
Le spectacle de violence que nous offre le début de ce troisième millénaire, montre que l’homme ne s’améliore pas, que les forces de haine se déchaînent, notamment sous leur forme la plus dangereuse, celle du fanatisme religieux avec son cortège d’actes terroristes et d’attentats suicides qui ne sont rien moins qu’un crime contre l’humain.
Mais à ce fanatisme s’ajoute l’attitude de ceux qui utilisent la démocratie pour la combattre. Il y a là un réel danger.
Agissons pour que la tolérance devienne un comportement naturel entre les hommes comme entre les nations.
Nous le devons au souvenir de nos martyrs, nous le devons à la voie tracée par les justes.
Sachons tirer avec force, avec courage, les leçons de l’Histoire.