Discours de Roger CUKIERMAN, Président du CRIF, au rassemblement « Israël, je t’aime », dimanche 17 avril 2005

Chers amis,

J’aime Israël. Nous sommes tous aujourd’hui réunis, parce que nous aimons Israël, parce que nous aimons le dire avec fierté. Et notre fierté se justifie parce que les raisons d’aimer Israël sont nombreuses :

Israël, c’est la terre où revit la langue de nos ancêtres ; Israël, c’est le pays où habite la moitié des Juifs du monde, c’est Israël qui a su transformer un désert en jardin, c’est Israël qui a su résister aux assauts d’un environnement hostile, c’est Israël qui su vaincre l’hostilité de tant de voisins qui voulaient sa destruction. C’est Israël qui a su intégrer des immigrants venus de 100 pays dont les Falashas d’Ethiopie. Et c’est vers Jérusalem que nous adressons nos prières depuis plus de 2000 ans.

Oui, les raisons d’aimer Israël sont nombreuses pour nous, citoyens français de religion et de culture juive. Le Président Jacques Chirac a saisi ce sentiment d’amour lorsqu’il a récemment déclaré devant des responsables de la communauté juive :

« Je comprends les sentiments que chacun d’entre vous porte au devenir de l’Etat d’Israël. Je sais les liens du cœur qui vous unissent au sort de cette terre de promesse et d’espérance. Ce sont des liens d’autant plus forts qu’ils ont été tissés par l’Histoire, souvent aussi par les larmes et le sang, mais ce sont également des liens familiaux, culturels, amicaux, parmi les plus forts ».

Oui, j’aime Israël. Mais une fois que j’ai dit cela, je n’ai pas tout dit pour nous, Français juifs. Car je crois profondément que disant « Israël, je t’aime », il nous faut dire aussi « France, je t’aime ». Car on a le droit d’aimer et son père et sa mère.

Ce lien d’amour est naturel envers notre pays. Envers le pays où nous avons grandi, où nous avons été à l’école et où beaucoup d’entre nous ont dit « Je t’aime » pour la première fois.

En tant que Français juifs, ce lien d’amour est enrichi par l’Histoire. Car la présence juive sur ce sol remonte à 2000 ans. Car la France est le premier pays à avoir accordé aux Juifs la pleine citoyenneté.

Car c’est en France que Herzl a conçu le sionisme, le mouvement de libération nationale du peuple juif.

C’est donc un privilège de célébrer l’amour d’Israël en France !

Comme vous le savez tous, l’amour n’interdit pas la critique.

J’ai la réputation de dire les choses avec franchise.

Ceci m’a amené, ces dernières années, à critiquer la politique étrangère de notre pays à l’égard d’Israël.

Aujourd’hui, malgré les déceptions passées, nous fondons des espoirs sur l’arrivée d’un Président Palestinien qui a compris qu’il faut mettre fin au malheur de son peuple. Et aussi sur un Premier Ministre israélien qui a fait le choix du dialogue et est prêt à faire des concessions. Nous rêvons qu’Abu Abbas mette définitivement fin au terrorisme. Qu’il suive les traces de Sadate et du roi Hussein et qu’enfin Israéliens et Palestiniens connaissent la paix, la véritable paix même au prix de compromis parfois douloureux.

Nous partageons tous ce rêve, comme nous partageons tous le souvenir ému des Champs Elysées où flottaient, côte à côte, le drapeau tricolore et le drapeau bleu et blanc à l’occasion de la visite du Président Katsav.

Grâce à nous, Israël va redevenir le véritable ami de la France, car nous, Français juifs, nous sommes la passerelle entre les deux pays.

Vive la France ! Vive Israël ! Vive l’amitié entre la France et Israël !

Am Israël Haï !