Le CRIF en action
|
Publié le 21 Décembre 2005

Dominique SOPO, Président de SOS Racisme : Promouvoir le vivre ensemble

Le Comité Directeur du CRIF a reçu ce 20 décembre Dominique Sopo, Président de SOS Racisme. Comme l’indiquait le président Roger Cukierman dans sa présentation de l’invité, le CRIF et SOS se sont fréquemment retrouvés dans des combats communs ces dernières années.


Dominique Sopo s’est livré à une analyse des derniers événements des banlieues. La première question qui se pose à tout observateur des violences qui ont été commises pendant près de trois semaines dans les banlieues des grandes villes de France est : « Y a-t-il eu orchestration de ces violences ? »Le président de SOS est formel : il n’y a pas eu d’orchestration des violences. Il y a des raisons conjoncturelles, telles que la mort des deux adolescents à Clichy sous Bois, mais il existe aussi des causes structurelles profondes auxquelles les pouvoirs publics ne se sont pas attaqués. La ghettoïsation des quartiers, le nivellement par le bas, le sentiment d’être « assignés à résidence » sans perspectives d’emploi, de mobilité géographique, ni de fonctionnement de l’ascenseur social sont cause première des violences. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’embrasement a donc touché plusieurs villes de France.
Dominique Sopo rejette également la thèse du complot islamiste en étayant ses arguments sur des faits avérés. Ainsi lorsque les membres d’organisations musulmanes ont tenté de jouer les médiateurs entre les autorités et les jeunes, ceux-ci ont refusé cette médiation.
Parmi les causes du déchaînement des violences, Dominique Sopo estime que l’image réciproquement négative qu’ont les jeunes et les policiers est un facteur aggravant d’autant que l’école et la police sont les derniers piliers de la République encore présents dans ces quartiers.
Le président de SOS Racisme revient ensuite vers le cœur de son action : la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie. Il dénonce avec force ceux qui donnent des réponses identitaires qui ne font que renforcer les ghettos communautaristes. Ils tentent en fait de mettre en coupe ces jeunes en les poussant vers le repli, avec la recherche de tout ce qui peut diviser et la désignation d’un ennemi extérieur : le blanc, le juif, le colonisateur. Leur vision est d’ailleurs judéo-centrée de manière obsessionnelle.
Pour ces jeunes en voie de déstructuration sociale, le « bricolage identitaire » est une manière de justifier leurs difficultés. Ils sont donc un terreau pour les manipulateurs.
Aux volontés d’exacerber les différends identitaires, SOS Racisme répond en préconisant le vivre ensemble. Rejetant résolument une discrimination positive qui serait fondée sur l’appartenance ethnique, religieuse ou communautaire, l’association antiraciste préconise le respect de l’égalité entre citoyens. Ces jeunes sont français et, contrairement à des immigrés qui ont tendance à accepter une situation difficile liée à leur statut, ils se révoltent contre l’absence de perspectives, analyse Dominique Sopo. Ne se reconnaissant pas dans ceux qui se vivent comme des descendants d’esclaves, Dominique SOPO rappelle qu’il est, né à Valenciennes, fils d’une française blanche et d’un immigré togolais :« Pourquoi privilégierais-je le fait d’avoir un père noir par rapport à toutes les autres facettes de mon identité ? »
Le leader des « potes » n’hésite pas non plus à mettre en cause ceux, qui, dans la classe politique, ont une « vision exotique » de la vie des cités : « Ils vivent ces gens comme un troupeau et recherchent dans leurs communautés les bergers susceptibles d’assurer la paix sociale. Mais cela se fait au détriment de la République et du vivre ensemble. »
De gch à dte: Joseph Zrihen, vice-président du CRIF, Dominique Sopo, président de Sos-Racisme, Roger Cukierman, président du CRIF, et Haïm Musicant, directeur général du CRIF.