Le CRIF en action
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Publié le 5 Juin 2008

Durban 2 : Rama Yade sera vigilante

Entourée de plusieurs de ses principaux collaborateurs, la Secrétaire d’Etat chargée des Affaires étrangères et des Droits de l’Homme, Rama Yade a reçu le jeudi 5 juin une délégation du CRIF conduite par son président, Richard Prasquier.


L’entretien, de plus d’une heure, a porté essentiellement sur la préparation de la Conférence dite de « Durban 2 » qui se tiendra en avril prochain à Genève.
Rappelant la récente rencontre, à Genève, du CRIF avec l’ambassadeur Jean-Baptiste Mattéi, dans le cadre d’un symposium organisé par l’ONG Human Watch et la garantie formelle que la France ne laissera pas franchir ce qu’elle considère comme des « lignes rouges », Richard Prasquier a néanmoins fait état de son inquiétude de voir des dérapages se multiplier lors de « Durban 2 ».
« Car, dans l’ombre, de manière insidieuse, voire pernicieuse, de petits détails s’accumulent, ouvrant la voie à l’inquiétude : on accepte sans broncher telle ONG palestinienne et on rejette telle autre parce que juive ou considérée comme pro-israélienne…Quant au Conseil des Droits de l’Homme, la présidence libyenne et l’attribution de postes clés à des représentants de pays qui ne sont pas considérés comme des parangons de vertu, a de quoi faire réfléchir. » D’ailleurs, ajoute Richard Prasquier, « le vote de la France contre Israël dans certaines motions n’est pas très plaisant ».
Le président du CRIF n’hésite pas à parler de véritable « mascarade ». Des experts, connus pour leur position radicalement anti-israélienne, dont Jean Ziegler, créateur du Prix Khadafi des Droits de l’Homme, sont nommés à des postes importants. Et, cerise sur le gâteau, si l’on peut dire, le choix des dates a de quoi laisser songeur. La première conférence préparatoire a eu lieu en plein Pessah, la seconde, prévue en octobre prochain, se déroulera le jour même du Yom Kippour. Pendant la Conférence elle-même (20-24 avril 2009), on commémorera le 21 avril le Yom Hashoah. Inutile de dire que le choix d’un tel calendrier élimine de fait les ONG juives des débats. « Tout se déroule comme si l’on voulait, in fine, aboutir à délégitimer l’Etat d’Israël », explique Richard Prasquier. La critique des religions, subrepticement introduite ces dernières années alors qu’elle est étrangère au sujet de « Durban » vient ajouter à la confusion, entraînant un suivisme automatique des pays africains derrière leur leader, l’Egypte.
Rama Yade reconnaît que les risques de dérives existent, mais ajoute qu’elle fera tout ce qui est en son pouvoir pour les juguler. Son idée maîtresse est que l’on s’en tienne aux attendus de « Durban 1 » où, notamment, la diffamation des religions n’a pas sa place. En tout état de cause, la France, comme l’a rappelé le président Sarkozy au Dîner du CRIF, ne participera pas à « Durban 2 » à n’importe quel prix. Rama Yade martèle : « On se dégagera du processus si nos exigences ne sont pas prises en compte ». Pour ce qui est des dates, certes fâcheuses, la ministre promet de voir si des arrangements sont encore possibles.
Enfin, précédent de peu le président de la République, Rama Yade se rendra bientôt, pour la première fois, en Israël
La ministre était entourée de son directeur de cabinet, Hugues Moret et de deux de ses proches conseillers, Siv Leng Chhuor et Jean-Bernard Bolvin.
Pour sa part, le président du CRIF était accompagné de Meyer Habib, vice-président, de Jean-Pierre Allali, membre du Bureau Exécutif, et de Haim Musicant, directeur général.
Photo : © 2008 Erez Lichtfeld