Le CRIF en action
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Publié le 8 Avril 2011

Edwige Elkaim à Luc Chatel : «la France que nous aimons est celle des Justes»

Pour son dixième dîner qui s’est tenu le jeudi 7 avril 2011, le CRIF Grenoble-Isère a invité Luc Chatel, le ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse et de la Vie associative.




Ouvrant cette soirée dédiée à l’éducation à la paix et au respect de l’autre, la présidente Edwige Elkaim a constaté la présence de tous les acteurs majeurs qui font le rayonnement de Grenoble et de l’Isère. Elle a rappelé que les violences faites aux juifs « étaient une blessure pour la société française toute entière », évoquant l’agression récente d’un collégien dans le département de l’Isère.



Edwige Elkaim a condamné toute forme d’obscurantisme : « Nous sommes partie prenante de la République dont nous voulons qu’elle soit forte ». La présidente du CRIF Grenoble-Isère a ajouté : « La France que nous aimons est celle des Justes, c’est la France laïque et multiconfessionnelle qui lutte contre l’antisémitisme et le racisme ».



Evoquant la situation internationale, Edwige Elkaim a formulé l’espoir que les enfants israéliens et palestiniens connaissent un avenir radieux et a pris note du mouvement de révolte dans le monde arabe, en espérant qu’il ne soit pas récupéré par les islamistes.



Lui succédant au micro, Richard Prasquier, le président du CRIF a insisté sur trois points. D’abord sur la démocratie : « Les juifs sont peu nombreux. Une démocratie se définit aussi par le sort qu’elle fait à ses minorités ». Tout en déplorant les actes antisémites, Richard Prasquier a déclaré que les Juifs de France sont heureux dans leur pays : « Ils ne subissent pas de discrimination ».



« Nous devons faire attention à tous les discours qui prônent la mise à l’écart d’autres minorités. Nous avons un devoir particulier », a affirmé le président du CRIF, qui a appelé à ne pas se laisser séduire par les sirènes populistes. Evoquant le revirement du juge Richard Goldstone, qui avait produit un rapport anti-israélien pour le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, le numéro un du CRIF a rappelé que cette institution où siègent de nombreux pays antidémocratiques à des postes clefs « pointe du doigt Israël » au lieu de se préoccuper des violations des droits de l’homme commises par des dictatures. Richard Prasquier a estimé que le changement de Richard Goldstone qui a fait l’objet d’un article dans le Washington Post le 1er avril 2011 est capital et remet en cause tout ce qui a été écrit.



Richard Prasquier a rappelé que le rapport du juge Goldstone avait bénéficié d’une publicité extraordinaire. « A quelques exceptions près, la presse ne parle pas de ce revirement », a regretté le président du CRIF qui a ajouté : « la stigmatisation d’Israël ainsi que la focalisation sur ce pays est un phénomène grave qui permet de dire qu’Israël est le juif des nations ». Enfin, Richard Prasquier a dénoncé le danger de la perte de la pluralité des opinions.



Intervenant à la tribune, Luc Chatel a rappelé l’intervention française en Libye et espéré que les changements dans certains pays arabes iront dans le bon sens.



La France comme Israël souhaite la paix et le gouvernement français est favorable à la reprise des pourparlers entre israéliens et palestiniens, a ajouté le ministre, qui a insisté sur la nécessité de réaffirmer les valeurs de la République et le rôle essentiel de l’éducation : « Notre école est la matrice de la citoyenneté ». Luc Chatel a appelé à la lutte contre toutes les discriminations : « Il faut combattre le racisme et l’antisémitisme… Nous ne laisserons rien passer ».



« Enseigner la Shoah et son histoire, c’est inviter nos enfants à la conscience et la vigilance », a déclaré le ministre, qui s’est félicité de l’accord cadre signé avec le Mémorial de la Shoah, avant de détailler plusieurs programmes en cours et en préparation. Luc Chatel a conclu : « Notre République est une et indivisible. Notre école est le premier creuset des ses valeurs ». Puis il a reçu un tableau du peintre grenoblois Patrice Ganansia.



La soirée s’est achevée par la remise du prix du CRIF à Michel Destot, député –maire de Grenoble, accompagné de l’historien Tal Bruttmann, « pour son application inlassable dans le travail de Mémoire ».



Près de trois cent personnes ont participé à ce dîner, organisé avec brio par Edwige Elkaim et son équipe. Le directeur général du CRIF, Haim Musicant, a également pris part à ce « temps fort » de Grenoble, selon les termes de la présidente du CRIF Grenoble-Isère.



Photo : D.R.