Gérard Leroy à la tête d’un futur pôle des religions au sein du ministère des Affaires Etrangères

Spécialiste en théologie des religions, Gérard Leroy a - notamment - enseigné à l'Université catholique de Paris et publié de nombreux ouvrages. Mais le professeur ne s'est pas contenté de délivrer son savoir en amphithéâtres, s'engageant parallèlement en faveur du dialogue interreligieux. Un combat de terrain qu'il a mené durant plus de vingt-cinq ans aux côtés de son grand ami Bernard Kouchner : le 15 mars dernier, c'est d'ailleurs l'actuel résident du Quai d'Orsay qui l'a fait Chevalier de l'Ordre National du Mérite.

Défenseur du rapprochement des peuples et des cultures, Gérard Leroy estime que la religion est devenue un thème incontournable du dialogue. "On ne peut pas s'engager au service de la paix globale et sociale en faisant l'impasse sur la paix entre les religions", insiste-t-il. Une conviction qui pousse l'intéressé à adhérer, dès 1986, à la Conférence mondiale des religions pour la paix. Durant huit ans, Gérard Leroy sera même secrétaire général de la section française de cette ONG, née à Kyoto en 1970. L'homme vit alors son engagement humanitaire en France mais aussi à l'étranger, collaborant avec des personnalités telles que Desmond Tutu ou Jimmy Carter. "Nous nous rendions à deux ou trois dans des pays où les conflits étaient naissants", raconte Gérard Leroy. "Nous sommes ainsi intervenus au Kosovo, en Roumanie ou encore en Afrique du Sud au moment de l'Apartheid. Sur place, nous entrions en contact avec les autorités religieuses, et nous tentions de les sensibiliser à l'importance de promouvoir la paix plutôt que de servir la haine." Le tout, bien sûr, avec diplomatie et pédagogie. "Ni prosélytisme, ni relativisme", résume Gérard Leroy. "Il ne faut pas imposer sa vérité, pas plus qu'il ne faut brader les croyances comme si elles se valaient toutes et se vouaient à la dissolution par la sécularisation envahissante".

Enthousiasmé par le travail de Gérard Leroy au sein de la Conférence, Bernard Kouchner crée avec lui l'association "Réunir" en 1994. "Il s'agissait de rassembler des politiques, des philosophes, des religieux, bref, des gens issus d'horizons très divers, et de les faire plancher sur des thèmes d'actualité... tout en prônant le dialogue interreligieux auprès de tous ces acteurs". Une évidence aujourd'hui, mais qui l'était moins il y a quinze ans à peine. "Je me souviens de conférences de presse où les journalistes nous dévisageaient avec des yeux écarquillés", s'exclame Gérard Leroy. Optimiste, le spécialiste estime que ce dialogue "a désormais quitté l'état embryonnaire et va aller en s'amplifiant". Une prédiction partagée par Bernard Kouchner, qui vient de lui confier une mission au sein du ministère des Affaires Etrangères. "Je vais créer un pôle des religions chargé de dispenser une formation introductive à la connaissance des cultures et des civilisations", précise Gérard Leroy. "Cet enseignement se destinera aux fonctionnaires, entrepreneurs et diplomates qui s'apprêtent à passer une longue période dans un pays qu'ils ne connaissent pas. L'objectif est d'éviter les erreurs ou bévues culturelles, et d'améliorer les relations avec l'hôte. C'est très important au plan diplomatique, mais aussi commercial". Preuve qu'en l'espace de quelques années, les religions sont devenues parties intégrantes du système mondial.

Photo : D.R.

Source : lindependant.com

Dialogue interreligieux : quand Kouchner couronne Leroy (lindependant.com)