« Se souvenir de l’affaire Dreyfus et en tirer des leçons demeure aujourd’hui fondamental », a affirmé le premier magistrat de Paris pour lequel « la loi est la même pour tous et nul ne doit s’y soustraire. Il n’y a plus d’intérêt général qui vaille lorsque le peuple est trahi par des dirigeants qui mentent ». Bertrand Delanoë a lancé un appel pour poursuivre le combat pour la liberté, en s’inspirant de « l’étonnante ténacité » et du « courage » des dreyfusards.
Roger Cukierman, le président du CRIF, a insisté sur le caractère exemplaire de l’affaire Dreyfus, qui avait déchiré la France pendant 12 ans. « Mais la victoire de la justice ne fut pas totale. Car si Dreyfus fut réhabilité, les coupables, les vrais coupables, les fabricants de faux-témoignages échappèrent à tout châtiment. Grâce à une scandaleuse amnistie pour raison d’Etat, aucun coupable ne subit la moindre condamnation ». Le maire de Paris et le président du CRIF se sont rejoints pour souligner l’engagement des intellectuels, et en particulier de celui d’Emile Zola, qui écrivit en 1898 : « « Dreyfus est innocent, je le jure. J’y engage ma vie, j’y engage mon honneur. A cette heure solennelle, devant ce tribunal qui représente la justice humaine, devant vous, messieurs les jurés, qui êtes l’émanation même de la nation, devant toute la France, devant le monde entier, je jure que Dreyfus est innocent. »
Animé avec brio par Marc Knobel, chercheur au CRIF, le colloque, dont le titre exact était : « Affaire Dreyfus : histoire, mémoire, justice et raison d’Etat », est sorti des sentiers battus de la commémoration pour aborder à l’aide de grands spécialistes des aspects peu explorés de l’affaire Dreyfus. Une première table-ronde sur le thème histoire et mémoire a été animée par
Simon Epstein, chercheur au centre international de recherche sur l’antisémitisme à l’Université hébraïque de Jérusalem ; Pascal Ory, professeur à l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne et Alain Pagès, professeur de littérature française à l’Université de la Sorbonne Nouvelle Paris III.
Une seconde table ronde sur le thème justice et raison d’Etat a réuni Michel Drouin, secrétaire de la Société internationale d’histoire de l’Affaire Dreyfus (SIHAD), attaché de recherches au CNRS (Institut des textes et manuscrits modernes) ; Catherine Coquio, professeur de littérature comparée à l’Université de Poitiers et Philippe Oriol, éditeur des Carnets du Capitaine Dreyfus, auteur de la biographie de Bernard Lazare.
Du à une initiative de Haïm Musicant, le Directeur général du CRIF, ce colloque a été organisé par un groupe de travail animé du côté de l’Hôtel de Ville par Guillaume Houzel. Le CRIF avait délégué, outre le directeur général, Marc Knobel, Stéphanie Dassa, Edith Lenczner et Jo Zrihen pour préparer cet événement.
De gche à dte: Haïm Musicant, directeur général du CRIF, Bertrand Delanoë, maire de Paris, et Raphaël Barak, chargé d'affaires a.i d'Israël à Paris.
800 personnes étaient présentes au Colloque du CRIF à l'Hötel de Ville de Paris.
Photos : © 2006 Erez Lichtfeld