Le CRIF en action
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Publié le 21 Février 2011

Grand succès du dîner du CRIF Rhône-Alpes

Plus de 350 convives se sont réunis, jeudi 17 février 2011, dans les salons du casino de Charbonnières, pour la soirée annuelle organisée par le CRIF Rhône-Alpes présidé par Marcel Amsellem, qui recevait le ministre de la Justice et des Libertés et Garde des Sceaux, Michel Mercier, et le président du CRIF Richard Prasquier, et qui avait pour invités d’honneur la nouvelle ambassadrice de France à l’UNESCO, Rama Yade et le nouvel ambassadeur d’Israël en France Yossi Gal.



Parmi les nombreuses personnalités politiques et religieuses qui ont tenu à participer à ce grand dîner républicain, on a noté la présence de Jean-Jacques Queyranne, président du Conseil Régional, de Gérard Collomb, sénateur maire du Rhône, de Michel Noir, ancien ministre et ancien maire de Lyon, du député et ancien ministre Dominique Perben, de Marcel Dreyfuss, président du consistoire régional, du Grand Rabbin Richard Wertenschlag, du Cardinal Philippe Barbarin, Archevêque de Lyon, Primat des Gaules, du consul général du Maroc,Saad Bendourou et du consul général de la Turquie, Mehmet Bilir, du juge Jean-Louis Bruguière, du père Garab Harutyunyan de l’église arménienne de Lyon et de l’Imam de Drancy Hassen Chalgoumi. Tous les représentants de la société civile et de la communauté juive étaient présents.



Premier à prendre la parole, le président du CRIF Rhône-Alpes a commencé par rendre hommage à Rama Yade, première femme invitée d’honneur du CRIF de Lyon depuis sa création,. Marcel Amsellem a ensuite remercié les institutions régionales pour le travail qui a permis à Lyon de devenir « ville de la Mémoire ». « Pendant des années, la réputation de notre cité a été sévèrement entachée par l’une de ses universités, fer de lance du négationnisme. En devenant la ville de la mémoire, la capitale de la résistance reprend aujourd’hui sa place d’honneur dans l’histoire », a déclaré Marcel Amsellem. Le président régional a ensuite insisté sur le fait qu’ « avoir comme invité d’honneur à ce dîner l’ambassadeur de France à l’UNESCO a été pour nous un vrai choix. « L’UNESCO dont, je cite : « l’objectif est : de contribuer au maintien de la paix et de la sécurité dans le monde, en resserrant la collaboration entre nations afin d’assurer le respect universel de la justice, de la loi, des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion... C’est dire combien, Mme l’ambassadeur, votre place parmi nous ce soir est opportune ! Peut-on imaginer une agression plus flagrante contre les principes que vous défendez à l’Unesco que la campagne de boycott contre Israël, campagne que nous voyons jour après jour s’intensifier sur notre territoire ? Que cette campagne soit initiée et orchestrée par les habituels agitateurs des extrêmes, Cela n’est pas fait pour nous étonner ! Mais, que des hommes et des femmes de culture, des intellectuels, des politiques s’y associent et relaient cette campagne, cela nous est insupportable », a ajouté Marcel Amsellem.



« Nous savons que la violence à l’égard des Juifs n’est pas la violence commune », lui a répondu l’ambassadrice de France à l’UNESCO. « C’est une violence qui porte en elle, au delà de la victime désignée, un projet d’anéantissement. Restons vigilants : l’extrémisme conduit aux pires atrocités. Face à la montée de mouvements radicaux, il faut garder un œil sur le passé… L’intolérance et toujours là. La radicalité aussi », a déclaré Rama Yade. « L’antisionisme sert de prétexte à l’antisémitisme, et les plus grossiers mensonges de l’histoire, que l’on croyait définitivement enfouis, ressurgissent… C’est inacceptable. Israël a le droit de vivre en paix et en sécurité. Israël doit vivre en paix et en sécurité », a-t-elle ajouté. « Il existe également un antisémitisme plus insidieux, mais non moins dangereux : une sorte de concurrence fallacieuse des mémoires, l’opposition des souffrances, la victime devenant bourreau… Comment peut-on faire croire que Gaza serait un camp de concentration ? C’est ignoble. Je m’élève contre ces falsifications, cet esprit d’amalgame… Je le dis solennellement, à tous : là où existe l’antisémitisme, la liberté est menacée, les droits de l’Homme sont en péril. Il n’y a pas de société libre là où l’antisémitisme est érigé en système. En luttant contre l’antisémitisme, c’est notre propre liberté que nous défendons », a conclu Rama Yade.



« L’antisémitisme existe aujourd’hui en France», a insisté à son tour Richard Prasquier, relayant les propos de l’ambassadrice de l’Unesco « Nous en avons publié les dernières statistiques lors du dîner du CRIF le 9 février. Malheureusement, aujourd’hui, les synagogues et les centres communautaires de notre pays doivent être protégés. Nous rêvons du moment où ils n’auront plus besoin d’être protégés… Nous sommes dans une situation où s’est constituée une vision du monde dans laquelle l’antisémitisme à sa place - chez les jeunes notamment. Et le travail qui est à faire n’est pas qu’un travail juridique et de répression. C’est un travail de prévention et un travail éducatif, que nous savons extrêmement difficile mais indispensable », a poursuivi le président du CRIF. « Ce n’est pas mon rôle, en tant que président du CRIF, de vous donner mes opinions sur ce que devrait être la position israélienne… Nous ne sommes pas, contrairement à ce que disent certains, la deuxième ambassade d’Israël en France. Nous avons, cela est tout à fait vrai, une relation affective extrêmement forte avec Israël… Ce qui se passe en Israël nous importe, parce que nous avons la conscience que nous faisons partie du même peuple que celui des Juifs qui habitent la terre d’Israël., a-t-il ajouté. « Dans cette tradition, Jérusalem à une place particulière », a insisté Richard Prasquier. « Il n’est pas de Juifs dans le monde qui n’ait pensé, dans les 25 siècles passés et jusqu'à ce jour, à Jérusalem autrement que comme ce lieu central où se fait la rencontre avec la transcendance. Cette ville n’est pas une ville tout à fait habituelle et le lien que cette ville exerce avec le peuple juif est un lien qui n’a pas d’équivalent entre aucune autre ville au monde et aucun autre peuple au monde ». Concluant ses propos, le président du CRIF s’est interrogé : « Qui peut croire aujourd’hui que l’avancée des négociations permettrait à un Ahmadinejad de retirer ce qu’il a dit sur Israël et de dire « C’est un Etat avec lequel nous pouvons vivre » ? Nous savons très bien que de la part d’Ahmadinejad, de Nassrallah et de quelques autres, il y a un rejet existentiel de l’Etat d’Israël. Et lorsqu’on nous rétorque à nous, juifs de France, que nous n’avons pas à intervenir et à donner notre opinion, nous avons à dire, je pense, qu’il y a la un drame de reconnaissance, un drame existentiel sur l’Etat d’Israël qui est à la source même du conflit. Et lorsque l’on nous reproche encore de nous impliquer, je voudrais répondre que nous ne sommes pas ceux qui ont importé le conflit israélo-arabe en France. Au contraire, nous en avons seulement subi les conséquences. Ce ne sont pas les Juifs qui ont déclenché les violentes manifestations à la suite de ce conflit. Nous avons le droit et je pense que nous avons le devoir de nous exprimer comme tous les citoyens français. »



Photo : D.R.



Photo : © 2011 Jean-Luc Luzon