Le projet « Aladin », une initiative complètement inédite, initiée par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah que préside David de Rothshild et que dirige Anne-Marie Revcoleschi, a pour objet de lutter contre le négationnisme et l’antisémitisme qui en découle, qui sévissent en terre d’islam. C’est pourquoi, des programmes traitant de l’histoire de la Shoah, de la culture juive, des relations entre Juifs et Musulmans, des traductions en arabe, en persan et en turc d’ouvrages classiques comme « Le journal d’Anne Frank » ou les textes de Primo Levi seront proposés sur les sites
www.aladdinproject.org et
www.aladdinlibrary.org. Avec l’espoir qu’ils finissent par remplacer, dans les bibliothèques et sur les étals des libraires, les « Protocoles des Sages de Sion », « Mein Kampf » et autres horreurs très en vogue dans de nombreux pays arabo-musulmans.
Animée par Serge Moati, la séance de lancement, après une minute de silence en mémoire des six millions de mort de la barbarie nazie, a été l’occasion pour les intervenants prestigieux qui se sont succédés à la tribune, de dire leurs espoirs et leurs attentes.
Intervenant en premier, le directeur général de l’UNESCO, Koïchiro Matsuura a émis le vœu que l’interculturalité et la diversité permettront une mémoire vivante de l’Holocauste dans un rapport apaisé entre civilisations en promouvant un message universel de tolérance pour les générations futures. David de Rothschild a insisté sur la volonté commune des participants de ne pas se résigner devant la prolifération du négationnisme et de l’antisionisme. Après la projection d’un petit film explication sur le projet, Anne.Marie .Revcolevschi, très émue, a rappelé que le 27 mars 1942, un premier convoi de déportés se dirigeait vers Auschwitz, le 27 mars 1943, un autre allait vers Sobibor, autre camp de la mort et le 27 mars 1944, le convoi n°70 emportait 1000 Juifs vers la mort. « Et, si nous sommes ici, un 27 mars 2009, c’est pour lutter contre l’insulte faite à la mémoire des morts ».
Le président du Sénégal et président de l’Organisation de la Conférence Islamique, Abdoulaye Wade, rappelant que le mot « Aladin » vient de l’arabe, a considéré que la Shoah est un affront à l’humanité et attaqué avec virulence le révisionnisme établissant au passage un parallèle avec celui qui concerne l’esclavage et la colonisation.
La ministre de la Justice Rachida Dati a lu une lettre du président Nicolas Sarkozy soulignant "l'urgence d'agir contre les falsifications de l'Histoire" ainsi que celle de "renforcer le dialogue interculturel" qui est, a-t-il souligné, le "sens profond" du projet d'Union pour la Méditerranée qu'il a lancé en juillet dernier.
Pour Jacques Chirac, un des parrains du projet, « Aladin » est légitime. « Aladin, c’est la lumière, le symbole de cette connaissance à laquelle nous croyons ensemble ».
L’ancien président, tout comme d’ailleurs d’autres orateurs qui lui ont succédé a choisi d’introduire le conflit proche-oriental dans son discours : « J’ai dit aux Israéliens que la colonisation était une faute. On ne construit pas la paix avec son voisin en expropriant ses terres, en arrachant ses arbres, en bouclant ses routes… ». L’ancien président a également reproché à certains de « vouloir faire porter aux pays musulmans une culpabilité qui n’est en aucun cas la leur ».
Les orateurs se sont succédé jusqu’à la clôture de la cérémonie de lancement par Madame Simone Veil, présidente d’honneur de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Photo : © 2009 Alain Azria