Invité du deuxième dîner du CRIF Sud-Ouest Aquitaine, le ministre délégué aux collectivités territoriales a affirmé que « la seule réponse qui vaille, est celle de la fermeté ». Il a loué la politique menée par le gouvernement « sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy » et annoncé plusieurs mesures : la reconduction de l’effort financier de l’Etat pour mieux sécuriser les locaux de la communauté juive ; le maintien d’une présence physique de la police aux abords des lieux les plus sensibles ; la facilitation du développement de la vidéosurveillance aux abords des locaux de la communauté. Le ministre a également insisté sur le combat multiforme « contre les prêcheurs de haine », précisant que 21 activistes islamistes avaient été expulsés en 2005 et 5 autres « éloignés », depuis le début de l’année.
Brice Hortefeux a rappelé qu’il avait défendu à l’Assemblée nationale une proposition de loi qui permette de dissoudre les groupes de hooligans qui « donnent une image déplorable dans certains stades ». Le ministre aux collectivités territoriales s’est prononcé pour une action pédagogique « qui doit faire de la tolérance une valeur cardinale de notre pacte républicain ».
Notant une baisse de 48 % des actes et menaces antisémites en 2005, mais aussi une remontée au premier trimestre 2006, Brice Hortefeux a déclaré avec solennité : « il est important que nos compatriotes comprennent que ceux qui crachent sur vos enfants et salissent les sépultures de vos ancêtres, bafouent l’honneur de la République et qu’ils s’exposent dès lors à une action sans faiblesse de l’Etat ».
Evoquant la situation au Proche-Orient, Brice Hortefeux a souligné qu’en suspendant l’aide directe à l’Autorité palestinienne, l’Union européenne n’entend pas « punir » le peuple palestinien. « Mais il faut que son gouvernement prenne conscience qu’il restera totalement isolé, s’il ne répond pas aux attentes de la communauté internationale, à savoir : la renonciation à la violence, la reconnaissance de l’Etat d’Israël, la reconnaissance des engagements internationaux souscrits par l’Autorité palestinienne ». Le ministre a, par ailleurs, dénoncé les « déclarations irresponsables » du président iranien qui « créent les conditions d’un amalgame injuste entre l’Islam et le terrorisme ».
Le dîner du CRIF Sud-Ouest Aquitaine avait lieu le même jour que la journée nationale de l’abolition de l’esclavage. S’adressant à nos « frères de couleur », le président de la délégation régionale du CRIF, Albert Roche a rappelé que « le peuple juif est né de la sortie d’Egypte, c’est-à-dire de sa lutte victorieuse pour son affranchissement de l’esclavage » et que c’était « dans cet écho lointain », qu’il exprimait sa solidarité.
Albert Roche s’est, au-delà de l’antisémitisme, interrogé sur l’état de la France : « l’antisémitisme est toujours le signe d’une société en crise. Il témoigne dans notre pays d’une crise de l’Etat républicain et d’une crise de la nation ». Remerciant les pouvoirs publics pour leur action contre l’antisémitisme et le racisme, le responsable bordelais a plaidé pour l’enseignement du fait religieux » à la condition que « le repli communautaire ne l’emporte pas et que l’école publique reste un impératif démocratique ouvert à tous »
Albert Roche a décliné les initiatives du CRIF Aquitaine pour développer le dialogue avec la société civile et « promouvoir l’esprit citoyen et la responsabilité civique » : soirée avec la communauté musulmane de Bordeaux ; séminaire de professeurs de la région de Yad Vashem, participation à la Marche des Vivants à Auschwitz… Il a souhaité que l’Etat prenne des « mesures fortes d’incitation à la redécouverte des héritages multiples dont s’est nourrie la France », s’effrayant que la « méfiance, la défiance ont pris la place de la curiosité et du désir de se connaître ».
Albert Roche a rappelé que « notre devoir est de contribuer à fabriquer des passerelles entre les peuples parce que en tant que vieux peuple de veille, nous savons parfois que le sommeil peut signifier l’oubli ».
Devant une salle de 350 personnes représentative de la société politique et civile de la région, Roger Cukierman, qui avait fait le déplacement avec Haïm Musicant, le directeur général du CRIF, a évoqué l’assassinat d’Ilan Halimi, déplorant « le degré de barbarie et d’absence d’esprit civique auxquels nous sommes arrivés ». Le président du CRIF a révélé qu’il allait rencontrer le président de la République pour lui suggérer de lancer une campagne nationale contre la barbarie. « Il est impératif de revenir à des relations civiles de respect », a-t-il souligné.
Roger Cukierman s’est inquiété des propos du président iranien qui « veut détruire un autre pays, nie la Shoah et veut imposer son approche de la vie religieuse au monde entier par la force nucléaire ». Le président du CRIF a averti que l’Iran s’est doté de fusées qui pouvaient toucher les pays musulmans qui ne respectent pas la Charia, mais aussi l’Europe.
Roger Cukierman s’est félicité de l’unanimité des protestations, déplorant en même temps l’absence de mesures concrètes de rétorsions contre l’Iran. « Le problème est de choisir » , a déclaré solennellement le responsable du CRIF, « entre la position de Chamberlain et de Daladier en 1938 à Munich et celle de Churchill et De Gaulle ». Il a exprimé son espoir que « la France qu’il aime » s’engage dans la fermeté.
Henri Hajdenberg, président d’honneur du CRIF et Arié Bensemhoun, président du CRIF Toulouse-Midi Pyrénées avaient également tenu à participer au second dîner du CRIF Sud-Ouest-Aquitaine, qui selon le président Albert Roche est déjà entré « dans un cadre traditionnel et institutionnel ».