Le CRIF en action
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Publié le 13 Mars 2008

Indignations autour du boycott du salon du livre

Shimon Pérès inaugure jeudi 13 mars à Paris le Salon du livre dont l'invité est cette année Israël.


Interrogé par France 24 sur le boycott des éditeurs et écrivains arabes du Salon du Livre de Paris, le vice-président du CRIF, Meyer Habib a estimé qu’il s’agissait d’un retour en arrière à « la période des autodafés ». D’après lui, « Ce n’est pas la littérature israélienne qui est visée mais l’existence même de l’Etat d’Israël ». Ce boycott montre que « la haine d’Israël a pris le pas sur la culture. Alors que les livres sont faits pour éveiller la réflexion et permettent d’établir un échange et la paix », souligne Meyer Habib. Le vice-président remarque que la plupart des auteurs israéliens présents sont des hommes de gauche et souvent très critiques vis-à-vis de la politique de leur gouvernement. « Ce n’est donc pas une question d’idéologie mais c’est évidement l’existence d’Israël qui est en jeu et son 60e anniversaire qui est réfuté », insiste t-il en se disant très déçu de la réactions de certains pays dits modérés comme la Tunisie, le Maroc ou l’Egypte qui ont suivi le mouvement. « Les masques tombent », lâche t-il.
Dans une interview accordée au Parisien daté du 12 mars, Serge Eyrolles, président du Syndicat national du Livre, rappelle qu’au Salon du Livre, c’est la littérature qui est invitée et pas un Etat soulignant que « le stand des auteurs israéliens existe depuis huit ans et ça n’a jamais posé de problème ! ». « Ce boycott me désolée », confie t-il.
Dans Libération, Belinda Cannone estime que « ceux qui soutiennent cet appel au boycott montrent qu’ils ne comprennent absolument pas ce qu’est la littérature » et ajoute : « Je ne crois pas que quiconque imagine que la Russie est amie des droits de l’homme ou de la démocratie. Personne, pourtant, n’avait suggéré de boycotter le Salon du Livre quand elle en a été l’invitée d’honneur en 2005. »
« Grande est mon inquiétude, et vive ma tristesse devant ce qui ne peut s’interpréter que comme la volonté d’éradication d’un pays. Devant tant de haine qui toujours se renouvelle… », se désole t-elle.
Annette Lévy-Willard présente, dans le même quotidien, un débat entre l’écrivain arabe israélien Sayed Kashua, et le philosophe Bernard-Henri Lévy sur l’appel au boycott du Salon du Livre. Pour Bernard-Henri Lévy, « cet appel au boycott lancé par certains Etats est une prise d’otages des écrivains qui est insupportable et absurde » tandis que Sayed Kashua pense, entre autres, que « ces écrivains arabes devraient faire pression sur leurs gouvernements pour qu’ils fassent quelque chose pour la création d’un Etat palestinien, parce que personne ne fait rien ».
Dans son édition du 12 mars, Métro publie la tribune de Sihem Habchi, présidente de "Ni putes ni soumises" qui s’interroge sur le boycott arabe du Salon du Livre : « Mais quel est donc le lien entre la situation dramatique de l’Etat palestinien et le livre ? Amalgame, manipulation ou solidarité ? » Jugeant ce boycott « ridicule », elle déclare : « Ce n’est pas la solidarité qui anime ce boycott, mais une remise en cause de la création de l’Etat d’Israël et donc d’un Etat palestinien à ses côtés. (…) S’attaquer et prendre d’assaut le Salon du Livre c’est clairement boycotter la paix. »
Dans le Figaro, l’écrivain israélien Ron Leshem rappelle que « les écrivains israéliens ne sont pas responsables de l’injustice ». « Quand j’entends des intellectuels arabes prohiber la discussion et l’écoute, et nous peindre tous du même pinceau, d’une seule couleur, sans aucun souci d’essayer d’entrer en contact avec nous, j’y vois une attitude nationaliste brutale, et certainement pas littéraire et civilisée », ajoute t-il en signalant son échange de correspondance avec des jeunes de la bande de Gaza et de pays arabes. « Il me sera très pénible d’arriver cette semaine à Paris et de me confronter à des intellectuels qui refusent de dialoguer, ou qui manifestent contre nous, au lieu d’étreindre le groupe des écrivains et de le renforcer », précise t-il.