Lors de son exposé, Bruno Tertrais a indiqué que l’Iran a effectivement atteint le seuil nucléaire. L’Iran serait en mesure de fabriquer ultérieurement des armes nucléaires, puisqu’il maîtrise toutes les technologies nécessaires à sa fabrication. Selon les services secrets américains, l’Iran pourrait l’obtenir dans les années 2009, 2010, voire 2012. Cependant, la capacité pour l’Iran de détenir la bombe nucléaire est également dépendante d’une décision politique du régime iranien.
Lors de son exposé, Bruno Tertrais a rappelé que le vrai maître du programme nucléaire a été l’ayatollah Rafsandjani. A l’époque, le programme nucléaire iranien constituait un instrument de dissuasion vis à vis de l’Irak de Saddam Hussein. Puis, le programme nucléaire iranien s’est accéléré lorsque l’ancien président iranien Mohammad Khatami était au pouvoir. Aujourd’hui, l’arme nucléaire en Iran n’est plus considérée comme une arme de dissuasion, elle est devenue une arme pour que le régime des Mollahs survive et soit véritablement sanctuarisé.
Bien évidemment, les pays arabes expriment leur profonde inquiétude. Il est fort probable également qu’il y ait -par la suite- une prolifération de l’arme nucléaire au Proche et Moyen-Orient. L’Egypte voudra se doter de cette arme. Et Israël ? Depuis 1979, il y a en Iran une rhétorique sur l’inéluctabilité de la disparition de l’Etat d’Israël. Les israéliens perçoivent donc ces menaces et ils considèrent également que l’Iran est le principal ennemi d’Israël. L’Iran, doté de l’arme nucléaire, pourrait menacer l’existence même de l’Etat hébreu.
Devant la dangerosité d’une telle situation, Bruno Tertrais a alors examiné les scénarios possibles.
1) Dans le cas d’une tentative de réconciliation entre les Etats-Unis et l’Iran, une grande négociation avec l’Iran serait possible, mais ce scénario est peu probable.
2) Un scénario militaire : Bruno Tertrais n’y est pas favorable, mais ce n’est pas forcément la pire des options.
3) Le renforcement des sanctions. Ce scénario est le moins pire. La baisse du prix du baril a diminué les revenus du régime, rappelle Bruno Tertrais et, l’Iran traverse une grave crise économique.
4) Enfin, il n’est pas impossible que le régime cherche à faire des concessions. Les négociateurs ne sont pas les décideurs. Celui qui a le levier de décision, c’est L'ayatollah Seyyed Ali Hossaini « Khamenei », l'actuel Guide suprême de la révolution islamique Khamenei. Il n’aime pas décider. Il fait un arbitrage entre les intérêts du régime, ses intérêts propres et ceux qui lui sont demandés.
Photo : D.R.