Le dialogue entre Juifs et Chrétiens n’est-il pas d’abord une affaire de spécialistes ? À la limite une question marginale quand on considère les urgences pastorales de nos églises, quand on considère les multiples tâches auxquelles nos paroisses doivent faire face en début d’année, quand vivant auprès d’une communauté musulmane plus nombreuse, il nous semble urgent d’établir avec elle des relations de convivialité et si possible de dialogue ?
Alors, pourquoi cette journée d’éveil au Judaïsme ? Lorsqu’au concile Vatican II l’Église catholique a ouvert la voie à une redécouverte du peuple juif dans sa vocation unique, elle ne l’a pas fait en raison des circonstances même si les évènements de la guerre ont joué un rôle essentiel dans cette prise de conscience. Elle l’a fait parce qu’elle a compris dans sa méditation sur sa propre vocation, que le Seigneur n’avait pas rejeté son peuple, ce peuple dit St Paul "à qui appartiennent l’adoption filiale, la gloire, les alliances,…les promesses et aussi les patriarches et de qui le Christ est issu selon la chair, lequel est au-dessus de tout, Dieu béni éternellement" (Romains 9, 4-5). Jésus est juif, il l’est par sa naissance, il l’est resté jusqu’à sa mort, et c’est au cœur du dessein de salut de Dieu sur le monde, de l’Église corps du Christ, Messie d’Israël, que nous devons regarder le peuple Juif. Il est le témoin vivant de l’histoire du salut dans laquelle la mission de Jésus s’inscrit. Sinon, comme le disait Jean Paul II, Jésus serait un « météore dans l’histoire ». Il n’est pas possible dans cette brève introduction de montrer toutes les richesses que nous pouvons en recevoir. C’est pourquoi cette journée n’est qu’un éveil.
À l’origine, elle fut inspirée par une initiative de l’épiscopat italien qui l’avait placée à la veille de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, dans la conscience de ce que les chrétiens divisés avaient reçu ensemble du peuple Juif.
En France, nous avons choisi de la célébrer entre la fête de Rosh ha-Shanah (fête du nouvel an juif) et de Yom Kippour (journée du grand pardon) moments exceptionnels dans la vie religieuse juive. Occasion pour nous de prendre conscience de l’importance pour notre foi de cette relation, occasion de manifester à la communauté juive notre reconnaissance par notre prière, une carte de vœux et des affiches. Selon l’expression de Paul nous avons été "greffés" sur la foi d’Israël, ce que Jésus avait déjà affirmé dans son dialogue avec la Samaritaine "car le salut vient des Juifs" (Jean 4,22b).
Par le Père Jean Dujardin, ancien directeur du Comité épiscopal pour les relations avec le judaïsme , membre du comité directeur de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France.
Photo : D.R.
Source : ajcf.fr