Le CRIF en action
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Publié le 23 Juin 2010

L’UEJF organise l’avant-première d’un film israélien boycotté

Les deux cinéastes, Romain Goupil et Elie Chouraqui ont participé, dimanche 20 juin 2010 au soir, à une reprogrammation de l’avant-première du film israélien «A cinq heures de Paris», organisée par l’UEJF, membre du CRIF, en réponse à son boycott par les cinémas Utopia.




Ygal est chauffeur de taxi et Lina est prof de musique dans la classe du fils d’Ygal…. « A cinq heures de Paris » est l’une de ces comédies romantiques qui célèbrent les élans du palpitant et donnent envie (sur fond de Joe Dassin et Alain Barrière) de se remettre une couche de monoÏ avant de partir sur le chemin du boulot juste au cas où. Pas de quoi, a priori, déclencher un mistral de polémiques (sinon, peut-être, concernant l’épineuse question du port du jeans taille haute par le charmant Dror Keren). Mais c’était sans compter avec la nationalité du réalisateur : Leon Prudovsky est Israélien. Aussi son film a-t-il été boycotté, début juin, par la direction des cinémas Utopia. « Notre geste est symbolique et ponctuel, avait expliqué Anne-Marie Faucon, co-fondatrice du réseau d’art et d’essai (composé de six cinémas) dans les colonnes du Parisien, le 9 juin dernier. Il nous a semblé, citoyens de base, animateurs d’un cinéma, que le seul moyen pacifiste et visible qui était à notre portée pour attirer l’attention et dire notre désapprobation (ndlr: suite à l’attaque de la flottille Mavi Marmara par un commando d’assaut israélien qui a fait le 9 morts) c’était la déprogrammation d’un film produit avec l’aide de l’organe de production officiel d’Israël». Le ministre de la Culture qualifie la décision de« navrante et incompréhensible ».



Reprogrammation à la hâte



«Croire en la culture, c’est croire au dialogue. Non au boycott». Les militants de l’Union des Etudiants Juifs de France (UEJF) se sont donc mis à quelque uns pour que les lettres collées à la hâte ne tombent pas de la banderole un poil brinquebalante qui orne la scène du cinéma Les Ursulines. Ils la maintiennent, tant bien que mal, pendant que se succèdent à la tribune des membres de la grande famille du 7e art, venus défendre le film « A cinq heures de Paris». «L’idée de boycotter un film, un livre est extraordinairement choquant. C’est un travail de mise à l’écart, de sabotage, de prise d’otage du film d’un artiste, c’est la négation de l’autre », s’est insurgée la productrice Simone Harari, transmettant par la même occasion un message de François Zimeray, ambassadeur des Droits de l’Homme pour la France et de Corinne Lepage, député européen.



Pour Elie Chouraqui, « si on a ressorti les écharpes à la veille de l’été, c’est qu’on n’a que le temps qu’on mérite. Et ce temps pourri, c’est ce que nous vivons en France : la France qui est en train de perdre la tête. (…) Je pense que l’acte d’Utopia est antisémite, ajoute-t-il, je le dis avec force. » Au milieu de la centaine de spectateurs, Georges-Marc Benamou, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, acquiesce. Et Romain Goupil d’asséner «Le cinéma n’a pas de nationalité, il est de toutes les langues, il se répand, il se diffuse sans demande de passeport, il est une force de proposition. Surtout ne le mettez pas dans des cases, Utopia a essayé de le mettre dans des cases. C’est une erreur monstrueuse, c’est une attaque contre tous les réalisateurs».



Petite comédie sentimentale universelle, le film «A cinq heures de Paris» est en train de devenir « un symbole de lutte pour la liberté d’expression et la libre circulation de la culture, en tant qu’espace de dialogue et d’échange», selon Arielle Schwab, la présidente de l’UEJF.



Décidément, à cinq heures de Tel-Aviv, on parle beaucoup des histoires d’Ygal et de Lina. Enfin, on devrait.



«A cinq heures de Paris» de Léon Prudovski sort dans les salles ce mercredi 23 juin dans les salles UGC, MK2 et Pathé.



Photo : D.R.