Le CRIF en action
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Publié le 17 Décembre 2009

L'antisémitisme dans le monde: Richard Prasquier préside une table ronde

Dans le cadre du Forum Global contre l'antisémitisme qui devait se terminer jeudi 17 décembre 2009 à Jérusalem, le président du CRIF, Richard Prasquier, a animé une table ronde pour faire état de l'antisémitisme dans le monde.




Comment, en quelques traits, dresser un portrait de l'antisémitisme dans des pays aussi différents que l'Argentine, la France, la Russie, l'Afrique du Sud ou encore le Canada? C'est à cet exercice que se sont livrés les panélistes de la table ronde qu'animait Richard Prasquier. Le président du CRIF s'est consacré pour sa part à la description de la situation de la France, pays dont la communauté juive, comme la communauté musulmane, est la plus importante en Europe.



Avec 740 incidents antisémites pour le premier semestre 2009, contre 430 sur toute l'année 2008, les Juifs français ont souffert de la recrudescence d'actes antisémites dans la période correspondant à la mise en œuvre, par Israël, de l'opération Plomb durci contre le Hamas. C'est aussi cette année qu'a été prononcé le jugement contre les assassins d'Ilan Halimi, tué en 2006 par l'autoproclamé « Gang des barbares ». « Les assassins d'Ilan Halimi l'ont kidnappé pour obtenir une rançon car, disaient-t-ils, Ilan Halimi était juif, donc forcément riche. Malgré ce mobile antisémite flagrant, certaines personnes continuent de dire que ce crime n'était pas antisémite. »



La persistance de l'antisémitisme en France s'accompagne donc de celle de sa méconnaissance. Plus récemment, Jacques Attali a ainsi déclaré dans Haaretz, qu'il n'y avait pas d'antisémitisme en France. Heureusement, « le gouvernement français ne minimise pas, lui, le phénomène ». Un préfet, chargé de coordonner l'action de lutte contre l'antisémitisme, a d'ailleurs été nommé la semaine dernière. Toutefois, le gouvernement ne peut pas tout prendre en charge, laissant une grande place, comme dans toutes démocraties libérales, à la société civile.



A ce propos, Richard Prasquier a conclu sa présentation en notant la dissymétrie qui existe à l'heure actuelle dans le dialogue judéo-musulman, entre deux récits. « Les juifs ont un gout prononcé pour la déconstruction. Albert Einstein a ainsi déconstruit le temps et l'espace. Cependant, ce n'est pas le cas, a l'heure actuelle, des autres minorités. »



De pays à pays, les risques antisémites diffèrent, comme l'a bien montré la présentation de l'Amérique du Sud, par Sergio Widder, du centre Simon Wiesenthal. Alors que l'antisémitisme concerne principalement l'action de la société civile en France, il résulte dans certains pays d'Amérique latine, des positions prises par les gouvernants vis-à-vis de l'Iran. Ainsi, le Venezuela, mais aussi la Bolivie entretiennent avec l'Iran des échanges économiques et politiques soutenus, ce qui légitime de fait le discours antisémite du régime iranien dans ces pays d'Amérique du Sud. Mais un autre vecteur est utilisé par l'alter mondialisme pour propager l'antisionisme : les ONG. Ainsi, au Brésil, le World Social Forum est une plateforme contre la mondialisation et une place forte pour les ONG pro-palestiniennes. Leur discours antisioniste se diffuse dans toute l'Amérique latine.



L'Argentine fait, dans ce paysage hostile, figue d'exception. Suite à l'attentat contre le centre culturel juif de Buenos Aires, l'Amia, en 1994, l'Argentine a lancé un mandat d'arrêt international contre huit ressortissants iraniens, dont l'ancien président Rafsandjani



Jeremy Jones, le directeur du Conseil pour les affaires juives entre l’Australie et Israël, a, lui, présenté une situation plus favorable en Australie, un pays multi culturaliste qui a, très tôt, permis à des juifs d'occuper des fonctions politiques. « Contre l'antisémitisme, l'Eglise est une alliée, mais aussi les musulmans. » Jeremy Jones a rappelé que la population musulmane d'Australie, provenant des pays de l'Asie du Sud Est, se sent solidaire des juifs. « Lorsqu'ils parlent des régimes qu'ils ont quitté, notamment l'Indonésie et le Pakistan », les musulmans savent que le discours qui y est réservé pour les juifs témoigne, comme un symptôme, d'une maladie plus grave, et malheureusement encore globale: le non-respect des droits de l'homme.



Photo : D.R.