Le CRIF en action
|
Publié le 14 Octobre 2010

La faute de Michel Rocard, par Marc Knobel

On ne peut forcément taire ce qui oppose les Israéliens et les Arabes, toutes les récriminations réciproques de l’une ou l’autre partie. Par contre, on peut légitimement espérer que les enfants palestiniens et les enfants israéliens envisageront un jour un avenir plus serein, plus radieux. On peut espérer aussi qu’un jour les Arabes et les Israéliens ne passeront plus leur temps à se regarder en chiens de faïence, à s’ignorer, ou à s’entretuer. Parce que le heurt des ignorances est insupportable, parce qu’il faut refuser le choc des civilisations et des religions, parce que nous sommes TOUS les enfants d’Abraham et parce que la paix se fera obligatoirement un jour prochain.




Bien sûr, nous n’ignorons pas que le conflit israélo-palestinien est chargé d’une lourde symbolique, qu’il est constellé de faits marquants et quelquefois cruels, de raisons (d’Etat), de supputations et de faux espoirs, de lassitudes ou de haines.



Mais, nous refusons catégoriquement la vision manichéenne qui est développée ici ou là : il n’y a pas, en la matière, de forcément coupables d’un côté, de forcément innocents » de l’autre et des « martyrs » de je ne sais quelle cause suprême et d’essence religieuse. Il faut donc se garder lorsque l’on parle de ce conflit par ailleurs si irrationnel, de l’irrationalité passionnelle.



Ceux et celles qui pensent influer sur le cours de ce conflit en soutenant le boycott les produits israéliens - les innombrables Daniel Cohn-Bendit, les Cécile Duflot et les Michel Rocard (1)- se trompent de combat. Ce n’est pas en boycottant tout un peuple, ses produits, ses œuvres artistiques et culturelles, qu’ils gagneront quoi que ce soit. Ils ne serviront que la soupe des jusqu’au-boutistes, qui réussissent à les instrumentaliser, tant ils sont dévorés par une haine d’Israël qui est aussi indescriptible que pathologique. Ceux-là par contre ont tout à gagner en trompant, en mentant et en important ce conflit ici.



Si vous voulez jouer un rôle, apprenez à vous garder des accusations simplistes, de l’anathème ou du défaitisme ambiant. Et cherchez par tous les moyens à réapprendre à NOUS connaître, à croire que l’Homme n’est pas voué à ignorer son prochain et qu’il peut, qu’il doit penser au devenir de l’Humanité. Aidez les Israéliens et les Palestiniens à se rencontrer et à se parler, plutôt que d’agiter la menace d’un boycott !



Pour terminer, je voudrais raconter une histoire personnelle. Ma grand-mère (Berthe Bassia Golda Knobel) avait un tout petit stand dans un marché parisien, là elle vendait des manteaux. Sous l’occupation, son commerce -parce que considéré comme Juif- fut aryanisé et placé entre les mains d’un administrateur provisoire. Pendant ce temps là, mon père, lui, tout gamin qu’il était, n’avait pas le droit de jouer dans les jardins publics car ils étaient interdits aux Juifs. Ma grand-mère et mon père ne pouvait même plus acheter les produits alimentaires de Monsieur Scwartz, parce que la police avait arrêté Monsieur Scwartz et parce que l’on interdisait les produits Juifs.



En boycottant les produits israéliens, vous remuez en nous des choses insupportables, vous remuez nos peurs ancestrales. Et vous vous trompez, car vous punissez collectivement tout un peuple. Vous vous trompez car vous ignorez ce qu’il y a de GRAND en ce peuple.



Note :



1) Plusieurs personnalités de gauche, de Michel Rocard (PS) à Olivier Besancenot (NPA) en passant par Cécile Duflot (Verts) ont signé des appels à la «solidarité» avec les personnes poursuivies en justice pour avoir appelé au boycottage de «produits des colonies israéliennes». Un autre texte a été lancé à l’initiative de Stéphane Hessel, co-rédacteur de la déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948. Il est signé de nombreux professeurs, syndicalistes ou chercheurs, comme Edgard Morin, et de plusieurs personnalités politiques, de Michel Rocard à Olivier Besancenot en passant par Daniel Cohn-Bendit (Europe Ecologie).



Photo : D.R.