Le CRIF en action
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Publié le 5 Juillet 2007

Le CRIF à l’Ecole Nationale de la Magistrature

Pour la troisième année consécutive, Marc Knobel, chercheur au CRIF, a participé à la formation continue de l’Ecole nationale de la magistrature (ENM), qui a porté sur la cybercriminalité, avec David Benichou, magistrat, chargé de mission au Secrétariat générale du Ministère de la Justice ; Alain Weber, avocat au Barreau de Paris, François Cordier, Procureur de la République adjoint près le Tribunal de Grande Instance de Paris et Xavier Niel, PDG de Free. Lors de cette session, plusieurs séances ont eu lieu. Elles ont porté notamment sur l’atteintes aux personnes, les contenus et commerces illicites, la preuve électronique. De nombreux magistrats français (métropole et DOM TOM) et étrangers (Algérie, Maroc, Espagne, Italie, Luxembourg…) ont assisté à cette formation. En matière de choix des poursuites, de politique d’action publique, de jugement des tribunaux, ce séminaire a été l’occasion de faire dialoguer des magistrats et des praticiens de la société civile qui ont fait part de leurs interrogations.


Marc Knobel a rappelé que les extrémistes ont vite compris le parti qu’ils peuvent tirer d’une utilisation rationnelle et systématique de l’Internet. Pour ces groupes, l’outil Internet est si pratique qu’il est devenu le vecteur par excellence de diffusion de la propagande. Nous distinguons d’abord les sites islamistes et/ou faisant l’apologie du terrorisme. Une sorte d’étrange autisme tente curieusement d’en minimiser la portée, comme s’il fallait s’accommoder tant bien que mal de leur existence. Pourtant une simple connexion et une traduction adéquate permettent de mesurer dans toute leur intensité le fanatisme, l’endoctrinement et la haine qui caractérisent les organisations radicales fondamentalistes. Nous distinguons aussi la multitude de sites d’extrême droite ou néonazis dont la violence effrénée, les caricatures obscènes et la haine obsessionnelle sont autant d’insultes. Et puis, il y a cette multitude de sites négationnistes qui ont foisonné sur le Net. Or on a eu tendance à oublier l’inventivité des négationnistes, capables de médiatiser jusque-là leurs déclarations ou leurs actions et à trouver de nouveaux canaux de diffusion. Depuis le début des années 1990, l’outil Internet s’est développé et les négationnistes du monde entier ont senti l’opportunité qui s’offrait à eux. Aussi, tout le monde doit-il concourir à la lutte contre la diffusion d’informations ou de textes faisant l’apologie des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, incitant à la haine raciale, à la xénophobie et à l’antisémitisme. « Tous ceux qui considèrent le racisme comme une violence intolérable, devraient s’inquiéter et même s’alarmer de qui est en train de se passer sur l’Internet. Les groupes et groupuscules violents utilisent le Net avec une relative efficacité. Il faut alors voir ces images atroces, ces dessins glauques et injurieux et lire ces textes nauséeux publiés par les sites néonazis, klanistes, satanistes, fondamentalistes, antisémites, négationnistes, racistes. Tous s’illustrent par leurs appels incessants à la haine et à la violence. Quelle étrange défaite de la démocratie ce serait de laisser les extrémistes les plus redoutables envahir peu à peu les écrans de nos ordinateurs ! Quant à nous, nous mettons un point d’honneur à nous opposer aux cyber-marchands de haine », a expliqué Marc Knobel.