Le CRIF en action
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Publié le 10 Juin 2005

Le CRIF à la conférence de l’OSCE : « Il faut se doter d’outils efficaces contre les médias antisémites »

Elisabeth Cohen-Tannoudji, qui représentait le CRIF dans le cadre de la délégation française à la conférence de l’OSCE sur l’antisémitisme et les autres formes d’intolérance, qui s’est tenue à Cordoue les 8 et 9 juin, a engagé les 55 pays membres « ne pas laisser les prêcheurs de haine poursuivre leur œuvre têtues de dissémination de l’antisémitisme, de la xénophobie et l’apologie du terrorisme », lors d’une intervention en assemblée plénière. Elle a formulé trois propositions pour renforcer la lutte contre les émissions antisémites dans les médias. Elle a également animé un atelier de réflexion sur les télévisions satellites et l’antisémitisme. Cette session était l’occasion de faire un état des lieux des avancées importantes dans ce domaine depuis la conférence de Paris.



Après les conférences de Berlin, Paris, Bruxelles et Varsovie, l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe a réuni les délégations de ses 55 Etats membres ainsi que de nombreuses Organisations Non Gouvernementales à Cordoue.

On lira ci-dessous le texte de l’intervention d’Elisabeth Cohen-Tannoudji.


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« Je voudrais exprimer la vive préoccupation du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France, le CRIF, que je représente au sein de la délégation française, qui est celle des questions liées à la propagation de stéréotypes antisémites dans les médias. Cette problématique constitue un défi majeur pour nos sociétés qui doivent trouver un point d’équilibre d’une part entre les principes de la liberté d’expression et de la libre circulation de l’information, qui sont parmi l’essentiel des fondements démocratiques, et d’autre part la propagation par le biais de ces mêmes médias de stéréotypes antisémites, mais aussi racistes et xénophobes.

La France est très vigilante à cet égard et elle est dotée d’un dispositif législatif performant, sans doute même, parmi les plus performants que nous connaissions. L’antisémitisme ne saurait y être tenu pour l’expression d’une opinion, le droit français le réprouve et le condamne en tant que délit. Il s’agit là d’un principe essentiel du respect de la dignité humaine, principe par ailleurs défendu dans les enceintes européennes et internationales.

Il est urgent, à l’heure où les médias ne connaissent plus de frontières, que ces mêmes enceintes se dotent d’outils efficaces afin que leurs Etats membres soient à même de pouvoir contrer les incitations à la haine raciale. L’ensemble des médias, qui ont été évoqués lors de cette séance, présentent des caractéristiques différentes dans ce domaine. Ceux qui sont bien évidemment les plus inquiétants sont l’Internet, en priorité et les télévisions satellites, tous deux en raison de leurs modes de diffusions tentaculaires. Je voudrais m’en tenir ici aux télévisions satellites.

La France a mené une action réussie, une action que nous saluons, en interdisant au terme de procédures difficiles la diffusion de deux chaînes de télévision satellite, la chaîne de télévision du Hezbollah libanais Al Manar et la chaîne iranienne Sahar 1 parce que leurs programmes présentaient et présentent toujours un caractère violemment antisémite.

C’est bien, c’est très bien, mais nous devons élargir notre réflexion et notre action.

Elargir parce que d’une part, ces deux chaînes de télévision sont l’arbre qui cache la forêt. En réalité, elles sont nombreuses à diffuser de tels programmes et toutes susceptibles d’être, à terme, captées dans nos pays par le biais des satellites. Elargir, d’autre part, parce que nous devons nous munir des moyens juridiques et techniques d’étendre à l’ensemble de nos pays le contrôle de telles déviances.

Il en va de notre devoir de ne pas laisser les prêcheurs de haine poursuivre leur œuvre têtue de dissémination de l’antisémitisme, de la xénophobie, du négationnisme et de l’apologie du terrorisme.

Je souhaite, au nom du CRIF, formuler trois propositions.

La première est que les Etats participants pourraient élargir leurs pratiques sur le problème des contenus racistes et antisémites de certaines télévisions satellitaires.

La deuxième est que les Etats participants pourraient rassembler leurs ressources en matière d’observation de ces contenus racistes et antisémites.

Enfin, les Etats participants pourraient, dans le cadre de leur législation nationale, inciter les professionnels de la télévision par satellite, particulièrement ceux qui ont la charge d’établir les liaisons montantes, à s’assurer qu’elles ne comportent pas de contenus illicites. »