Pour la venue du principal conseiller de Fadela Amara, ce n’était pas seulement les représentantes de la Commission Femmes dans la Cité que préside par Nathalie Cohen-Beizermann et Edwige Elkaim qui s’étaient réunies, mais aussi le président du CRIF Richard Prasquier, le vice-président Meyer Habib, les membres du bureau exécutif du CRIF Francis Khalifat et Arie Bensemhoun, Bernard Gahnassia, membre du comité directeur en charge des relations avec les élus, Haïm Musicant, directeur général du CRIF, Marc Knobel, chercheur et Eve Gani, chargée du développement. C’est dire que ce dialogue citoyen entre le CRIF et l’ancien secrétaire général de « Ni putes ni soumises » tenait à cœur.
« 80% à 90% des conseillers des ministres sont aujourd’hui des hommes », a affirmé Mohammed Abdi. « Ce sont toujours eux qui sont au centre de la décision politique, malgré la volonté affichée du président de la République de promouvoir la diversité et la mixité. Sur des sujets comme la parité ou la violence faite aux femmes, mais aussi les autres thèmes, comment s’épargner du regard de 50% de la population française ? », s’est interrogé le conseiller de Fadela Amara. Même si la secrétaire d’Etat chargée de la politique de la ville s’est positionnée contre les discriminations positives, elle cherche à promouvoir, chaque fois que cela est possible, des femmes compétentes.
S’exprimant sur l’Islam de France, Mohammed Abdi s’est défini comme un musulman qui « a la foi ». Il a également la foi en un Républicanisme de combat qui donnera à la religion musulmane la place qu’elle mérite par la voix du pacte et du compromis, contre l’Islamisme. Ainsi, il estime que la religion musulmane en France est en train de passer par un processus historique de sécularisation, tout comme deux siècles auparavant, la religion catholique s’est cantonnée dans le privé des consciences. Malheureusement, «les frères musulmans veulent au contraire « marquer des points » et créer en Europe l’équivalent d’une « démocratie chrétienne », qu’ils montreraient fièrement aux pays arabes qui leur refusent le pouvoir ».
Face aux phénomènes populistes qui apparaissent en Europe et stigmatisent de manière violente les musulmans, notamment en Belgique, aux Pays-Bas ou en Espagne, Mohammed Abdi pense que le débat violent qui a lieu en France est un moyen de refuser le relativisme culturel tout en contribuant au respect de la personne. En France, « il a un front clair », estime Mohammed Abdi, avec « le CRIF, la LICRA et SOS Racisme, pour lutter contre l’antisémitisme et le racisme ».
Mohammed Abdi a rappelé que c’était Malik Boutih, de SOS Racisme, qui avait dénoncé le premier l’antisémitisme au début des années 2000. « Les dangers existent toujours, mais maintenant, les gens savent qu’il y a des limites à ne pas dépasser. Il ne faut pas arrêter d’être vigilant, et il faut continuer à poursuivre en justice ceux qui dépassent les limites », a déclaré le conseiller de Fadela Amara. Interrogé par le président du CRIF, Richard Prasquier, sur les initiatives positives auxquelles pourraient se joindre le CRIF, Mohamed Abdi a promu «la bonne pratique » qu’avait constitué Coexist, mené entre autres avec l’UEJF. Il souhaiterait, au nom de la secrétaire d’Etat chargée de la politique de la ville, instaurer de manière plus globale « une journée nationale sur le respect ».
« Le CRIF a toute légitimité pour combattre l’antisémitisme », a déclaré Mohammed Abdi, et « bien souvent, l’antisionisme est une forme d’antisémitisme », qui puise sa source dans des schémas anciens.
« Quand je parle, au Maroc de paix entre les Israéliens et les Palestiniens, suivant par exemple l’initiative de Genève, je promeus deux mouvements de libération nationale, l’un israélien et l’autre palestinien » et donc un compromis avec « l’idéologie sioniste ». Face à ces propos, certains politiques musulmans promeuvent une position « pour les juifs et contre le sionisme ». Contre ce discours, «il faut revenir aux bases de la libération nationale, et les juifs ont beaucoup participé aux libérations nationales au Maghreb », pour introduire l’idée d’une libération nationale des juifs et du sionisme.
Photo : D.R.