Tsipi Livni s’est dite satisfaite de son séjour à Paris. Elle a mis l’accent sur l’action très positive, selon elle, de la France, dans tous les domaines, que ce soit par rapport à l’Iran, au Hezbollah ou à l’antisémitisme. À ce propos, la tragédie du meurtre d’Ilan Halimi, constitue, pour Tsipi Livni, un événement important pour la société française dans son ensemble, une société, où, incontestablement, « certaines choses ont changé ».
Abordant la question palestinienne, la ministre a évoqué l’idée, à présent obsolète car contredite dans les faits, qu’un processus démocratique renforcerait Mahmoud Abbas. Désormais, Israël a le choix entre deux options : soit il ignore le sens du résultat des élections palestiniennes, sur fond de la proximité d’un Iran fondamentaliste, inspirateur de terreur et de haine. Dans ce cas, la négociation de paix est repoussée de plusieurs années. Soit il essaie de changer la situation actuelle. Dans ce cas, et si on veut progresser, il convient de poser des conditions claires et précises au gouvernement palestinien.
Ces conditions, chacun les connaît, sont au nombre de trois :
-Arrêt du terrorisme
-Reconnaissance d’Israël
-Acceptation des accords préalablement signés entre l’Autorité palestinienne et Israël.
La ministre, qui estime que la communauté internationale respectera ces conditions, souligne que la France a été le premier pays à les définir clairement.
En attendant, se pose le problème de la vie quotidienne des Palestiniens. S’il n’est pas question de leur couper l’eau ou le gaz, au risque de créer une crise humanitaire avec les populations, il est nécessaire de bien surveiller la destination des fonds que les Palestiniens recevront à l’avenir et qui doivent uniquement servir à une aide humanitaire. Car, ajoute Tsipi Livni, la loi internationale est claire : il est interdit de transférer des fonds à une organisation terroriste.
En tout état de cause, la période qui sépare les élections de la constitution d’un gouvernement est considérée comme transitoire. Le changement sera effectif dès la constitution d’un gouvernement palestinien.
Le message que la Ministre a souhaité faire passer est « qu’il faut quelquefois, pour un meilleur long terme, être très ferme dès le départ. La pression doit donc être absolue » car il y va de l’intérêt non seulement d’Israël, mais aussi de tous les pays arabes modérés.
Et si la position du gouvernement français, qui assure qu’il ne fera pas de compromis sur les trois points, est rassurante, Madame Livni s’inquiète néanmoins de l’impatience qui pourrait le conduire à établir des relations avec le futur gouvernement palestinien dominé par le Hamas.
Répondant ensuite aux questions de ses hôtes, la ministre a insisté sur le fait qu’Israël, État juif, a vocation à demeurer majoritairement peuplé de Juifs. Pour maintenir cette spécificité, deux voies sont possibles : l’alyah, d’une part et, d’autre part, la possibilité de renoncer à une partie du territoire. La vérité se situera dans un mixte des deux options. En tout état de cause, Israël désire la paix avec un futur État palestinien et des frontières définitives. Quant aux Arabes israéliens, s’ils demeureront, pour ceux qui le souhaitent, citoyens israéliens, il ne fait aucun doute que « le lieu de leur expression identitaire sera le futur État palestinien ». Quant à Jérusalem, elle est et restera la capitale d’Israël.
Conduite par son président, Roger Cukierman, la délégation du CRIF était composée de Joseph Zrihen, vice-président, Francis Kalifat, trésorier, Jean-Pierre Allali, Ariel Goldman, Manek Waintraub, membres de l’Exécutif et Richard Prasquier, conseiller du président. Étaient également présents : Ady Steg, ancien président du CRIF, Pierre Besnaïnou, président du Congrès Juif Européen, Joël Mergui, président du Consistoire de Paris, accompagné de Jack-Yves Bohbot, vice-président du Consistoire, Nathalie Cohen-Beizerman, présidente de la Wizo et Gil Taïeb, président de l’ABSI.
Pour sa part, la ministre était entourée de David Kornbluth et Dina Sorek, de l’ambassade d’Israël, d’Israël Meïmon, haut fonctionnaire israélien, de Rafy Barak, ancien n°2 à Washington désormais en poste à Paris, et de plusieurs collaborateurs.
Photo : © Alain Azria