Le CRIF en action
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Publié le 14 Décembre 2005

Le député Bénisti à la commission ONG

La Commission des Relations avec les ONG, les syndicats et le monde associatif que préside Jean-Pierre Allali, membre du bureau exécutif, s’est réunie le 12 décembre dernier. Deux intervenants ont traité successivement de sujets aussi différents qu’intéressants.


Claudine Barouhiel, journaliste et membre de la Commission, de retour de Turquie, où elle a effectué un reportage, a apporté son témoignage sur l’état actuel de la communauté juive de ce pays. Les Juifs turcs qui étaient 80000 âmes en 1927, ne sont plus aujourd’hui que 20000 sur une population totale de quelque 70 millions de personnes. Ce nombre est appelé à décroître compte tenu d’une émigration constante, de l’assimilation et de l’augmentation des mariages mixtes. On trouve des Juifs essentiellement à Istanbul et à Izmir, à Ankara, Bursa, Antalya et Adana.
La communauté dispose de synagogues, d’écoles, d’institutions sociales et d’associations. L’hebdomadaire Salom est tiré à 4500 exemplaires.
L’impression générale qui ressort des rencontres avec les dirigeants de la communauté comme avec d’autres membres, est celle d’une volonté délibérée de discrétion sur un fond d’inquiétude. La coopération militaire de la Turquie avec Israël et la bienveillance des autorités à l’égard des responsables religieux n’empêche pas un antisémitisme latent. La libre circulation du Mein Kampf d’Hitler, dont les ventes ont littéralement explosé en 2005, en témoigne.
Discrétion et prudence, donc, mais, affirme Claudine Barouhiel, « le communauté fait bloc ».
Jacques-Alain Bénisti, député UMP du Val-de-Marne lui a succédé pour parler d’un sujet d’actualité : la délinquance des jeunes et, plus précisément, de la détection et de la prévention de la délinquance des très jeunes. Auteur d’un rapport commandé bien avant les récentes émeutes dans les quartiers sensibles des banlieues des grandes villes du pays, sur « la détection des signes de délinquance dès la crèche », Jacques-Alain Bénisti a présenté les grandes lignes de ce rapport pour le moins étonnant qui a été remis au ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy le 8 novembre dernier. Il s’agit d’un travail collectif qui a réuni des parlementaires de divers horizons, des pédopsychiatres et des spécialistes de la prime enfance. Contrairement à l’opinion communément répandue selon laquelle la délinquance infantile apparaîtrait dès 6 ans, les travaux de l’équipe Bénisti mettent en évidence le fait marquant que le caractère définitif de l’enfant , la « base de l’éducation » se forge entre 0 et 3 ans, c’est-à-dire à l’âge de la crèche.
Après avoir évoqué les travaux similaires réalisés aux États-Unis, au Canada ou encore en Suède, Jacques-Alain Bénisti a mis en évidence certaines données et proposé des pistes de réflexion spécifiques à la population issue de l’immigration essentiellement concernée par son rapport :
- La prévention doit être très précoce et généralisée pour ne pas se focaliser sur un groupe particulier
- Il est hors de question d’imaginer l’existence de quelconques « gènes de la délinquance »
- Il n’y a pas lieu d’imposer aux parents de s’exprimer en langue française dans leurs relations avec les enfants. En effet, la pratique hésitante de cette langue face à des enfants parfaitement francophones les dévaluerait. En s’exprimant dans leur langue d’origine, ils ont une emprise plus forte sur leurs enfants.
- Il faut faire rentrer les psychologues à l’école. Ce principe rencontre aujourd’hui une grande réticence. D’où l’idée de créer des « Gécase », Groupe de coordination, d’aide et de suivi de l’enfant. Le « Gécase » qui se réunirait régulièrement aurait notamment pour mission d’affecter des référents, retraités de l’enseignement, qui seront chargés de suivre les enfants tout au long de leur parcours scolaire.
- Il faut créer des « Écoles de métier » pour revalorise le travail manuel et orienter différemment, dès l’âge de douze ans les élèves en échec scolaire.
- La menace de sanctions financières continue d’être la plus efficace auprès des parents d’enfants délinquants.
Un rapport qui donne à réfléchir et qui intéresse, d’ores et déjà, plusieurs ministères.