Plus de 300 personnalités du monde politique, religieux et culturel belge mais aussi européen, puisque la capitale compte de nombreuses institutions internationales, ont assisté à ce sympathique et émouvant événement.
Sympathique par l’interlude musical assuré par un quatuor de musique classique composé de musiciens juif, catholique, francophone et néerlandophone, ainsi que par les anecdotes qui ont ponctué les discours des intervenants.
Emouvant par la teneur des discours du Président Sosnowski, du Premier Ministre belge et de Moshé Cantor, Président du Congrès Juif Européen.
Ce dîner démontre, au-delà des difficultés politiques actuelles que traversent nos voisins belges, que le « mieux vivre ensemble » est possible, comme le prône d’ailleurs le CRIF en France.
Nous reproduisons, ci-dessous, le discours du Président Sosnowski.
Le CRIF était représenté par Pascal Markowicz, Président de la Commission des Relations Internationales et Membre du Comité Directeur du CRIF.
Discours du Président Sosnowski :
« Je ne suis pas Kissinger, et jusqu’il y a peu j’aurais, dans mes modestes fonctions de citoyen belge, répondu comme lui, aujourd’hui, c’est le juif qui vous parle. Car, sous le couvert d'hostilité à Israël la manifestation du 17 janvier 2009 de soutien au Hamas a été vécue par de nombreux Juifs dont je suis, comme un véritable traumatisme, une cassure, un tournant. Alors que certains extrémistes appelaient au meurtre des Juifs, à minimiser la Shoah, à présenter les Juifs comme les véritables maîtres du monde, ce qui nous a choqué ce n’est pas tant la présence de tous les partis démocratique belge dans ce cortège que l'absence de la moindre réaction politique à ces manifestations antisémites d’un autre âge. L'antisionisme radical tient bien de l'antisémitisme de par ses appels à la haine du juif.
Il va sans dire que la défense de la cause palestinienne est légitime et la majorité des Juifs de Belgique soutient l'idée d'une Palestine, libre, indépendante et souveraine mais (à l’heure où l’on discute ou vote à l’ONU) comment oublier que la doctrine du Hamas est inspirée du protocoles des Sages de Sion, le célèbre faux, livre de chevet d'Hitler qui postule que tout ce qui est mauvais sur terre, la démocratie, le socialisme, la franc-maçonnerie est d'inspiration juive. Si je peux admettre que la cause palestinienne soit pour nombre de nos concitoyens importante, je ne puis ni comprendre ni surtout accepter l'absence de réaction de nos élus face à ces trop nombreuses dérives. Comme devant la banque Dexia où certains n’ont pas hésité à se déguiser et caricaturer le juif en buveur de sang. Ou en plein centre de Bruxelles rue Neuve un samedi apm où ces mêmes organisations qui revendiquent leur soutien au terrorisme n’hésitent pas à faire participer des enfants à leurs mascarades armées et en prendre d’autres en otages dans le public. Tout ceci sans réaction de nos forces de maintien de l’ordre public.
Nos futures élites ne sont pas épargnées par ce lavage de cerveau. Ainsi dans ma propre Université, pour débattre de la liberté d’expression, le Cercle du Libre examen, n’a pas trouvé mieux que de présenter une apologie de Dieudonné 2 fois condamnés en France pour incitation à la haine raciale. Vous auriez dû assister à cette soirée de haine d’Israël pour accepter les conclusions des experts européens sur l’antisémitisme rejoignant celle du sociologue Didier Lapeyronnie, professeur à l'Université Paris Sorbonne pour qui « la focalisation sur les évènements du Proche-Orient vient du fait que les gens sont antisémites, pas l'inverse. ».
Une illustration internationale du phénomène:
Quand Lars von Trier lors d’une conférence de presse au festival de Cannes dit qu’il comprend Hitler et même sympathise avec lui. Il choque. En réponse aux réactions du public, il dit qu’il n’a rien contre les juifs mais qu’Israël « is a pain in the ass ».
Car l’antisémitisme c’est comme un virus en train de muter et hélas de réussir sa mutation. On l’a connu catholique, on l’a connu fidèle aux mots d’ordre des Lumières, leur reprochant de l’avoir inventé, on l’a connu anticapitaliste qui leur faisait grief d’être les alliés des riches, des puissants, on l’a connu raciste, qui leur faisait grief de corrompre par leur être même les races pures d’Europe. Aujourd’hui le nouveau virus a 2 caractéristiques, l’antisionisme et le négationnisme.
Le mot sionisme, ce mot magnifique qui désigne un mouvement de libération nationale est devenu pour certains d’un bout à l’autre de la planète une sorte d’insulte, un synonyme d’infamie.
Israël ce n’est pas l’Etat Juif, c’est l’Etat du peuple juif c’est à dire à majorité juive, et c’est aussi un Etat ou la liberté d’expression est absolue. Le Président du Tribunal qui a condamné l’ex Président Katzav est un arabe israélien. Le théoricien palestinien qui veut détruire Israël par le Boycott n’étudie pas à Naplouse mais à l’Université de Tel6Aviv. Parlons-en de ce Boycott. Nous trouvons choquant, nous nous indignons, puisque c’est la mode de s’indigner, que certains, font la promotion du Boycott d’Israël. Ce n’est pas en empêchant les ventes d’orange (mais en oubliant mais en oubliant hypocritement de fermer son PC) qu’on porte atteinte à sa sécurité économique, mais c’est en instillant peu à peu l’idée qu’Israël est un état paria illégitime ou l’apartheid sévit. Une amie m’a fait parvenir les nombreuses lettres de pression et menaces à peine voilées reçues par notre artiste Philippe Catherine afin de l’empêcher de se produire à Tel-Aviv ce 14 septembre.
Une amie m’a fait parvenir les nombreuses lettres de pression et menaces à peine voilées reçues par notre artiste Philippe Catherine afin de l’empêcher de se produire à Tel-Aviv ce 14 septembre. Le mot Apartheid y revient sans cesse. Ecoeurant. La pire insulte car elle atteint l’éthique de mon peuple. En 1975, je me souviens avoir pleuré à la lecture d’un article décrivant le témoignage des tout premiers boat people. C’est un bateau marchand israélien qui les avait recueillis en mer de Chine et ramené en Israël. Quand on demanda au capitaine pourquoi il les avait repêché, il répondit simplement, nous sommes le peuple de l’Exodus, je connais leur détresse. Apartheid. Qui d’autre qu’Israël a accueilli les oubliés du Darfour ? Apartheid. 22% des étudiants du prestigieux Technion de Haïfa sont des arabes israéliens pour 20% d’arabes israéliens dans la population. Apartheid. Sans m’étendre sur le problème politique de Jérusalem, sachez que les arabes de Jérusalem craignent le partage de la ville, car ils ont peur de perdre leurs avantages à la sécurité sociale israélienne, comme a pu le constater l’équipe de journaliste que nous avons emmené fin de l’année passée en Israël. Apartheid encore. Mais tout ceci n’a pas empêché cet énorme événement qu’a été en 2001 la conférence de Durban, où toutes les ONG du monde venues pour parler de la misère, du racisme, de la faim dans le monde, de l’esclavage se sont trouvées d’accord pour constater qu’il n’y avait plus qu’une victime intéressante au monde : la victime palestinienne et qu’un criminel digne d’intérêt, le criminel sioniste, qu’une idéologie à combattre de toutes ses forces : le sionisme. Ce qui fut confirmé à Durban II où ce grand progressiste et démocrate Ahmanidejad a appelé à la disparition d’Israël. La conférence de Durban III a lieu demain. Convaincus que cette rencontre sera une fois encore transformée en foire anti-israélienne et, surtout, antisémite, l’Australie, les États-Unis, le Canada, l’Angleterre, la France la Hollande, l'Allemagne, l’Italie, la Tchequie ont renoncés à y participer. Je souhaiterais, Monsieur le Premier ministre et c’est ma première demande que la Belgique y renonce également.
L'opposition à Israël apparaît aujourd'hui comme la politique (étrangère) du moindre mal, le plus petit dénominateur commun, l'élément fédérateur.
Israël -l'un des plus petits États de la planète- constituerait la principale menace pour la paix du monde puisqu’il a recueillit 80% des condamnations du conseil de sécurité aux Nations Unies.
Mes critiques seraient-elles injustes mais comment expliquer sinon que le seul accord qui ait jamais été dénoncé par la région bruxelloise ait été celui conclu avec l'État d'Israël, une suspension absurde et pénalisante d'abord pour la Belgique puisqu'elle empêche mon université de dialoguer avec ses consœurs israéliennes.
Aucune suspension n'a jamais été envisagée en ce qui concerne d'autres pays bien moins respectueux des droits de l'homme.
Finalement pourquoi cet attachement à Israël.
En effet, jusqu’à la Shoah, le Sionisme était assurément minoritaire parmi les juifs désireux avant tout de s’intégrer dans les pays qui les avaient fort heureusement accueillis. Ainsi, je ne remercierai jamais assez la Belgique d’avoir accueillis mes parents. Partout les juifs ont joué le jeu de l’intégration voire de l’assimilation, ce qui ne fut pas compris par, au départ, une poignée d’extrémistes allemands qui en l’espace de quelques années sont parvenus à exterminer 2/3 des juifs européens. Quant au monde arabe, il est pratiquement vidé de toute présence juive. De 900000 juifs, il n’en reste plus que 8000 aujourd’hui. Ce rétrécissement de la diaspora qui s’est opéré malgré NOUS et nos efforts d’intégration explique sans le moindre doute selon le Prof Joel Kotek de l’ULB, notre attachement à Israël.
Notre attachement à Israël grandit au fur et à mesure de notre sentiment, de notre ressenti d'abandon qui ne nous est pas propre.
D'autres Belges partagent ce sentiment. Ainsi des Belges d'origine arménienne qui, tout comme les Juifs, ont l'impression d'être sacrifié à l'autel d'enjeux purement communautaristes.
Au nom du mieux vivre ensemble faudra-t-il en venir à ne plus jamais oser évoquer le génocide des Arméniens.
Au nom du mieux vivre ensemble faudra-t-il condamner l'homosexualité, remettre en question le darwinisme et revenir sur l'égalité homme femmes ?
La mission des politiques et des médias est d’éduquer le citoyen contre les idées reçues et non soutenir des propos démagogiques.
Cette tentation est par trop présente aujourd'hui au sein de nos élites pour ne pas l'évoquer ici, en toute amitié, mais non sans inquiétude.
Il faut penser le «multiculturalisme » en terme de progrès, d'accompagnement et, certainement pas, de régression. Le véritable défi est celui de réussir une société plurielle, multiculturelle, multiethnique sur un socle de valeurs communes, universelles, fondé sur la notion absolue d'égalité et ce, indépendamment de toute considération ethnique, religieuse, de sexe et de genre.
En d’autres termes, si certains réclament aujourd’hui le droit à la différence, moi je demande le droit à l’indifférence. .
Les représentants des différentes églises de Belgique que je remercie de leur présence ce soir ont je le sais, la même détermination. Le dialogue judéo-chrétien un peu évanescent ces dernières années doit être repris au-delà de la spiritualité.
Les représentants des différentes églises de Belgique que je remercie de leur présence ce soir ont je le sais, la même détermination. Le dialogue judéo-chrétien un peu évanescent ces dernières années doit être repris.
Voltaire a dit c’est parce que le passé nous retient et que le futur nous effraye que le présent nous échappe.
Car un tel projet de société nécessite courage et détermination. Il ne saurait passer par l'abandon des valeurs fondatrices de la civilisation européenne au nom d'intérêts électoraux bien compris.
Soyez sûr que les Juifs de Belgique vous aideront à construire cette Belgique ouverte, sociale et fraternelle. Depuis leur émancipation, les Juifs ont toujours été du côté de l'universel et des lumières. En Belgique comme ailleurs.
J’en veux pour preuve les noms attribués à vos tables. Qu’ils aient été médecin, industriel, banquier, artiste, ingénieur, avocat, Prix Nobel tous ont contribué à l’éclat de la Belgique. Se limiter à 25 personnalités juives belges n’a pas été tâche facile pour Madame Wiener que je remercie ici pour son remarquable travail.
Le peuple juif n’est pas venu sur terre, pour lutter contre l’antisémitisme disait Yehuda Magnes, mais pour transmettre un message singulier à l’humanité entière.
Ce message quel est-il ?
Je n’ai pas la réponse. Mais j’aime ce qu’en dit J. Attali : Parce qu’il est heureux mais inquiet, le peuple juif est aux aguets. Ainsi, a-t-il toujours été à l’avant-garde scientifique, culturelle, politique. Celui qui devine les problèmes avant les autres. Comme l’ont montré Einstein, Freud, Léon Blum, Proust, Rosa Luxembourg ou Anna Arendt, pour les juifs, le progrès est une bonne chose. Chercher, trouver, avancer, inventer est la condition de l’espèce humaine. L’esprit domine la matière, l’intelligence vainc la force.
Mais si aujourd’hui nous sommes aux aguets c’est parce que nous sommes plus inquiets qu’heureux. Oui, il fait toujours bon vivre comme juif en Belgique mais pour combien de temps si l'on continue la politique de l'autruche.
Comment ne pas être inquiet quand le journal de Solvay, se voulant sarcastique sur les religions, autorise la publication d’une phrase suggérant aux futurs étudiants juifs de Solvay de passer par les fours polonais avant de s’inscrire et d’organiser un baptême étudiant à la gloire du Nazisme.
Dans cette tourmente, j’ai eu la chance de rencontrer un Monsieur, le Bâtonnier Edouard Jackhian, véritable humaniste pour qui les legs moraux des fondateurs de l’ULB ne pouvaient supporter tel affront. Pour lui les mots valeurs, humanisme, éthique, morale, ont encore une signification. Merci Edouard pour votre soutien. Je sais notre nouveau Recteur très perturbé par l’image ternie de notre Université. Monsieur Viviers, nous nous sommes rencontrés plusieurs fois, et j’ai senti votre désir de reprendre les choses en main. Car vous aussi, vous êtes sensible à la préservation des valeurs humanistes de notre Université et à ne pas accepter l’inacceptable. Aux échecs, je dirais que vous avez repris une position difficile, je vous souhaite surtout de ne pas trouver la position Pat. Je vous fais confiance Didiers.
Malgré tout ce que je viens de dire, sachez, que je ne partage nullement l'idée que mon Université ou la Belgique serait devenus antisémite.
L'heure n'est pas à stigmatiser celui-ci ou celui-là mais d'en appeler à la responsabilité et au courage politique. La priorité est, à l’éducation, à l’enseignement.
Le mieux vivre ensemble commence par l’apprentissage du respect de l’autre. Depuis le début de mon mandat, je soutiens cette merveilleuse initiative du CCLJ, la haine je dis non. L’équipe d’Ina Van Looy va dans les écoles à la rencontre des enfants musulman notamment afin de leur expliquer ce qu’est un juif, et invite des classes entières à des ateliers à la découverte de l’autre. Fascinant.
Dans le même ordre d’idée, je pense que l’enseignement des religions devrait être obligatoire. Ainsi le chrétien devrait connaître les bases des religions musulmane et juive. Et réciproquement pour le musulman et le juif. Que ce soit dans l’enseignement public ou privé. Beaucoup trop de problèmes surviennent à cause de la méconnaissance de l’autre.
J’en viens ainsi à ma deuxième requête qui concerne la cellule de veille contre l’antisémitisme. Avec mes collègues du Forum et du consistoire nous avons été lassés par l’inutilité de nos réunions.
Les représentants des différents ministères souvent absents, nos plaintes sur tel ou tel incident antisémite restant sans suite, nous avons demandé et obtenu rapidement un rdv chez Madame la Ministre Milquet en présence de tous les représentants des ministres de tutelle.
Notre proposition est simple : Afin de préserver son indépendance et ainsi améliorer son efficience, nous demandons que cette cellule dépende directement du Premier Ministre.
Et puis, il, y a ce mot amnistie, Ce mot qui revient périodiquement à la une de nos quotidiens. Ce mot infâme, indigne à la mémoire aussi bien des juifs que des non juifs, des résistants et de tous les justes que ce pays a compté.
A ce propos, on se souvient des conclusions accablantes du rapport CEGES qui soulignait la docilité -pour ne pas dire plus- des institutions belges. L'idée n'est pas d'imposer à la Belgique un exercice de repentance mais tout simplement de tirer, enfin, toutes les leçons de la Shoah. Pourtant, jusqu'à ce jour il est bien moins question de repentance que d'amnistie ! Or, rien ne nous paraît plus dangereux que l'amnésie-amnistie. George Santayana a écrit « Ceux qui oublient le passé se condamnent à le répéter ». Alors que la Belgique sera cette année à la tête de la Task force internationale sur la Shoah, j’appelle de mes vœux que le Sénat se penche enfin comme cela avait été originellement prévu sur l’étude du CEGES et qu’à leur tour les élus de la nation, reconnaissent d’une part les responsabilités et d’autre part soutiennent des propositions pour supprimer les injustices qui frappent certaines victimes civiles en assouplissant les conditions liées à l’acquisition de la nationalité belge.
Tout ceci a été dit, en délégation, au ministre de la justice. Je pense et espère qu’il nous aura entendu.
N’oublions pas que la paix que nous connaissons aujourd'hui en Europe n'est pas le fruit du hasard. Elle s'explique non par le refus mais par l'acception de l’histoire.
Monsieur le premier ministre, si je me permets de vous présenter ces revendications claires et franches c’est certainement aussi parce que je m’inscris dans une histoire. Le CCOJB a 40 ans. Dans la tradition juive nous disons que c’est à quarante ans que l’on comprend les choses en profondeur, que c’est l’âge du discernement. Nous y sommes. Je salue la contribution des anciens présidents présents dans la salle (L. Perez, P. Mark, V. Teit) et les en remercie. J’ai une pensée particulière pour David Susskind qui doit faire face à de graves problèmes de santé, lui qui avec Markus Pardes et Maurice Pioro, a créé le CCOJB et une pensée émue pour mon beau-frêre Joseph Wybran assassiné il y a plus de 20 ans alors qu’il était Président du CCOJB. Ce meurtre est resté non élucidé et impuni, du moins en Belgique. Mais nous continuerons notre lutte jusqu’à ce que justice soit rendue.
Certains parmi mes prédécesseurs ont déjà reçu certains de vos prédécesseurs. Ce dialogue riche, respectueux et franc existe depuis de nombreuses années. Il reste essentiel. Certes en 40 ans la Belgique a beaucoup évolué mais notre institution reste un interlocuteur privilégié représentant notre communauté auprès des instances politiques.
Ensemble nous avons parcouru un long chemin et j’espère que ce soir les réponses que vous nous donnerez s’inscriront dans cette relation de confiance dont nous sommes vous et moi les héritiers ».
Photo : D.R.