Dans une tribune du Monde, l’écrivain, Olivier Rolin, et l’éditeur Olivier Rubinstein (Denoël), rappellent d’emblée que « le boycottage, au-delà des faux-semblants, est un appel à la négation pure et simple d'une identité, d'un Etat dont l'existence ne cesse d'être remise en question ». Ils s’étonnent du « silence assourdissant » des écrivains et éditeurs français qui participent au Salon du Livre de Paris : « Pas un mot, pas une ligne pour souligner que cette manifestation offre justement la possibilité de se parler par-delà les pesanteurs diplomatiques habituelles, (…) pour dire la formidable opportunité que nous donne cette manifestation pour découvrir, échanger, polémiquer, voire comprendre, (…) pour rappeler que ce ne sont pas des représentants officiels d'un Etat qui sont invités, mais des écrivains ! »
Olivier Rolin et Olivier Rubinstein regrettent l’attitude des écrivains arabes qui appellent à ce boycott et estiment qu’ils ont « l’indignation sélective » : « nous aurions aimé entendre, par exemple, l'écrivain égyptien Alaa El Aswany nous donner son sentiment sur les centaines de milliers de Darfouris assassinés sur le territoire d'un pays voisin du sien, le Soudan, dont nombre de survivants, comble de l'ironie, se réfugient en Israël après avoir été traités comme du bétail humain par l'Egypte ! »
« On a tout à fait le droit de critiquer la politique du gouvernement israélien, nombre d'auteurs de ce pays n'ont pas attendu les contempteurs habituels, c'est même un sport national et c'est plutôt la preuve d'une vigueur démocratique assez rare dans la région », insistent-ils en saluant « la présence de leurs confrères arabes qui bravent courageusement les menaces ».
« Nous serons ravis, demain, nous l'espérons, de participer à un Salon du livre où l'Etat palestinien, libre et démocratique, sera l'invité d'honneur de la France, où toutes les sensibilités littéraires et intellectuelles de ce pays en devenir seront représentées et pourront s'exprimer en toute liberté », concluent-ils.